Jivre, les dépenses gouvernementales augmentent sans cesse. À un rythme insoutenable à bien des endroits. Des pays en Europe faisaient des déficits de 3 % de leur PIB en plein milieu d'une période de forte croissance dans les années 2000. Tu t'endettes énormément quand tout va bien, tu penses qu'il arrive quoi quand ça va mal ? Des coupures étaient inévitables en Europe, quand bien même cela mène à la récession. C'était un passage obligé. L'Europe a à la base une économie faiblarde due à sa démographie déficiente et ses structures économiques moyennement efficaces selon les pays.
Mais personne ne dit que d'avoir les moyens de ses dépenses est une mauvaise chose. Idéalement, j'irais même plus loin, pour diminuer progressivement la dette en proportion de la croissance. Personne ne s'ostine sur le «quoi» mais sur le «comment».
Si on prend un cas extrême, les dictatures d'Afrique ou d'Haïti, qui se font prêter des centaines de millions qui sont détournés par la clique au pouvoir. Cet argent existe dans des comptes en quelque part. Mais on va demander aux populations de se serrer la ceinture. Tu vois bien que le raisonnement : «la dette publique ne fait qu'augmenter, les déficits s'accumulent, il faut donc de l'austérité» ne fonctionne pas (à moins que?). J'aimerais bien, d'ailleurs, que tu me dises ce que tu penses de cet exemple en particulier.
Ici au Québec, le PIB a augmenté de 25 % depuis 2006 mais les dépenses de l'État ont augmenté de 33 %. Il n'y en a pas d'austérité ici.
C'est un faux raisonnement. L'était pourrait bien dépenser 20 milliards dans une sculpture géante d'éléphant en or qui n'emploie que des travailleurs étrangers payant impôts et consommant chez eux, ça augmenterait les dépenses sans agir sur le pouvoir d'achat des gens normaux.
On parle seulement d'un ralentissement du rythme de croissance. L'État représente encore près de la moitié du PIB, ce qui est énorme. Arrêtons de se faire charrier par les syndicats et autres groupes de pressions qui vivent au crochet de l'État. Les dépenses du gouvernement augmentent toujours. Le tout au moment où la population active de la province commence à diminué due au vieillissement.
On vit tous au crochet les uns des autres. C'est ça une société. C'est comme de la fibre de feutre, toute entremêlé. Entre la travailleuse sociale qui travaille 50 heures mais qui en est payée 22, qui ramasse les junkie dans la rue, et le propriétaire de bar de danseuses qui roule sur l'or en engageant des filles sans se soucier si elles sont à jeun et qui profite de leur dépendance, jusqu'à ce qu'elles soient trop finies et qu'elles se ramassent dans la rue, qui vit au crochet de qui???
Réponse s.v.p.
C'est deux personnages imaginaires (mais inspirés de vrai monde), mais je voudrais vraiment savoir où que tu te situes, au delà des lieux communs à la radio X.
Parce que la travailleuse sociale, elle va marcher dans la rue contre Couillard, et, même si elle travaille plus qu'il y a 7 ans et qu'elle a fini de payer ses dettes d'université, elle déménage sa famille dans un immeuble plus petit. Elle dépense moins, dans les épiceries, les boutiques, les restos, ça fait moins de revenus pour le commerce (tu connais le principe de l'effet multiplicateur) donc des boutiques qui survivaient sur des marges minuscules qui doivent fermer, ce qui entraîne à leur tour moins de passants, et moins d'occasions de vente pour leurs voisins, etc. Plus de chômage, etc.
Tandis que le propriétaire de bar de danseuses et producteur de porn, il a fait assez d'argent pour se faire construire des tours à vieux et des condos de luxe à Laval qui contreviennent aux règlement municipaux et provinciaux sur les berges (on se demande bien comment il a pu faire), terrains qu'il a obtenu de la ville pour une bouchée de pain.
«Austérité»... «Vivre aux crochets de l'État»... Repense à ton affaire et explique moi ta pensée en prenant appui sur ces deux personnages.
On paye 10,6 milliards en intérêt sur la dette cette année Jivre, c'est autant d'argent qu'on ne peut pas dépenser en Santé, en Éducation, etc. C'est énorme. Le tout en période de bas taux d'intérêt historique. Est-ce qu'on peut casser ce cycle de payer pour la consommation passée, de pelleter par en avant ?
Oui, et d'ailleurs on est d'accord là-dessus.
Tu fais vraiment comme le gars qui dit «tu veux qu'on traverse la rivière?» «oui?» «donc faisons un tunnel». Alors que les gens disent plutôt, et si on y allait en barque? À la nage? Si on faisait un pont? «Bien là, tu veux traverser la rivière, oui ou non? Donc, un tunnel».
Le fait que personne n'ait chialé contre les mesures affectant le secteur financier, même les principaux intéressés (du moins ouvertement), ça ne te sonne pas des cloches?
C'est sûr que le plus facile et le plus le fun serait d'avoir une forte croissance économique autonome qui gonflerait les revenus de l'État. Mais à cause de notre démographie et aussi de notre opposition à un tas de projets, on ne peut pas compter sur ça. Une chance qu'on vit sur un continent dynamique et que nos voisins américains passent à la vitesse supérieurs. Ça va aider nos exportations.
C'est la même chose avec notre opposition à un tas de projet. Si c'est des projets de marde qui sont sur la table, normal que les gens s'y opposent. Les gens ne s'opposent pas par principe. Les mines, et même le pétrole et le gaz, ne sont pas frappés d'un interdit absolu. Mais le modèle qui suscite le plus d'opposition, c'est celui qui privatise les bénéfices et qui socialise les pertes.
Si les gros big shots des industries minières et gazières ne comprennent rien de l'opinion au Québec et qu'ils préfèrent se détourner du coin pour ne pas pogner des maux de têtes, c'est parce qu'ils ont fait affaire avec des ti-clins, des yesman qui n'avaient aucune vision. On peut chialer contre Martine Ouelett, mais s'il y a une seule personne qui avait la clé de l'acceptabilité sociale envers l'exploitation des ressources du Québec, c'était bien elle. En fonctionnant comme du monde, il y aurait de la job durable et structurante pour les économies locales, première et deuxième transformation si possibles, retombés multiples, une part à l'État qui ferait des revenus sans piger dans la poche des gens, et des occasions d'affaires profitables aussi pour le secteur privé. On a juste pas le modèle «western gold rush», mais ça ne veut pas dire qu'on s'oppose à tout. Et pis là je parle pour la majorité du monde. Moi personnellement je serais plus écologiste que ça.