Le gros problème avec la dépendance à la nourriture, c'est que tu ne peux pas dire comme pour la cigarette, l'alcool ou les drogues illicites que tu ne mangeras plus jamais ou que tu va essayer d'éviter pendant un temps les endroits où on mange.
C'est ce qui est insidieux, il FAUT manger pour vivre et c'est très facile pour quelqu'un qui a toujours mangé "sainement" et qui n'aime pas vraiment la malbouffe de dire qu'il suffit de changer ses habitudes alimentaires et ses portions, mais pour plusieurs, c'est la chose la plus difficile au monde. Vraiment.
On a tous des comportements alimentaires différents, mais il y a quand même des choses qui, à la base, se ressemblent.
C'est vrai que dire à une personne devenue dépendante de la nourriture qu'elle n'a qu'à mieux manger, c'est un peu limité comme approche. Ce que j'ai observé, c'est que la personne essaie effectivement très fort de modifier ses habitudes, mais c'est justement ça qui l'enfonce. Typiquement, les personnes boulimiques - et les anorexiques, c'est dans le même continuum et, d'ailleurs, plusieurs personnes sont à la fois boulimiques et anorexiques - ne savent pas être à l'écoute de leur corps, mais aussi de leurs besoins en général. Comme les mécanismes d'auto-régulation qui dépendent de cette capacité sont détraqués, la personne passe de phases de contrôles excessifs à des phases de pertes de contrôle.
À force de m'observer moi-même, j'ai fini par comprendre que mes phases de contrôle excessifs entraînaient justement mes phases de pertes de contrôle, qui me poussaient à vouloir reprendre le contrôle, etc. C'est un cercle vicieux qu'il faut déconstruire. Les régimes, même ceux qui prônent une bonne alimentation, sont les ennemis des personnes compulsives. Elles décident de se plier à un régime x, et se privent d'aliments qu'elles aiment, alimentant, sans s'en rendre compte, leur obsession pour ces aliments. Moi, c'était les sucreries. Je perdais vraiment le contrôle. Si je prenais un biscuit au chocolat en me disant que j'allais m'arrêter après quelques biscuits, j'en étais incapable : je finissais le sac. Suivait une période où je me sentais coupable, où je jetais à la poubelle les sucreries que j'avais dans la maison... jusqu'à ce que je n'en puisse plus, et que je cours à l'épicerie m'en acheter d'autres.
Bref, l'idée, c'est surtout de ne se priver d'aucun aliment. Il s'agit de désapprendre des comportements. Ce qui m'a aidé, c'était de me dire que je pourrais manger ce que je voulais autant que je le voulais, mais le soir. Puis, j'ai fini par réussir à repousser ça à la fin de semaine. Surtout, j'ai commencé à déculpabiliser et à être plus souple, plus à l'écoute de mes envies. C'est comme ça que j'ai fini par ne plus avoir de pertes de contrôle. Ça m'a pris du temps, mais j'y suis arrivé. J'ai appris à manger à ma faim, et j'ai perdu, étrangement, le goût des sucreries. J,en mange encore, mais plus tellement. Je me suis rendu compte comment je me sentais quand j'en abusais, et comment je me sens quand je mange bien. Du coup, je me suis mis à beaucoup moins aimer les sucreries. J'aime le goût, mais j'ai senti qu'après un petit boost, ça me déprimait et que je me sentais moins d'énergie.