Je pense et je dis que les femmes sont moins présentent […] en art car ce sont des disciplines qui se nourrissent de la transgression et que la transgression est une qualité moins présente chez les femmes […]
2/ Une bien moindre attirance pour la transgression. Hors qu'est-ce que l'art si ce n'est la transgression, transgression des préjugés, des habitudes, des idées etc...
[…] mon expérience personnelle me conforte depuis des années que le conformisme est bien plus présent chez les femme que chez l'homme.
Un grand artiste […], c'est un type (ou une femme) qui un jour décide de faire un gros doigt à ses profs, à la bien-pensance bref à la norme ,c'est un dire un type qui transgresse les normes.
Cela me fait penser à ce que tu avais écrit sur un autre fil :
Le vrai art !
https://vimeo.com/groups/152383/videos/194496054
Je pense qu'il y a des personnes (la plupart du temps des femmes) qui utilisent l'art pour assouvir leurs fantasmes inavoués sous la protection de l'ART tel un totem d'immunité. On peut tout faire si c'est sous l'étiquette artistique...
Ces types, ces femmes assouvissent leurs pulsions malsaines, leurs fantasmes de domination, de soumission d'exihibitionisme qu'ils n'auraient pas le droit d'assouvrir hors contexte artistique.
L'art est et a toujours été à l'image de la société qui l'a accouché, grandiose beau et éternel quand la société l'est et décadent moche et mortifère quand la société l'est.
Regardez ce que votre société produit comme merde artistique pour savoir ce qu'elle produit sur les autres plans.
Vive l'art !
Je t’avais répondu quelque chose comme : « Cette « performance » n’est pas du tout à mon goût, loin s’en faut ; je la trouve plutôt hideuse. Si j’avais été à la place de l’un des spectateurs, je serais probablement partie. Reste que l’art (y compris l'art contemporain) et notre société ne se résument (heureusement, à mes yeux) pas à cela.
Pour ce qui est des œuvres (livres, peintures, etc.) relatives aux vices (qui ont toujours existé), à la transgression des normes sexuelles, aux perversions sexuelles, aux pratiques sexuelles déviantes ou débridées, etc., elles ne sont pas l’apanage de notre temps. L’on peut par exemple penser aux œuvres du Marquis de Sade, pour ne citer que lui. À quelques poèmes, également (
Parce que tu m’as parlé de vice, Guillaume Apollinaire,
Poèmes à Lou ; Guillaume Apollinaire, lettre du 8 janvier 1915 à Louise de Pillot de Coligny-Châtillon ;
L’héautontimorouménos, Charles Baudelaire,
Les Fleurs du mal ;
La serveuse, Arthur Rimbaud ;
Ô mes amants , Paul Verlaine,
Hombres (Hommes) ; etc.).
La représentation susmentionnée est probablement classée dans la catégorie « art corporel ». (Cela me fait également penser au « vomit painting » : « l’art à gerber » ou « l’art qui vient des tripes ». Cf. Millie Brown.)
« Exploration de la douleur :
Une partie des artistes de l'art corporel explorent des pratiques parfois violentes et/ou sadomasochistes. En effet, avec
Shoot (1971), Chris Burden se fait tirer dans le bras par un assistant. En 1975, Carolee Schneemann sort un rouleau de papier de son vagin dans sa performance
Interior Scroll. La
Messe pour un corps (1969), de Michel Journiac, une réinterprétation personnelle de la liturgie catholique, met en scène l'artiste et le boudin produit avec son propre sang. Gina Pane, elle, met en scène son corps dans sa dimension non neutre et allégorique, à la fois ludique et fragile, où les violences qu'elle s'inflige sont destinées à susciter une communication avec la psyché la plus profonde du spectateur.
On trouve également l'emploi de l'automutilation poussé à l'extrême chez certains artistes comme David Wojnarowicz (qui s'est cousu les lèvres) ou encore Marina Abramovic. Hermann Nitsch a organisé des crucifixions d'animaux vivants, où des échos religieux et politiques se font ressentir. Hervé Fischer, qui a été proche de Gina Pane, Michel Journiac et François Pluchart dans les années 1970, a souligné les résonances chrétiennes de la flagellation, la mortification, la punition dans l'art corporel, notamment dans l'actionnisme viennois et les performances de Michel Journiac. Il oppose cette résurgence biblique à un retour de la pensée et de la sensibilité grecques dans les arts scientifiques :
empowerment du corps dans les performances de Stelarc, les manipulations génétiques d'Eduardo Kac, ainsi que dans la célébration actuelle de la beauté du corps - publicité, bodybuilding, naturisme, maquillage, chirurgie plastique.
Certaines actions d'ORLAN sont souvent assimilées à ces pratiques (l'une des dernières consistait à protester contre les canons de beauté imposés par la société aux corps féminins, en pratiquant la chirurgie esthétique : son manifeste de l'« art charnel » est suivi de neuf opérations chirurgicales — performances qu'elle réalise entre 1990 et 1993) malgré le fait qu'elle ne recherche pas la douleur et qu'elle ne se considère pas comme faisant partie du
body art.
Exploration de la jouissance, du désir et de la sexualité :
Au-delà de la douleur simple, les artistes ont voulu explorer les pulsions. La sexualité, par les pulsions sexuelles en ce qu'elles mêlent pulsion de vie et pulsion de mort, allant vers l'autre et retenue "préservatoire", pudeur et agression, violence et amour, montre un artiste écartelé pleinement humain et créatif. Le combat intérieur laisse indemnes les corps physiques mais rarement le psychisme des spectateurs.
Des années 1980 à nos jours, en France, on peut citer entre autres les performances de Jean-Louis Costes, où les corps sont recouverts de détritus, les
happenings du peintre Nato, jouant du piano le nez dans l'anus d'une femme pour y trouver l'inspiration, et les actions rares de Lauranne. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_corporelLes 10 performances qui ont changé l'histoire de l'art au XXe siècleLes performances les plus trash de l’histoire de l’artLes corps extrêmes dans l'art contemporainPlusieurs thèses (relatives à ce sujet) ont été rédigées ; une thèse intitulée
« Le droit face à l’art corporel : Du corps comme œuvre d’art » et soutenue en décembre 2020, notamment. »
La performance : un espace de visibilité pour les femmes artistes ?Non, l’art n’est effectivement pas que transgression. Du reste, l’on peut s’interroger sur le conformisme des anticonformistes…
https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2012/10/18/03015-20121018ARTFIG00367-l-art-contemporain-au-risque-du-conformisme.php« Les plus importantes et les plus radicales transgressions ont vu le jour avec l’art moderne, puis avec l’art contemporain. L’art du passé (antérieur au XIX
e siècle) a connu lui aussi son lot de transgressions, mais il s’agissait de prises de liberté au sein d’une même forme et d’une même esthétique : l’esthétique de la
mimésis. Les transgressions de l’art moderne et de l’art contemporain ont, quant à elles, bouleversé les codes esthétiques, repoussé les limites de l’art, reconfiguré la face de l’art. »
https://berthetdominique.wixsite.com/site-du-cereap/n-18-transgressions-«
Artiste, sois transgressif ! » (Heinich, 1998 : 348) conseille Nathalie Heinich, non sans malice, dans un livre qui s’intitule
Le triple jeu de l’art contemporain. Les artistes, en effet, se sont souvent plu à défier les codes esthétiques et idéologiques de manière ostentatoire ou dissimulée. À partir du début du XX
e siècle, les dadaïstes puis les surréalistes font de la transgression un principe artistique à part entière. De nos jours, la transgression devient quasiment un impératif de création, ce que souligne l’injonction de Nathalie Heinich. […]
Alors que les œuvres dadaïstes et surréalistes portaient en elles un besoin intrinsèque de renverser l’ordre établi, se situant dans une logique subversive, beaucoup d’œuvres contemporaines occidentales cherchent avant tout à choquer prenant le parti pris de la provocation. […] L’art contemporain se veut la plupart du temps immoral et extrême. Certaines œuvres semblent s’inscrire dans une logique de la surenchère. «
Il faut dire plus, montrer plus, écœurer toujours plus... » souligne Paul Ardenne dans son ouvrage
Extrême (Ardenne, 2006). Nous pouvons observer cette logique dans la série des
Horror and Surrealist Pictures (1994–96) de Cindy Sherman. […] Il s’opère ainsi une
normalisation de la provocation. «
[...] la nudité, même et surtout exhibée de façon pornographique, est tombée en totale désuétude et ne relève plus que du conformisme dans sa piètre tentative pour être choquant » (D’Auzac de Lamartine, 2002 : 166). […]
Comme le remarque Jean-Marc Demachy, «
là où la barrière est franchie, il n’y a plus de limites ». Ces œuvres qui cherchent à se situer « hors-limites » entrent dans une logique de provocation. Certains artistes ne savent en effet plus quoi inventer pour sortir des règles tant elles bougent et se déplacent : «
[...] les scènes de dépravation, de mutilation, de dévoration et de défiguration, de viol ou de sodomie font toujours autant recette dans les musées » (Dulout, 2011 : 68).
Ces artistes réalisent des productions toujours plus provocantes qui sont à leur tour acceptées par l’institution, ce qui annule toute leur portée transgressive. […] Une œuvre qui a pour objectif unique de choquer, de provoquer «
tourne à vide ». Lorsque «
la transgression de l’art devient art de la transgression » (Catherine Sourgins), cette dernière se transforme en académisme et perd toute sa substance. La provocation n’est plus un moyen mais un but. »
https://gerflint.fr/Base/RU-Irlande6/Article13Elisabeth_Spettel.pdfDans la même veine : « Une partie de l’art contemporain en mal de reconnaissance s’est laissé séduire par les sirènes du pouvoir qui a enfermé les artistes dans un conformisme où provocation et transgression se trouvent normalisées et la surenchère orchestrée par le marché de l’art mondial. Cet art issu du ready-made de M. Duchamp, au plus près de la banalité, évoque la concrétude d’un objet qu’on pourrait nommer « objet magico-sexuel » […].
Avec ce vaste interventionnisme d’État, on va assister à une montée des conformismes dans l’art contemporain (conformisme de liberté, d’indépendance, d’originalité) qui tendent à exclure une grande partie de cet art. Dans ce conformisme-là, qui permet l’accès à la respectabilité, au succès et à l’argent, on peut accepter les mauvaises manières, un peu d’inconvenance ou de désordre, voire de scatologie.
Lors de cette décennie de controverses et de polémiques, le débat s’est focalisé sur un concept bien particulier d’art contemporain, un art conditionné, totalement ou partiellement, par le marché, placé sous la coupe de l’institution et du pouvoir politique. Institution et pouvoir politique semblent obsédés par une
surenchère transgressive qui annule le sens même de la transgression. C’est là que le conformisme rattrape l’Art contemporain. Il fut une époque où nous appelions cela de la « récupération ».
« Tout se passe finalement comme si l’aide institutionnelle à l’art contemporain instaurait une sorte de « paradoxe permissif » permettant aux artistes d’être hors normes en normalisant cette transgression des normes. » (Heinich, N.)
[…] La plupart des artistes travaillent aujourd’hui dans un système perpétuel consistant à refaire ce qui a été fait, remixer les formes passées.
[…] Le rêve d’une société où tous les écarts seraient permis et où il serait « interdit d’interdire » comme on le disait en Mai 68 a débouché sur une société étrangement uniforme sous son apparente diversité. […] Notre époque, superficiellement pluraliste est en réalité parfaitement conformiste. Mais ce conformisme est difficile à reconnaître puisqu’il se réclame sans cesse de son contraire […].
Ces productions provocatrices et éventuellement stériles, font le lit du pouvoir qui peut les présenter comme un étendard, justifiant leur contenu indigent, où l’œuvre n’est plus que l’exhibition de l’artiste ou son absence, où aucun travail de « secondarisation » n’apparaît. Le mot d’ordre du pouvoir pourrait être cette injonction paradoxale : « Soyez transgressif ! » »
https://www.cairn.info/revue-topique-2016-3-page-55.htm?contenu=article«
L’artiste transgresse les règles tout en respectant les règles de la transgression que posent, implicitement, le marché et l’institution. »
https://preo.u-bourgogne.fr/shc/index.php?id=127Thomas Schlesser, historien de l’art, a également évoqué cela dans une émission intéressante :
Transgression 3/4 : Censuré ! L'art peut-il ne pas être transgressif ? « Le problème, c’est qu’à partir du début du XIX
e siècle, commence à émerger une forme de « tradition de la rupture » (Octavio Paz,
Point de convergence). On assiste à des surenchères de transgressions qui, au bout d’un moment, finissent par n’avoir plus vraiment de sens. »
Deux jugements sévères à l’égard des œuvres contemporaines : « « Le marché regorge de produits clonés. Il suffit de pratiquer les biennales, les galeries, les revues spécialisées, les lieux institutionnels – un monde étonnamment petit – pour constater quelle psychopathologie agit dans le fond : surenchère de la subversion pour elle-même, dans la provocation gratuite, sans finalité qui la dépasse et la légitime ; indigence de l’arrière-plan intellectuel, voire inexistence pure et simple d’un fond d’œuvre ; effacement de toute perspective intersubjective ; jouissance dans l’autisme et le solipsisme ; hystérisation des pratiques cathartiques doublée de complaisance égotique et de narcissisme mis en scène ; fascination pour le trash, le sale, le glauque et la pulsion de mort ; régression tous azimuts et consécration du kitsch… » (Michel Onfray, 2003)
De même, Jean Clair (2004) consacre un ouvrage entier à dénoncer la fascination actuelle pour les corps cadavérisés, fécalisés, désacralisés. Et de regretter que ce n’est plus la vue, le plus intellectuel de nos sens qui compte, mais l’odorat, le plus animal, opposant un homme animalisé à un homme de culture.
En privilégiant les aspects malsains de la corporalité, ces œuvres s’enracinent aussi dans la tradition de l’esthétique du grotesque qui consiste à se complaire dans le triomphe amer de la provocation et l’exaltation de la déchéance. L’esthétique grotesque (Anik Kouba, 1993) se caractérise par une procédure d’inversion des termes et des valeurs dans un rapport très particulier au corps, qui est objet de renversements. « Ainsi le haut, c’est-à-dire tout ce qui est spirituel, idéal, abstrait, qui porterait vers le ciel, le divin, se trouve systématiquement ramené au bas corporel le plus trivial. Dans le même temps que les fonctions naturelles de ce corps – baiser, manger, déféquer, pisser… –, souvent considérées comme avilissantes en tant que rappelant à l’homme son animalité, sont élevées au rang d’une éthique de vie, marquée par la gaieté, l’exubérance, la jouissance » (p. 228). »
https://www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2004-3-page-61.htm