Le titre me donnait déjà un petit avant-goût du contenu de l’article en question, mais j’ai tout de même pris la peine de lire ledit article dans son intégralité (sait-on jamais) …
Le titre, dans un premier temps : «
Continuer à soutenir Israël à ce stade veut juste dire que vous êtes une ordure » : Il me fait penser aux expressions-cadenas (plus ou moins consciemment manipulatoires : culpabilisation, etc.) auxquelles certains individus – qui se posent alors en détenteurs de la vérité et en dépositaires du savoir absolu – ont recours pour obliger autrui à penser comme eux. Exemple : « Quiconque pense le contraire est un con / connard / salaud / abruti / etc. ».
« Imbéciles : ceux qui ne pensent pas comme vous. » – Gustave Flaubert
Entre nous soit dit, bonnes gens,
Pour reconnaître
Que l'on n'est pas intelligent,
Il faudrait l'être.
La morale de ma petite ritournelle,
Il semble superflu de vous l'expliciter.
Elle coule de source, elle est incluse en elle :
Faut choisir entre deux éventualités.
En fait d'alternative, on fait pas plus facile :
Ceux qui l'aiment, parbleu, sont des esprits féconds ;
Ceux qui ne l'aiment pas, de pauvres imbéciles.
"
Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons".
Je ne peux également m’empêcher de me demander ce que la madame entend exactement par « soutenir », ou plutôt, ce qu’elle assimile et identifie (en son for intérieur) comme une forme de soutien à Israël, car vu ses propos, j’ai l’impression qu’elle n’est pas très ouverte au dialogue et aux nuances…
Dans
cet article, elle avait notamment écrit ceci : Les «
apologistes d’Israël » […] «
vous accusent d’être un “partisan du terrorisme” ou un “antisémite” parce que vous critiquez Israël ; ils ne peuvent pas répondre à vos critiques réelles parce que les actions d’Israël à Gaza sont indéfendables, alors ils tentent de calomnier votre personnalité ou vos motivations pour clore le débat et empêcher les gens de vous écouter ».
Dans l’article dont il est présentement question, elle dit des choses comme : «
Les apologistes d’Israël disent : « Vous ne soutenez pas le génocide ? Vous êtes quoi, un nazi ? » » […] Puis : «
Si vous soutenez encore Israël après quatre mois d’atrocités, c’est que vous êtes un être humain de merde. » […] «
Sur les réseaux sociaux, il n’y a aucune raison valable de ne pas bloquer immédiatement quelqu’un qui annonce ouvertement son soutien à Israël et au sionisme. Pour moi, c’est comme être abordé par un inconnu à une fête avec une carte sur le front qui dit « Je suis une mauvaise personne et je suis incapable d’avoir une vraie conversation » ».
Pardon, mais cela s’apparente quelque peu à : « fais ce que je dis, mais pas ce que je fais » …
«
Répondre aux accusations d’atrocités et de génocide en déblatérant sur le Hamas est stupide et absurde » : J’espère qu’elle est tout de même capable d’entendre que certaines choses doivent préalablement au moins être remises dans leur contexte, et donc que les attaques terroristes du Hamas soient évoquées à un moment donné, et qu’elle ne balaie pas d’un revers de main toute critique formulée à l’encontre du Hamas…
Elle évoque à plusieurs reprises la « vérité », la « morale », « l’éthique », et seuls son « camp » et elle-même les incarnent, visiblement…
«
Arrêtez de vous agiter » : C’est pourtant ce qu’elle semble faire elle-même…
Tout cela pour dire que je trouve la forme regrettable… Il n’y a pas vraiment de « réflexion menée » dans cet article… Cela manque d’analyse… Insultes, agressivité, formules péremptoires, etc. La dame semble plus s’énerver que « penser » …
« Guerre Israël-Gaza : Quels sont les pays qui soutiennent les représailles israéliennes à Gaza et ceux qui les condamnent ? » :
https://www.bbc.com/afrique/articles/crgp3n0825yo.
« Guerre à Gaza : Israël craint de perdre le soutien des Européens » :
https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/guerre-a-gaza-israel-craint-de-perdre-le-soutien-des-europeens-2076303.
En réponse à la
plainte pour génocide déposée contre Israël par l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice (CIJ) a, le 26 janvier 2024, ordonné des mesures conservatoires : Israël doit notamment s’abstenir de commettre des actes entrant dans le champ d’application de la Convention sur le génocide, prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide, et prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza. La Cour a également ordonné à Israël de conserver les preuves liées à l’accusation de génocide et de lui présenter un rapport d’ici un mois, sur toutes les mesures prises conformément à cette ordonnance.
Toutefois, à ce stade, la Cour ne s’est pas prononcée sur la question de savoir si Israël commet effectivement ou non un génocide à Gaza. Elle n’a pas ordonné de cessez-le-feu, non plus.
https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/la-cour-internationale-de-justice-appelle-israel-a-empecher-tout-eventuel-acte-de-genocide-a-gaza-et-a-faciliter-l-aide-humanitaire_6327519.html« L'idée que se fait le grand public de ce qui constitue un génocide va généralement au-delà de ce que renferme la norme au regard du droit international. L'article II de la Convention sur le génocide contient une définition étroite du crime de génocide, qui conjugue deux grands éléments :
- Un élément psychologique : « l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel », et
- Un élément matériel, qui comprend les cinq actes ci-après, énumérés de manière exhaustive :
> le meurtre de membres du groupe ;
> des atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
> la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
> des mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
> le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
L’intention est l’élément le plus difficile à établir. Pour qu’il y ait génocide, il faut démontrer que les auteurs des actes en question ont eu l’intention de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, pas plus que la simple intention de disperser un groupe. C’est cette intention spéciale, ou
dolus specialis, qui rend le crime de génocide si particulier. En outre, la jurisprudence associe cette intention à l’existence d’un plan ou d’une politique voulue par un État ou une organisation, même si la définition du génocide en droit international n’inclut pas cet élément.
Il est important de noter que les victimes de génocide sont délibérément visées – et non pas prises au hasard – en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à l’un des quatre groupes de population protégés par la Convention (ce qui exclut les groupes politiques, par exemple). La cible de la destruction doit donc être le groupe, en tant que tel, et non ses membres en tant qu’individus. Le génocide peut également être commis contre une partie seulement du groupe, pour autant qu’elle soit identifiable (y compris à l’intérieur d’une zone géographiquement limitée) et « significative ». »
https://www.un.org/fr/genocideprevention/genocide.shtml« Israël-Hamas : que désigne le terme de génocide, et est-il approprié ? » :
https://www.geo.fr/geopolitique/israel-hamas-que-designe-le-terme-de-genocide-et-est-il-approprie-gaza-bombardements-civils-combattants-intention-217352.
Les massacres de civils, qu'ils soient Israéliens ou Palestiniens, sont condamnables, ne serait-ce que moralement. La vie des uns n’est pas plus (ou moins) importante que celle des autres.
Ce qu’a fait le Hamas le 07 octobre 2023, dans le cadre de son « opération “Déluge d'Al-Aqsa” », est injustifiable et inacceptable.
Israël avait le droit, mais également le devoir de se défendre. Il incombe à chaque État « de protéger ses populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité. Cette responsabilité consiste notamment dans la prévention de ces crimes, y compris l’incitation à les commettre, par les moyens nécessaires et appropriés. »
https://www.un.org/fr/genocideprevention/about-responsibility-to-protect.shtmlIl n’a en revanche pas le droit de se défendre « n’importe comment ». Or, certains actes commis par Tsahal, qui « pilonne » Gaza, sont blâmables. La situation humanitaire à Gaza est désastreuse ; les victimes civiles sont nombreuses.
Mais sommes-nous obligés de « prendre parti / fait et cause » (de manière très tranchée, voire passionnée) pour l’un ou l’autre camp ? Je ne le crois pas, et je pense que les passions (parfois compréhensibles) nuisent à la réflexion… (Du reste, je pense qu'il y a trop de choses/informations dont nous n'avons pas connaissance...)
« Nul ne devrait être contraint de prendre une position tranchée en faveur de l'un des belligérants dans un conflit qui est tout sauf manichéen » :
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-guerre-israel-hamas-lunion-des-francais-avant-tout-2030565.
« Il faut se rappeler que cette guerre est profondément ancrée dans les différences religieuses et ethniques qui séparent les deux camps. Pour Israël comme pour le Hamas, l’autre est un ennemi mortel qu’ils déshumanisent dans leurs discours respectifs. La victoire finale, pour le Hamas, passe par la destruction de l’État israélien et la restitution de la Palestine comme seule nation sur le territoire. Alors que pour Israël, la victoire passe par la destruction de toute menace à la sécurité de son peuple. […] » :
https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/799800/libre-opinion-temps-guerre-rien-oblige-choisir-camp.
J’ai bien aimé cet article :
https://www.ledevoir.com/monde/moyen-orient/799903/guerre-israel-hamas-comment-rester-nuance-face-conflit-israelo-palestinien :
« La morale implique qu’on puisse avoir une position nuancée », estime M. Morin, ajoutant que le droit international humanitaire s’applique et que les crimes de guerre doivent être proscrits de part et d’autre.
« Il est possible de soutenir la cause palestinienne sans justifier les attaques horribles du Hamas, croit-il, tout comme on peut démontrer sa solidarité envers le peuple israélien sans cautionner toutes les actions du gouvernement de Benjamin Netanyahou ».
« La morale ne peut pas être à géométrie variable ».
« Professeur retraité de l’UQAM spécialiste du Proche-Orient, Rachad Antonius met aussi en garde contre « l’indignation sélective » ».
« Dans le climat social actuel, les propos réfléchis sont souvent abandonnés, chacun se contentant d’étiqueter, d’insulter ou de déformer les opinions adverses pour les écarter », constate M. Nadeau, professeur de philosophie à l’Université de Montréal.
Cela me fait penser à ces propos de Simone Weil :
https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89crits_de_Londres_et_derni%C3%A8res_lettres/Texte_entier :
« On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position « pour » ou « contre » une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soit contre. C’est exactement la transposition de l’adhésion à un parti.
Comme, dans les partis politiques, il y a des démocrates qui admettent plusieurs partis, de même dans le domaine des opinions, les gens larges reconnaissent une valeur aux opinions avec lesquelles ils se disent en désaccord.
C’est avoir complètement perdu le sens même du vrai et du faux.
D’autres, ayant pris position pour une opinion, ne consentent à examiner rien qui lui soit contraire. C’est la transposition de l’esprit totalitaire.
Quand Einstein vint en France, tous les gens des milieux plus ou moins intellectuels, y compris les savants eux-mêmes, se divisèrent en deux camps, pour et contre. […]
Dans l’art et la littérature, c’est bien plus visible encore. Cubisme et surréalisme ont été des espèces de partis. On était « gidien » comme on était « maurrassien ». Pour avoir un nom, il est utile d’être entouré d’une bande d’admirateurs animés de l’esprit de parti.
De même, il n’y avait pas grande différence entre l’attachement à un parti et l’attachement à une Église ou bien à l’attitude antireligieuse. On était pour ou contre la croyance en Dieu, pour ou contre le christianisme, et ainsi de suite. On en est arrivé, en matière de religion, à parler de militants.
Même dans les écoles, on ne sait plus stimuler autrement la pensée des enfants qu’en les invitant à prendre parti pour ou contre. On leur cite une phrase de grand auteur et on leur dit : « Êtes-vous d’accord ou non ? Développez vos arguments. » À l’examen les malheureux, devant avoir fini leur dissertation au bout de trois heures, ne peuvent passer plus de cinq minutes à se demander s’ils sont d’accord. Et il serait si facile de leur dire « Méditez ce texte et exprimez les réflexions qui vous viennent à l’esprit ».
Presque partout — et même souvent pour des problèmes purement techniques — l’opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à l’obligation de la pensée. »