Pour ceux qui aiment des films à la Dogville ou Mother!
De la réalisatrice torontoise Sarah Polley - parcours amusant c'est elle qui jouait la petite Sally dans
The Adventures of Baron Munchausen (1988) il y a 35 ans et qui a réalisé l'excellent documentaire
Stories We Tell (2012) dans laquelle elle explore les secrets de sa famille incluant ses propres origines -
Women Talking (2022) raconte la réaction de femmes vivant dans une communauté mennonisme isolée lorsqu'elles comprennent qu'elles se font systématiquement violées durant leur sommeil (basée sur une histoire vraie survenue au Manitoba). Ne sachant ni lire, ni écrire, elles s'organisent tout de même pour décider collectivement de leur avenir. Le film est une longue discussion philosophique - qui s'appuient en bonne partie sur la religion, mais on comprend vite que chacune des femmes questionne sa foi à divers degrés - à savoir si :
1) Elles vont rester dans la colonie et pardonner les hommes (et en revenir au même point)
2) Elles vont rester dans la colonie et se battre (revendiquer plus d'égalité)
2) Elles vont quitter la colonie (emmenant avec elles toutes les filles et les plus jeunes garçons)
Détail qui n'est pas sans importance : un seul homme a été pris sur le fait, mais il a dénoncé les autres hommes du village (et s'il est évidemment permis de douter qu'il était le seul coupable, il aussi est permis de douter que tous les autres le sont; d'ailleurs un homme "bon" accompagne les femmes dans leur cheminement en prenant les notes de la réunion).
Bien que récoltant quelques appuis, la première option est rapidement écartée en raison du plus grand nombre de votes recueillis par les deux autres.
S'ensuit un débat à huit clos ou presque dans une grange où on pèse les pour et les contre de chaque option. C'est vraiment bien balancé. Les dialogues sont très bien écrits et les personnages, la plupart du temps, posés.
Le film est en quelque sorte une allégorie sur le "vivre ensemble". On traite ici des hommes et des femmes, mais on pourrait appliquer les mêmes raisonnements à des Russes et des Ukrainiens, à des lions et des gazelles, voire à une femme battue et son mari (je pardonne / je revendique / je pars).
Elles ont beau ne savoir ni lire ni écrire, on a l'impression qu'on pourrait leur confier tous les problèmes du monde, genre la bande de Gaza on fait quoi avec ça, et elles le résoudraient.