Je démarre ce sujet, parce que je trouve absurde le fait que le sujet sur les manifestations étudiantes se soit transformé en sujet sur le viol.
Aussi, c'est un sujet important et un problème majeur qui mérite son propre fil de discussion.
Cela dit, personnellement, je déteste l'expression "culture du viol". Je ne la trouve pas appropriée pour représenter ce qu'elle est supposée décrire. L'utilisation du mot "culture" présuppose que ce phénomène relève de quelque chose d'enseigné et d'acquis, ce qui me semble être le contraire de la réalité. Ce rapport avec la sexualité, bien qu'inacceptable et contre-productif s'adresse à nos plus bas instincts et contrairement à la vision clairement faussée que Simone semble en avoir, il est fort probablement en lente régression plutôt qu'en recrudescence, car lutter contre sa présence, même si entièrement souhaitable et essentiel, se résume à combattre notre nature.
Je ne suis pas biologiste, historien, ni anthropologue, mais selon moi, la "culture du viol" est prédominante dans le monde animal et précède, j'en suis persuadé, l'arrivée des civilisations humaines. Un de mes professeurs de philosophie au cégep disait que le moment-clé dans la séparation de l'humain avec l'animal et le début de l'évolution sociale n'avait pas débuté avec l'arrivée de l'agriculture ni avec l'invention de l'écriture, mais bien avec l'interdiction de l'inceste. Le malaise entourant le viol et l'établissement d'un tabou à son sujet a dû arriver bien plus tard, logiquement.
Je ne dis pas que tous les hommes sont des violeurs en puissance et que toutes les femmes sont destinées à être des victimes. Je dis exactement le contraire. Mais je crois cependant que ce phénomène n'en est pas un de culture. C'est plutôt quelque chose d'inné en nous qu'il faut combattre constamment si on veut faire fonctionner la société que l'on s'est créée.
Aussi, je ne parle pas pour moi. Je suis une des personnes les moins instinctives sur terre. Je crois sincèrement que le fait que j'ai perdu ma virginité si tard et que je me retrouve célibataire à 37 ans est dû en grande partie au fait que je possède moins que mes confrères humains cette capacité à prendre ma place dans la tribu. Je ne serais définitivement pas un mâle alpha à une époque préhistorique. Ce n,est pas une mauvaise chose, mais cela évoque pour moi le fait que l'humain n'est jamais très loin de ses instincts animaux.
Un point intéressant dans le discours de Simone est lorsqu'elle dit que le genre d'attaque lié à ceci "est loin d'être l'apanage des hommes". Les femmes, sans s'en rendre compte, perpétuent également cette "culture". Je ne jouerai pas la game de "elle s'habille comme une slut, elle mérite de se faire violer". Je considère que c'est faible de s'en prendre aux victimes dans une situation et que le coupable est toujours, toujours celui qui commet le crime, peu importe le contexte. Là n'est pas mon point, je tiens à le préciser avant que cela ne dérape. Mais le désir de se faire enlever par un bel homme sur un fougueux destrier blanc est assez répandu. Bien sûr, les femmes ne veulent pas se faire violer. Elles exigent, comme il se doit, de consentir à un rapport sexuel ou à un rapprochement avant d'être impliqué. Cela dit, selon ce que j'ai pu constater, elles s'attendent à ne pas avoir besoin de manifester ce consentement. L'être désiré doit s'en rendre compte par lui-même et non seulement faire les premiers pas, mais prendre le contrôle de la situation. La culture du viol facilite malheureusement ce type de rapprochement. Quand l'homme a un bon jugement, il n'y a pas de problème. Il devine que la fille est intéressée, prend les devants, ils se marient, vivent heureux et font beaucoup d'enfants. Mais pas tout le monde est doté d'un bon jugement. Des deux côtés. Et c'est là que ça dégénère.
Aussi, selon moi, si Simone croit faussement que cette "culture" est en recrudescence, c'est parce que les rapports entre hommes et femmes ont beaucoup changé en un siècle. Il y a moins de 100 ans, dans plusieurs pays occidentaux (dont le nôtre), les femmes n'avaient pas le droit de vote, ne pouvaient pas travailler ou étudier dans des domaines réservés aux hommes. Un homme n'avait qu'à demander la main au père de sa bien-aimée pour avoir le droit de l'ensemencer et de passer sa vie avec elle. Nos codes sociaux n'ont juste pas été assez rapides à évoluer pour suivre tous ces changements. Dans un vieux Larousse du début du XXe siècle chez mes parents, la définition du mot "femme" est "compagne de l'homme".
Si ça se trouve, c'est remarquable à quel point cette "culture du viol" n'est pas plus répandue.
Et c'est pourquoi il faut continuer à décrier ce phénomène et à blâmer ceux qui le perpétuent. Mais commençons par mieux le comprendre si on veut pouvoir le combattre.