On dirait que je ne comprends pas comment on peut en arriver à la conclusion que Le Jam fait en écoutant le reportage qu'il a mis en lien.
Le seul parallèle qui est fait entre les Québécois et les Français, c'est qu'ils ont un rôle (en apparence) normatif dans la façon dont certains francophones parlent le français. Que le malaise que ressentent les francophones hors-Québec, au Canada, à parler un français qui n'est pas conforme à celui qui est prescrit par les instances légitimantes de la langue, les Québécois l'ont vécu aussi à l'égard de leur français régional lorsqu'il était comparé au français hexagonal. Puis, François Paré entreprend d'expliquer qu'il y a eu beaucoup de promotion culturelle faite autour de la langue québécoise (il n'aborde pas le sujet de la loi 101, mais il parle des années 70, donc clairement, ça a aussi joué dans la balance) et qu'éventuellement, il y a eu une réappropriation de ce français régional par les locuteurs, qui en tirent une fierté et ont développé leur propre cadre normatif. Le point que François Paré souligne après, c'est que la promotion du français régional s'est limité au Québec, et que les communautés de langue française hors-Québec n'ont pas réussi à "normaliser" leurs variations régionales - ou en tout cas, pas de manière institutionnalisée comme au Québec.
Il n'est pas question d'individus ou de nationalité quand les intervenants expliquent qu'ils ressentent une certaine pression de devoir s'exprimer dans un français correct (il y a une femme qui mentionne que ses beaux-parents sont québécois, mais à l'extérieur de ça, on comprend bien que c'est une tendance généralisée). François Paré mentionne d'ailleurs que c'est le caractère normatif du français qui est à la source de cette tendance. Caractère normatif comme dans, le français hexagonal moderne, tel qu'il est parlé aujourd'hui, ne reflète pas l'évolution vernaculaire du français mais la volonté d'une seule institution (l'Académie française) d'imposer un standard prescriptif pour la langue, au détriment des patois et des particularités régionales. Et comme nous parlons (tous) une langue dont l'évolution n'est pas organique, nous avons la manie de vouloir absolument qu'elle soit conforme à ce que nous avons appris être du bon français.
François Paré et Justin Trudeau en arrive à peu près à la même conclusion, soit que l'important dans le code linguistique, c'est qu'il soit partagé par les locuteurs et qu'ils permettent leur compréhension commune, pas qu'il soit maîtrisé à la perfection.
Ça ne fait pas sens de visionner ce reportage et d'en déduire que le problème est que les franco-canadiens considèrent les Québécois comme prétentieux, comme les Québécois considèrent les Français prétentieux. Je veux dire: ça ne m'a même pas effleuré l'esprit en visionnant le tout.
PS: J'aime tellement François Paré
Les littératures de l'exiguïté est l'un des livres les plus importants que j'aie lu en tant que Québécoise qui écrit en français.