And Just Like That est la raison pour laquelle
Friends a bien fait d'y aller avec la réunion originale de l'an passé plutôt que de tenter d'enfiler leurs vieux souliers. Je pense que c'est Lisa Kudrow qui a dit quelque chose comme : "À mon âge, je ne me vois pas jouer une Phoebe aussi écervelée qu'elle l'était il y a vingt ans." C'est en plein ça.

Je sais qu'on tombe souvent dans l'hyperbole sur le forum parce que plus souvent qu'autrement c'est drôle de beurrer épais, mais je ne vois comment
And Just Like That aurait pu être plus pénible et pitoyable. Du moins le peu que j'ai vu, parce que oui, après très exactement 21 minutes du premier épisode qui en dure une quarantaine, j'ai jeté l'éponge. Je sais, je sais, vous allez me dire que 21 minutes c'est peu et que j'aurais pu laisser une chance, mais si vous connaissez
Sex and the City, considérez ce qui suit :
- Les personnages n'ont pas vieilli d'une miette. On ne décèle aucune évolution dans leur manière d'être ou de se comporter. Je dirais même une régression par rapport au premier film (le second était aussi mauvais que cette série). Trois femmes à la mi-cinquantaine qui se la jouent mi-vingtaine. C'est vraiment pénible de les voir aller.
- Miranda assiste à une formation de groupe et se méprend sur l'identité de l'enseignante. Un gag sans aucune originalité. "Non vous ne devez pas vous asseoir là, car c'est réservé à l'enseignante. Ah c'est vous l'enseignante? Je ne pensais pas que c'était vous. Non, non, pas parce que vous êtes noire bien sûr..." Et ça continue de même pendant une minute. Comme si on n'avait pas vu ça des millions de fois... à commencer par la toute première scène de
It's Always Sunny in Philadelphia, laquelle date d'il y a près de 20 ans.
- Aussi si j'ai intitulé le fil
Woke and the City c'est parce qu'on nous enfonce la diversité, l'inclusion pis le débat autour des genres dans la gorge. Et je vous rappelle que j'en ai vu juste 21 minutes. J'imagine même pas le reste. Durant la scène de méprise mentionnée précédemment, par exemple, Miranda dit "C'est lui qui me l'a dit", et son interlocuteur de répondre "Ha ha, en voilà une qui est vite sur les genres", laissant entendre que c'est peut-être une elle, une iel ou n'importe quoi d'autre qu'un homme.
- Plus tard, Carrie assiste à l'enregistrement d'un podcast et l'animatrice se fait non seulement un point d'honneur de dire qu'elle transgenre, mais d'ajouter que les deux autres genres (qui composent 99% de la planète) sont ennuyants à mourir. Ce n'est pas dit méchamment, mais c'est zéro subtil. Oh et évidemment dans ce podcast, Carrie ne représente pas les femmes, mais les "cisgenres femmes hétéros".
- Au final c'est comme si on avait une liste d'épicerie de trucs "politically correct / woke" pis qu'il fallait cocher TOUTES les cases en dix minutes sous peine de perdre 1% de l'auditoire. La scène d'ouverture met en scène les trois personnages principaux qui sont blanches? Vite, il faut faire entrer en scène une Noire qui vient jaser avec Charlotte. Y a aussi l'animatrice du podcast qui est mexicaine. L'enseignante dont je vous parlais qui est noire. Mais pas de danger qu'on leur donne des rôles importants. Pendant une douzaine d'années,
Sex and the City a dépeint l'amitié entre quatre femmes qui sont un peu devenues des icônes de leur génération. Si l'une d'elles manque à l'appel, pourquoi ne pas la remplacer par le personnage d'une femme noire? Gros manque de guts là-dessus.
- Ce qui m'amène à la goutte qui a fait déborder le vase, et qui a sans doute joué sur le fait que je stoppe le visionnement aussi tôt : la manière dont ils se sont débarrassé de Samantha. Je dis "ils", car ça comprend toute l'équipe des scénaristes aux actrices qui ont accepté de dire le texte. En gros, Carrie et Samantha se seraient brouillées à la suite de quoi, cette dernière serait partie s'établir à Londres. Jusque là ça va. C'est assez fidèle aux chicanes légendaires entre Sarah Jessica Parker et Kim Cattrall. Mais fallait-il faire descendre le personnage aussi bas? Gros manque de classe ici. En à peine deux minutes on lui fait non seulement porter le blâme, mais on la fait passer pour une manipulatrice qui a mis fin à son amitié avec Carrie à la seconde où elle ne pouvait plus en tirer de gains financiers. C'est Samantha qui aurait coupé tous les ponts, alors que les trois autres auraient tenté à plusieurs reprises de la contacter. Ce n'est pas tant Cattrall qu'on attaque que tous les fans du personnage et de la série.

En conclusion, il y a un moment clé qui arrive très tôt dans ce premier épisode (du moins assez tôt pour que j'aie eu le temps de le voir), c'est Charlotte qui s'assied sur son divan près de son chien et qui dit "Please Love Me".
And Just Like That c'est dret ça : une série qui tente de retrouver le succès du passé et qui est prête à sauter dans n'importe quel cerveau pour y parvenir.