C'est de ce genre de chose que j'aimerais qu'on soit plus conscient à gauche. Par contre, faudrait pas utiliser ça non plus (je ne dis pas que tu le fais), pour nier toute forme de racisme non plus.
Et c'est justement pour faire cette nuance que bon nombre de québécois ont de la misère avec le terme racisme systémique. Comme "culture du viol" et "islamophobie", on dirait que ces termes ont été créés exprès pour être élastiques, provocateurs et polariser la population.
J'ai de la misère avec cette vision des choses.
Le racisme, le consentement non respecté et la xénophobie envers les arabes ne sont pas des inventions quand même. Il faut quand même bien être capable de nommer les choses.
On dit la même chose alors. Dans l'essentiel.
J'ai l'impression que les gens plus conservateurs s'appuient sur le le moindre floue qui peut entouré ces termes (parce que forcément il y en a car ce sont des choses très difficile à quantifier), pour les discréditer.
Ce que tu dis ici est vrai également. Mais ça ne me concerne pas. La xénophobie contre les musulmans existe, et il faut la combattre. Pour plusieurs, on l'appelle "islamophobie", et c'est sa définition officielle, pour des projets de loi, etc. Mais pour plusieurs autres personnes, extrémistes des deux camps (islamistes et islamophobes), et également pour l'étymologie du mot, «islamophobie» signifie être contre l'islam, contre les préceptes et les "vérités" de l'islam.
Le mot est confus dans son essence même, et ce flou est utilisé par les deux pôles, tu vois ce que je veux dire? Les centristes disent que l'islamophobie est un rejet et une discrimination contre les musulmans, contre la personne humaine sous prétexte de ses croyances. On pourrait dire «anti-musulman», et ça serait super clair.
Mais les islamistes disent que tout ce qui critique l'islam est islamophobe, même des gens qui sont eux-mêmes issus d'une culture musulmane et qui sont simplement contre le dogme. À l'opposé, bien des gens qui sont simplement anti-cléricaux ont commencé à se définir eux-mêmes comme islamophobes, selon ce sens-là, alors qu'ils ne sont pas contre les personnes musulmanes mais contre leur idéologie (comme on dirait anti-capitaliste). Et à travers tout ça, il y a les vrais islamophobes, réellement anti-musulmans et xénophobes, qui reprennent à leur compte ce discours pour se booster. Donc, les gens au centre se font instrumentaliser par les deux polarités extrêmes, soit en imaginant qu'il y a bien plus d'islamophobes anti-musulmans qu'en réalité, soit en interprétant tous les discours et les politiques raisonnables contre la discrimination comme si c'était autant de caprices d'intégrites. Tout ça pour un mot mal choisi.
«Anti-musulman» aurait fait la distinction facilement.
"Racisme" ou "discrimination systémique", étymologiquement, ça voudrait dire un racisme ou une discrimination érigée en système. Donc, dans un système, il y a des inputs et des outputs, eh bien ca voudrait dire que le racisme est inclut dans les inputs, dans la commande elle-même.
Je ne te fais pas la différence entre racisme et discrimination.
Mais le concept sur lequel tout le monde pourrait s'entendre, c'est au sujet d'un système qui a des effets discriminatoires sur des personnes. Le système n'est pas raciste en lui-même, dans ses inputs (ses causes), mais à cause de facteurs externes, de traditions, d'une culture, des jeux d'affinités, ou même géographiques (petits villages versus grandes villes), etc. il a plein de répercutions inégales et discriminatoires. Même si le sysèeme est juste sur papier et dans ses inputs. On peut et on doit essayer de résorber ces différences pour viser plus d'équitabilité. Tout le monde ou presque pourrait s'entendre là-dessus.
Mais en utilisant des mots comme «racisme systémique», ça veut dire textuellement que le racisme, l'idéologie fondée sur le suprémacisme racial, est érigé en système au Québec, dans les grandes sociétés, au sein de l'État et dans la rue. C'est aussi un mot fourre-tout qui permet justement à des militants d'inclure des notions comme «l'intention ne compte pas», inverser le sens de l'inférence statistique, et ce genre de choses.
Je comprend très bien le problème avec les conservateurs qui utilisent la difficulté de détecter certains trucs pour essayer d'invaider des concepts. Comme tout ce qui est prévention : c'est difficile à mesurer précisément, mais le concept est clair et on SAIT que c'est plus payant de prévenir que de punir / guérir.
Mais au moins le concept est clair. Dans les exemples que je donne, le concept n'est même pas clair et pas bien nommé. C'est une free pass pour des conflits interminables et des malentendus vraiment difficile à défaire, parce que ça nourrit les extrêmes
Quelqu'un vit subit le racisme systémique ou la discrimination systémique (cette expression semble moins choquer) depuis des années, n'en a rien à faire que ça peut être perçu comme provocateur ou polarisant. Ceux qui s'y opposent vivement ont quand même une part de responsabilité dans cette polarisation.
Tsé c'est comme si dans les années 60-70 on aurait accusé le mouvement féministe de vouloir polariser la société avec un concept provocateur.
Je comprend très bien ce que tu dis, mais ce n'est pas de ça que je parle. Avec de bons concepts et de bonnes définitions, on pourrait combattre le racisme, les injustices, la discrimination, etc. et il y en auraient quand même qui s'opposeraient à cela, pour conserver leurs privilèges ou simplement par peur du changement, mais on les tasserait plus facilement. Là ils sont mélangés avec des gens comme moi, Madchuck, Cinéphile et sérieux, pas loin de la majorité de la population qui n'est PAS conservatrice et qui est prête à du changement social, si c'est rationnel.