Comme Emsi le mentionne, cette facon de parler provient du fait que les gens qui sont nés et qui ont grandi à Montréal sont soit bilingues ou baignent dans un milieu bilingue.
C'est de la facon qu'on parle ici. Le milieu du hip-hop québécois étant fortement, mais pas uniquement, influencé par Montréal, il est normal que ces artistes, le plus souvent en grandissant, en emménageant ou en côtoyant régulièrement Montréal et ses habitants, utilisent cette facon de parler. Quand Loud Lary Adjust, Dead Obies ou Alaclair (je sais qu'ils viennent de Québec) sont devenu connus du grand public, il n'y avait rien d'étonnant dans leur façon d'écrire leurs textes: c'est comme ca qu'on parle dans la vie de tous les jours ici, et ce depuis une bonne vingtaine d'années je dirais. On les comprend à 100% leurs paroles parce qu'on a grandi là-dedans. Cette génération, ayant maintenant un micro pour s'exprimer, a donc plus d'influence et de visibilité. Mais il n'y absolument rien qui a changé. Ce n'est pas une mode ou quoi que ce soit du genre. J'ose croire qu'il va y avoir un retour du balancier éventuellement, mais ce n'est pas prêt de disparaitre.
Ce que je remarque cependant, c'est que y'en a qui abusent. C'est pas normal que la moitié de tes mots sont en anglais et l'autre moitié en français. Le slang montréalais se résume bien souvent à utiliser le verbe de la phrase en anglais, un bout d'expression (qui sortirait en anglais plus naturellement ou par reflexe), ou au gros maximum, une combinaison des deux.
Des interventions comme celle que j'ai vu plus haut de Sofia Nolin, ca fait fake et wannabe en sacrament. Comme si elle voulait démontrer qu'elle maitrise aussi bien le français que l'anglais.
Exemple: "Ok mon chum, on se check (on se donne des nouvelles), à demain!: ACCEPTÉ
"Ok mon chum, on se check, à tomorrow: REFUSÉ. Le tomorrow est clairement de trop (pour ne pas dire too much).
Je rajouterais même qu'une certaine partie de la population montréalaise mélange aussi bien l'anglais que le français international et le verlan. Exemple tout à fait réaliste: "Refile moi un peu de sheca (aka le cashmoney de Emsi), j'men vais me get une beer." (En passant, on ne pourrait pas dire "je vais me getter une beer, on ne peut pas accorder get, comme j'ai vu plus haut les amis.)
Et pour ceux qui trouvent ca révoltant: Eh bien vous auriez dû vous battre et vous impliquer plus fort pour la réussir l'indépendance. C'était écrit dans le ciel que c'est ce qui allait se passer avec notre langue si on perdait ces référendums. C'était même un des enjeux principal de cette cause. L'assimilation de la langue, qui est naturelle et qui a fait parti de l'histoire des nations depuis le tout début. Soit que tu gagnes et que tu préserves et peux étendre ta culture, soit tu perds et tu finis par te faire assimiler. Ne pensez pas que le Québec allait être une exception.
Si vous avez d'autres questions sur le slang montréalais (ou ce que vous appelez le franglais), adressez-vous aux vrais professionnels: Emsi ou moi.