La première fois que j’ai bûche, c’est en 2001, j’avais 19 ans. On est allé coupe du bouleau pour fournir la Mine de Murdochville. On m’a expliquer à l’époque que la mine utilisait les bouleaux pour les tremper dans les cuves d’acides. Les bulles créer par la réaction chimique permettait de nettoyer la croûte qui se forme à la surface.
On est parti à 5:00 du matin dans un vieux van GMC diesel qui avait au moins la radio FM. Ça bien monté ( ou descendu) on a fait un pit-stop à Matane pour reprendre du fuel. Après, on a continué jusqu’à ste-Anne-des-monts afin d’attendre Gratien et son helper. J’ai déjà parlé de Gratien dans un post sur les photos de Corgi, il y a longtemps de ça. De mémoire, il y avait pas encore le tim-Horton pour attendre ça fait qu’on est allé sur le quai. Quand on s’est rendu compte que Gratien arrivait pas, on a décidé d’aller le rejoindre chez lui, à Cap-Seize. Il était chez eux avec Picket, son Sonama partait pas et son gars était parti avec la Tercel.
On est venu à bout de partir le pick-up pis on est redescendu à St-Anne avant de s’engager dans les baies montagneuses des villages de Marsoui, mont-St-Pierre, etc. Je me rappelle que Le Soleil petait assez solidement sur la mer. On disait allo à tout le monde qui était sur le balcon et ça ils nous répondaient tous, à grand coup de sourire et de signe de main.
A l’anse pleureuse, on est rentré dans les terres et notre petit convois de misère s’est avancé dans les montagnes des Appalaches. On était pas pressé, on montait en paresse, ça fait qu’on est arrivé pour le souper. On est aller manger à l’hôtel et on a décidé de se trouver un spot pour dormir, dans le quartier industriel tout delabré. On a fait un de dans un vieux baril et bu pas mal de bière. Picket marmonnait sa vie et j’essayais de me faire une tête sur ce qu’il disait. Picket, vous l’aurez deviné, c’est pas son vrai nom, mais comme ben du monde dans l’bout, il avait son surnom. J’essayais de deviner si son surnom venait du fait qu’il pesait 125 lbs ou du fait que ses dents était juste des chicots qui ressemblait à des Picket de clôture.
Anyway.
Le lendemain est venu vite et on est parti dans la grande craque chercher les arbres après avoir déjeuner. J’ai fait la gaffe de prendre un déjeuner de bûcheron qui était beaucoup trop gros pour travailler ensuite, ça fait que j’ai eu mal au ventre tout l’avant-midi. Ti-boutebest venu avec son 10 roue pour embarquer le bois, comme il avait oublié d’enlever le Jacob, on a avertir tout le monde qu’on partait.
On a coupé 400 bouleaux qu’on a ensuite mis dans la benne du truck. Picket s’est donné un coup de crochet à bois dans la jambe quand le crochet a glissé sur un bouleau trop dur et il a lâché un méchant cries avant de sacrer pendant 20 minutes. Picket était peut être pas le plus allumé mais il a réussis à sacrer pendant 20 minutes sans répéter des combinaisons de sacres. Je me suis fait mordre par des barbeaux (longicorne) pendant que je riais de Picket. Quand il s’est calmé, on a realise qu’il était assez trouées, ça fait qu’on s’est dépêché de compléter le voyage de bois avant de revenir au village.
Tandis qu’on attends au CLSC, Gratien me raconte ses prouesses homme fort. Dans sa jeunesses, il pouvait lever un érable de 2 pieds de diamètre et de 20 pieds de long avant de le lancer à 50 pieds d’ici. Je fais semblant d’être surpris. Major, qui passe par la pour venir voir ce qui se passe en relance et dit qu’il peut lancer le billot avec la remorque. Gratien est offusqué et répond qu’il lance le billot, la remorque et le tracteur en plus. J’essaie d’embarquer dans la game et je dis que ça sert à rien d’avoir un tracteur puisque je dis que j’ai juste à traîner la remorque par moi même. Les deux hommes me regarde en me disant que c’est impossible, que c’est pas un jeu. Picket arrive pour détendre la situation.
On va livrer le bois, pendant que le gars compte, Gratien de flexe les bras. Tout est beau, on s’en retourne à Cap-Seize porter l’équipe locale, en prenant le temps d’arrêter à la poissenerie pour acheter de la morue salé. Ils nous offrent à boire à partir de notre caisse de bière et on est trop polie pour refuser. Picket me raconte que le soir, il descend à st-Anne en vélo et remonte Ici quand le bar ferme. Philosophe, il m’explique la vie est ben faite quand tu vis dans les montagnes parce que quand tu descend, tu es à jeun mais quand tu remonte, tu es paqueté, pis ça fait que tu te rappelle pas le lendemain matin que tu as souffert pour revenir ici. Gratien raconte ses histoires de bûcherons. La fois que la roue de sa remorque travaillait fort pour le passer en descendant la cote parce qu’il avait oublié de la serrer. Ou la fois ou la remorque avit continuer tout droit dans le croche parce que la barrure de la main du trailer s’était brisé, sa roulotte avec un poêle à bois qui avait perdu sa cheminé sous un pont tandis qu’il s’en allait à Charlottetown ( bien prononcer charle-le-te-town)
Le feu s’éteint pour moi quand je tombe endormi dans ma chaise parapluie.
Le matin on repart parce que je dois retourner à l’école le lundi. Le Soleil plombe sur le truck et la morue empeste le truck. J’arrive 10 heures plus tard, sentant la sueur, le poisson, la fume de feu, la fume 2 temps et je dis : ouain, ben, c’est ça.