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Forum => Arts => Cinéma et télévision => Discussion démarrée par: Cinéphile IV le mai 27, 2021, 11:00:02 pm

Titre: The Donna Problem
Posté par: Cinéphile IV le mai 27, 2021, 11:00:02 pm
J'ai récemment mis la main sur la série The West Wing pour une bouchée de pain.

Je ne peux pas dire que je sois en mode binge watching, mais ça avance quand même assez vite. Cette semaine, je suis tombé sur un article du Washington Post où l'on parle de "The Donna Problem".

https://www.washingtonpost.com/lifestyle/style/lovestruck-hero-or-creepy-harasser-suddenly-were-seeing-our-favorite-rom-coms-in-a-new-light/2018/02/27/1d3d85d2-06a8-11e8-94e8-e8b8600ade23_story.html

Ceux qui ont suivi la série (les autres, vous aviez 20 ans pour le faire, alors je vais spolier sans ménagement :smiley17:) savent que ça tourne autour d'une dizaine de personnages, dont Donna Moss qui est l'assistante de Josh Lyman, lui-même secrétaire général adjoint de la Maison Blanche.

Sur Wikipedia, on résume "The Donna Problem" en ces mots : The Washington Post focuses on Josh's romantic tension with Donna Moss, Josh's assistant. They go on to say that while Josh and Donna's relationship was perceived as flirtatious and romantic in the time it was released, viewing the show after the Me Too movement shed a negative light on their story. The Post calls it "The Donna Problem" - that society and culture have moved on from what was acceptable, and now shows that are still well-written and produced are relics of that older time. They remark that Josh's behavior as the boss romantically interested in his subordinate is "an example of what we’re currently trying to educate men not to do in the workplace."

Y a donc deux choses à la base là-dedans :

- Le fameux révisionnisme qui veut qu'on ne puisse plus regarder une oeuvre passée autrement qu'à travers des lunettes contemporaines. Vous savez déjà que je ne suis pas un grand fan, je dirais même que quelque part je suis un peu triste pour quiconque n'est pas capable de faire la part des choses, mais ce n'est pas mon plus gros bémol. Tant qu'on ne va pas jusqu'à censurer la série, je peux vivre avec ça.

- La dernière phrase du résumé : "An example of what we’re currently trying to educate men not to do in the workplace". On est tous d'accord qu'avoir des relations avec un(e) subordonné(e) n'est pas la chose à faire. Je vous fais rapidement remarquer qu'on identifie les hommes ici comme étant le problème. La journaliste du Post a beau nommer plusieurs films ou séries problématiques Sixteen Candles (1984), Back to the Future (1985), Ferris Bueller’s Day Off (1986), elle se garde bien de parler de Moonlighting (1985-1989) où la patronne était une femme (Cybill Shepherd) qui entretenait le même genre de relation "flirtatious and romantic" avec son subordonné (Bruce Willis). Et ne perdez pas votre temps à me dire que ça lui a échappé : l'épisode où ils couchent ensemble pour la première fois a été vu à l'époque par 60 millions de personnes et on parle du Washington Post; impossible que ça passe sous le radar.

Ceci dit, son sujet, ce sont les hommes. Elle a choisi The West Wing comme exemple, alors allons-y avec The Donna Problem.

Pour parodier un subreddit populaire, expliquezmoicommesijavaiscinqans :

1) On peut certes se servir de la fiction pour "éduquer", mais imaginez-vous à quel point on va étouffer la création si on doit éradiquer tous les comportements inapropriés? Si chaque réplique ou geste doit être validé par un comité de censure (peut-être pas gouvernemental, mais au sein de l'entreprise que ce soit un studio, une chaîne de télévision ou une maison d'édition)?

2) Dans The West Wing on tente de tuer un Noir sous prétexte qu'il fréquente la fille du président, laquelle est blanche. On parle d'une tentative d'assassinat qui par définition est 412 étages en haut d'un comportement inapproprié entre un homme et une femme au travail. Un coup parti, ce serait bien aussi d'essayer d'éduquer les gens à ne pas tirer sur quelqu'un sous prétexte qu'il n'a pas la même couleur de peau que son conjoint, non? Sauf que des exemples de comportement qui vont du flirt de bureau inapproprié à la tentative d'assassinat, il doit y en avoir une dizaine par émission. Imaginez-vous le casse-tête que ce serait d'écrire une série comme celle-là de nos jours si on va dans le sens de tout ce que cet article dénonce?

3) Later in the series, when Donna is frustrated with her mundane duties — and Josh has asked a male intern, instead of her, to brief the president — she insists to a female colleague that it’s not his fault: “Josh has given me every opportunity to grow in my job. He has.” “If he was giving you every opportunity,” her dubious friend replies, “you would have grown out of this job three years ago.” Has Josh harassed Donna? Not really, by legal definition. But has Josh’s possessive sexual interest in his underling held back her career? Probably: When she finally quits, she quickly rises through the ranks of another political campaign. Rappelons qu'on parle d'un personnage de fiction ici. Est-ce que dans la vraie vie ça arrive que les hommes mettent consciemment ou inconsciemment des bâtons dans les roues des femmes? Absolument. Mais scénaristiquement parlant, même si je n'ai pas encore vu ce bout-là, la raison pour laquelle Donna grimpe rapidement les échelons sitôt son départ est la même que dans toutes les oeuvres de fiction similaires : parce que le personnage doit évoluer. En scénarisation, le "changement" quel qu'il soit (promotion, faillite, déménagement, mariage, séparation, divorce, naissance des enfants, décès des parents, etc.) est 99 % du temps un prétexte pour amener le personnage ailleurs. Ça n'aurait aucun sens que Donna aille travailler ailleurs pour faire exactement les mêmes tâches qu'auparavant avec Josh II comme patron.

4) Janel Moloney, who plays Donna in “The West Wing,” declined an interview request for this article. I wish she hadn’t; I’ve interviewed her before and she was smart and thoughtful. Chapeau à l'actrice de ne pas être embarquée là-dedans. Et surtout, même s'il est tout à fait légitime pour les acteurs de s'exprimer sur leurs personnages, pourquoi ne pas s'être adressé à Aaron Sorkin, l'auteur de la série? Vous savez celui qui a mis au monde ces deux personnages et qui est responsable de chacune des répliques qu'ils ont échangées pendant sept ans?

5) These days, almost everything made before 2018 feels as if it needs some kind of disclaimer. S'il faut absolument en arriver à mettre des mises en garde partout, alors pourquoi pas simplement celle-là. "Meilleur avant 2018". Comme sur une canne de conserve.
Titre: The Donna Problem
Posté par: Lisa le mai 27, 2021, 11:26:00 pm
Pour ton point 3, as-tu vu tous les trucs sortis sur la fonction publique récemment?
Titre: The Donna Problem
Posté par: Snookey le mai 27, 2021, 11:57:58 pm
Don't fuck the payroll est une maxime qui devrait être plus appliqué.
Titre: The Donna Problem
Posté par: Cinéphile IV le mai 28, 2021, 07:11:04 am
Pour ton point 3, as-tu vu tous les trucs sortis sur la fonction publique récemment?

As-tu vu que j'ai écrit : "Est-ce que dans la vraie vie ça arrive que les hommes mettent consciemment ou inconsciemment des bâtons dans les roues des femmes? Absolument." ?

Don't fuck the payroll est une maxime qui devrait être plus appliqué.

As-tu vu que j'ai écrit "comportement inaproprié" à deux reprises?
Titre: The Donna Problem
Posté par: Snookey le mai 28, 2021, 07:34:15 am
J'écrivais ça de manière générale.
Titre: The Donna Problem
Posté par: Cinéphile IV le mai 31, 2021, 07:49:34 pm
Changement de sujet, entrée fracassante dans mon top 100 de personnages de séries :

Se dirige vers le top 10...

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