Je suis né à un âge très jeune, mais pas si jeune, ce qui a beaucoup surpris ma mère. Ma mère ne devait pas avoir d’enfant à cause d’une complication lors d’une chirurgie alors qu'elle était encore enfant et ma venue au monde était presqu'un miracle.
Vois-tu, ma mère vient d’un village de la Beauce, aujourd’hui presque désert , perdu dans les montagnes des Appalaches. Du sommet de leur monde, les habitants pouvaient voir si loin que l’armée a fait construire un radar sur un des sommets. Les familles étaient nombreuses, en moyenne 15 enfants, donc, pour 1000 habitants, il y n’y avait qu'environs 100 familles.
Lorsque la foudre tombe dans la vallée, le tonnerre se répercute 7 fois sur les parois des montagnes avant de s’éloigner. L’isolement, la misère, le manque d’éducation et les phénomènes mystérieux ont données aux habitants une croyance des forces mystiques de la nature. Cela se reflète même dans le cimetière ou les croix sont en fer forgé plutôt qu’en pierre, l’habitant espérant ainsi recueillir la foudre sur sa dépouille. Ma grand-mère disait que dans ces grandes soirées d’orage, les fi-follets quittaient le cimetière, situé en haut de la colline, pour descendre le chemin, passer devant les maisons pour aller s’éteindre dans les ruines d’un village Irlandais depuis longtemps abandonné.
Tout ces mystères ont forcé ma mère à croire que si elle ne pouvait pas avoir d’enfant, c’est qu’il y avait une raison. De miracle, je suis devenu un regret.
J’ai grandi presque sans mère. Un jour, j’ai décidé de faire une recherche sur ma famille et de retourner dans ce village. J’ai rencontré mes grands oncles et mes grandes-tantes. Ces dernières m’ont raconté des légendes anciennes et oubliées. J’y ai appris que mon arrière grand-père, quatorzième enfant mais surtout, septième garçon en ligne, possédait un don. À cet époque, être le septième enfant du même sexe accordait à celui-ci un don, lequel était par la suite déterminé par les ancêtres. Le don de mon ancêtre était qu’il pouvait guérir les brûlures. Il suffisait de penser à lui pour que cesse la douleur et que commence la guérison de la plaie. Mes grands-tantes m’ont confirmé qu'il existaient plusieurs dons, ceux ci permettant d’arrêter les brûlures, d’arrêter le sang, d’arrêter les migraines et, beaucoup plus rare se trouvait les dons de guérir les maladies, de voir la mort, de renforcir les esprits faibles et de parler au mort.
Je pensais que ces dons disparaissaient avec la mort de leur porteur mais mes grandes-tantes m’ont confirmé que ces dons pouvaient être légués. Malheureusement, les gens ne croient plus à ces dernier et c’est ainsi que beaucoup sont morts sans les avoirs donnés. Avec mes aïeux, j’ai réussis à retrouver beaucoup de porteur de don et à les convaincre facilement de me les donner. Certains n’y croyaient pas et ça les faisaient rire, d’autre étaient contents que quelqu’un d’autre prenne la relève. J’ai pu me faire léguer les sept dons suivants: arrêter le sang, guérir les brûlures, guérir les maladies de ventre, guérir les maladies de poumons, parler au mort, voir l’avenir et renforcir les âmes (qui n’est en fait que de la télépathie).
Durant la grande peste, les nombreux morts d’hiver ne pouvait être enterrés à cause de la dureté du sol gelé. M.Pépin-dit-Lachance essaya de faire sauter le sol à la dynamite mais cela n’eut comme effet que de lui crever un œil et de faire tomber le crucifix de l'autel de l'église, ce qui fut considéré mauvais présage. Mais déjà, les gens tombaient comme des mouches, alors qu’est-ce qui pouvait être pire? Et bien, au printemps, quand vint le temps de creuser le sol pour y enterrer les malheureuses dépouilles, on découvrit que le caveau avait été dérangé, des cercueils avaient bougés. Mon arrière-grand-père raconta à mon grand-père, des années plus tard, que lorsqu'il ouvrit les cercueils pour voir si il y avait eu des profanations, à sa grande surprise, les corps avaient tous bougés et le panneaux de bois avait été griffés. Ces malheureux avaient été enterrés vivants. L’histoire n’en dit pas plus long, on enterra les cadavres.
Avec un esprit analytique et moderne, il est facile de deviner la chose suivante: ils n’ont pas été enterrés vivant, ils ont été ramené d’entre les morts. L'explosion avait dérangé quelque chose dans la montagne. Une chose ancienne qui avait probablement chassée les irlandais du village il y a cents ans et qui dans sa colère, avait décidé de faire un terrible cadeau, un nouveau don.
Quelqu’un dans le village avait maintenant le don de ramener les morts mais ne contrôlait pas son don.
Après un enquêtes que je ne décrirai pas, j’ai retrouvé la jeune personne: ma grand-mère, qui survécu par miracle à la grippe espagnole. Elle nous racontait souvent qu’on lui avait même donné les derniers sacrement et qu'elle avait cessé de respirer pendant un moment, jusqu'à ce que le bruit de l'explosion la sorte de sa torpeur. Il est fort probable qu’elle fut sans vie assez longtemps pour ramener quelque chose avec elle. Ma grand-mère est aujourd’hui morte mais elle légua ses dons à sa dernière fille, ma mère, qui, maintenant détachés de ces anciennes croyances, me donna en riant le « don ». Le miracle de ma naissance était tout simplement le résultat de ce don, alors que je n'aurais pas dû naitre, le don me donna la vie.
Je me présente, Charlemagne, porteur des Huit-Dons, contrôleur des corps, des esprits et des morts. Mon âge ne fait plus de sens. Je suis aussi, pour le moment, entrepreneur et acériculteur.