Moi je garde quelques fois les plus longs messages de Plume en standby pour le moment où j'aurai l'attention suffisante, ce qui dépend en partie de moi (fatigue, etc.) et en partie de mon milieu physique immédiat, des stimuli sonores, etc. Mais quand j'ai cette attention suffisante, je trouve son écriture vraiment agréable et fluide, et même assez économe et centrée sur les nécessités de ce qu'elle communique. Toujours d'une excellente qualité. Je me retrouve parfaitement dans ses paragraphes et ses phrases longues, aucun problème de longueur. Le seul enjeu de longueur, c'est peut-être les fois où j'ai l'impression de savoir déjà où elle va (et alors, je lis un peu plus vite). En général, je lis à la même vitesse que si je lisais à voix haute, j'adore ca, c'est un peu comme écouter une musique à la bonne vitesse. Mais j'avoue que parfois je lis les textes de Plume un peu plus vite, parce que je sais où le texte veut aller, j'ai quelques notions juridiques, je connais la référence qu'elle détaille, et/ou je comprend parfaitement l'objectif de bien circonscrire le propos, d'essayer d'être exhaustif et exclusif, juste et précis, donc exact, et de ne rien laisser à l'abandon ou à l'interprétation. Donc je complète le cercle déjà dans ma tête avant que la phrase y soit arrivée.
Pour les plus longs textes de Simone, j'ai aussi besoin de mon attention suffisante mais par contre, je ne les "accélère" jamais, peut-être parce que je sais un peu moins à quoi m'attendre, j'ai peut-être un peu moins d'affinités et/ou je suis plus en mode "découverte". En tout cas, je suis un lecteur des textes longs, ceux de Plume, Simone, Charlemagne, Dalporto, Jam!, name it! Des fois, j'en reporte simplement la lecture à plus tard, mais je les lis.
Pour ce qui est des parenthèses, j'ai une sœur qui en met beaucoup plus que ca quand elle écrit et parle. Oui oui, même en parlant, elle change le ton de sa voix, comme pour indiquer un aparté, comme ceux qui miment une ouverture de parenthèse avec le dos de leur main, pour dire un secret ou une précision qui ne concerne pas tout le monde, avant de reprendre leur phrase exactement là où ils l'avaient laissée et avec la même intonation plus soutenue du début. On mets aussi l'équivalent des tirets longs pour encadrer des "propositions incises" (des petits bouts de phrases qui ne sont pas reliées de manière syntaxique au reste de la phrase), mais mon clavier n'a pas de tirets pour vous montrer un exemple (ni de cédilles ni de guillemets français; je peux toujours tricher avec les propositions du correcteur automatique mais j'ai rarement le goût de faire des copier-coller de tirets et de cédilles hors obligations professionnelles). En tout cas, verbalement, avec mes frères et sœurs, on parle avec des "parenthèses" et des "tirets longs", en plein milieu de phrases super longues et on arrive tous à se suivre.
Par contre, je comprend très bien Berslak dans ce qu'il dit. Et moi aussi j'ai commencé il y a assez longtemps maintenant à couper mes phrases en deux ou en trois, à supprimer des parenthèses et ce genre de choses dans le but de faciliter la compréhension et de servir le message. Ok, pas vraiment dans ce message ci, mais dans la plupart des contextes. C'est en grande partie pour des objectifs professionnels et militants que je me suis imposé cet effort (qui en est de moins en moins un à force qu'il devienne une habitude ) et aussi en même temps que je commençais et poursuivais ma formation en sciences naturelles. Les longues phrases sont beaucoup plus prisées en sciences humaines qu'en sciences nat, lesquelles préfèrent de loin le motif "une phrase simple pour une idée" + "une phrase simple pour une idée", etc. C'est aussi un schéma accessible à beaucoup plus de sortes d'intelligences. Comme une partie de mon activité consiste à vulgariser des notions scientifiques, c'est beaucoup plus efficace de fonctionner ainsi.
J'en profite pour parler de certains auteurs de sciences humaines (notamment ceux dénoncés dans les affaires Sokal et qui se réclament du postmodernisme) qui usent et abusent de ces phrases super longues et alambiquées remplies de néologismes et de ponctuations, non pas pour servir leur propos, mais pour (1) masquer qu'il n'ont aucun propos ou alors, qu'un propos absurde et vide de sens qu'ils doivent déguiser et camoufler impérativement, et (2) créer une aura de complexité difficile à saisir et inaccessible au profane. Ce sont vraiment des fumistes.
Je cherche aussi beaucoup moins qu'avant à ne rien laisser à l'abandon ou à l'interprétation. Je tiens moins à être toujours exhaustif et/ou exclusif, parfaitement exact, ou à circonscrire au complet tout le propos, et je laisse plus de place à l'interprétation du lecteur. Il y a un coût à cela, pare que ca ouvre la porte au malentendu, et les malentendus font perdre beaucoup de temps. Mais ca laisse une dynamique possible.
Avant j'argumentais souvent en jouant, genre, trois coups d'avance. Du genre : "J'affirme ceci, mais en réponse à ce que tu pourrais dire de ceci, , je précise cela, et en réponse à ce que tu pourrais dire de cela, je pare le coup avec une troisième affaire." J'étais sûr d'être serviable envers mon interlocuteur et de nous aider à gagner du temps, mais finalement 90% du temps, les gens ne savaient même pas pourquoi j'étais parti si loin de mon point de départ, ils étaient étourdis et trouvaient cela pédant et péteux. Et c'est vrai que ca peut faire un peu "je me parle tout seul". Aujourd'hui, j'y vais plus étape par étape. Quand quelqu'un trouve une faille que j'ai laissé dans ce que j'ai écris, je répond "bien vu, j'aurais pu préciser ceci et cela, mais le texte aurait été encore plus long". Et finalement c'est plus dynamique, en plus de me laisser plus souvent la possibilité d'être surpris et désamorcé par mon interlocuteur, au lieu de "jouer à sa place". Ca fait plus socratique aussi comme méthode, il y a une certaine pédagogie à cheminer et participer à tracer les contours de ce qu'on veux aborder au lieu de simplement le lire tel quel, tout fait.
Un texte de loi avance aussi comme cela. Les articles espèrent être exhaustifs, clairs et précis au maximum, de prévoir toutes les possibilités, mais il se rajoute toujours un alinéa ici et là que le législateur n'avait pas prévu au départ.
C'est pour ca que je fais comme Berslak, surtout dans un cadre professionnel ou militant : je raccourcis mes phrases, j'enlève des parenthèses, etc. C'est juste plus simple.
Pour Madchuck, j'ai un peu de mal à tout comprendre du premier coup, mais j'ai deux filtres qui m'aident beaucoup : (1) prononcer (ou imaginer) les phrases à l'oral, comment elles sonnent, et (2) les traduire en anglais, pour voir si ce ne serait pas simplement un anglicisme mal ajusté.
Disons 1/5 de ses messages où j'abandonne complètement mon ambition de comprendre, mais je pense que ceux là sont dus à des erreurs, il manque des mots ou ce genre de choses là.
Enfin, aux modérateurs, est-ce qu'il ne serait pas pertinent de déplacer toute cette partie de la discussion dans un autre sujet?
Lisa : Les quotes sont surtout utilisées pour citer des forumeux. Trop pour être utiles à autre choses? On peut aussi utiliser les italiques, ce genre de choses...