(@Dalp : quand t'auras le temps, peux-tu nous crisser tout ça dans le fil sur les syndicats, pis après la prochaine réplique de Snookey, tu pourras le barrer, merci t'es ben fin)
"
Défenseur de la veuve et de l'orphelin", Snookey. Tu me sors ça comme si c'était ben épouvantable, alors que c'est la mission première des syndicats. Je trouvais juste ça drôle venant de toi.
Pour faire court, mes collègues paient à peu près 2,5 fois de plus que moi en cotisation, toutes proportions gardées (oui, oui, des besoins différents, fonds de grèves pis toute), mais cibole que ça me semble beaucoup et oui en 2024, je critique plus en leur nom que pour ma petite personne.
Non, sérieusement? L'essence même de ta critique est tellement large que s'en est à s'y perdre à essayer de comprendre où tu veux en venir.
Si tu troll encore, alors ça sert à rien de répondre et je vais cesser d'entretenir ce sujet avec toi.
Critique large? Oui, sûrement qu'en des dizaines de messages là-dessus on s'y perd, alors résumons-nous (tu peux oublier tout ce que j'ai écrit à ce jour si tu veux et ne garder que ce message-là (je vais mettre bien de l'eau dans mon vin, essaie d'en mettre deux-trois gouttes aussi) :
- J'ai été syndiqué pour la première fois à 46 ans. À lire l'autre sujet où Plume et Berslak tentaient récemment de classer les forumeux par groupes d'âge, on peut estimer que j'ai travaillé sans être syndiqué pendant plus longtemps que tu as toi-même travaillé durant toute ta vie. Je ne dis pas ça pour être condescendant, je veux juste te mettre les choses en perspective. Que tu comprennes à quel point c'est un "choc culturel" de commencer à payer aussi tard dans sa vie pour des services dont tu n'as jamais eu besoin.
- J'ai passé plus d'une dizaine d'années à travailler dans une grande surface et pendant plus que la moitié du temps, j'ai représenté mon département aux réunions d'employés qui servaient à bonifier le contrat de travail qu'on avait avec l'employeur. Ça durait quelques jours. L'employeur notait nos revendications, mettait ça ensemble avec celles des autres entrepôts et nous revenait avec des offres qu'on renégociait, mais pas tant parce qu'elles étaient somme toute très raisonnables (sans doute pour ne pas que le monde se syndique, ne soyons pas naïfs, et donc oui, les syndicats nous servaient bien involontairement d'épouvantails à moineaux, je peux même te concéder ça). Était-ce l'expérience la plus gratifiante de ma vie? Bien sûr que non, mais c'était ben cool, ça ne me coûtait pas une cenne et c'était surtout très efficace.
- À cette époque, le seul "conflit" auquel j'ai assisté, j'en ai déjà parlé, c'était les gars de plancher à qui on demandait de se changer pour les deux dernières heures de leur shift quand ils allaient emballer aux caisses. Les clients nous croisaient sur le plancher habillés en t-shirt, mais rendu aux caisses ça nous prenait une chemise. Voyons donc! Faque des gars sont allés au Village des Valeurs se chercher les pires chemises à vie et les ont portés pendant une semaine jusqu'à que l'employeur nous dise : "Ok, sont corrects vos t-shirts". Encore une fois, était-ce l'expérience la plus gratifiante de ma vie? Non, mais c'était amusant, ça coûté quelques dollars et ce fût surtout très efficace. Pas de grève, pas de fonds de grève et un règlement en une semaine.
- Les dix années suivantes, j'ai été travailleur autonome. J'ai moi-même négocié chaque contrat. Ou parfois j'acceptais ce qui était offert et quand l'inflation nous rattrapait, j'en demandais davantage. Si ça bougeait pas, j'avais le choix de faire mon deuil et de continuer pareil (quand le contrat était ben l'fun) ou de me trouver autre chose de plus payant pour remplacer. J'ai pas mal fait les deux pendant dix ans. Évidement, plus t'as de contrats en même temps, mieux ça se jongle. Bref, encore là pas de niaisage, pas de grève, pis au lieu de payer des cotisations, cet argent-là allait en REER. Je dis ça, mais m'empresse de préciser que je suis sûr que t'as un meilleur salaire que moi et que PL pis Ring0 ont dix fois plus de placements que moi.
- Faque là dans mon histoire, j'ai 45 ans. J'ai payé de l'impôt toute ma vie, des taxes municipales, des taxes scolaires, des assurances, pis un million d'autres affaires (bon peut-être pas un million). Tout sauf des cotisations syndicales. Premier jour à mon entrée dans la fonction publique (j'ai déjà fait plusieurs métaphores là-dessus, en voici une autre), on me dit :
- Tiens mon pit, voici une canne, tu vas pouvoir t'appuyer dessus quand tu marches.
- Euh, j'ai pas besoin de canne, je marche tout seul depuis que je suis tout petit, mais merci.
- Nenon, ici tout le monde marche avec une canne, pis toi aussi.
- Ah ben coudonc, ok debord.
- Ça va faire 20$.
- La canne coûte 20$?
- 20$ aux deux semaines.
- Pis je finis de la payer quand?
- Jamais.
- Ah ben toi mon vieux tabarnouche!
Pourquoi tu ne parles pas de la contrepartie?
On négocie encore des augmentations de 10-15-20% ces temps-ci.
- Ok, parlons-en. La seule fois en huit ans où
j'ai eu besoin de ma canne c'est ce que j'écrivais plus haut :
Les employés du secteur A, B et C ont eu 12%. Nous qui sommes dans les secteur D on nous offre 12%, alors on vous recommande d'accepter 12%. Ce n'est pas de genre de discours qui me fait croire que mon syndicat en particulier négocie ben ben fort, tsé. Mais oui, depuis six mois vous donnez une esti de go, je veux bien l'admettre (j'espère que tu m'auras lu jusqu'ici) et oui on va en bénéficier. On en arrivait au point où c'est excessivement pénible de garder notre monde, alors c'est toujours ça de pris.
- Ceci dit Snookey, il y a un envers de la médaille que tu ne vois pas ou chose certaine beaucoup moins que quelqu'un qui est sur le plancher. Tu as déjà écrit que "ça fait chier de défendre une pomme pourrie" ou quelque chose du genre. C'est l'un des deux gros bémols de travailler dans la fonction publique. On peine à garder notre monde en raison des salaires (vous avez régler ça pour un bout, bravo!), mais aussi en raison des pommes pourries. Voir ta/ton collègue abuser du système et étirer l'élastique au maximum, n'a non seulement rien de très motivant, mais quand on voit que ça se fait sans conséquence tellement les syndicats sont puissants et qu'on ne peut rien faire, ça devient un irritant majeur. Heureusement, deux-trois pomme pourries n'ont pas le pouvoir de contaminer le panier au complet. La très grande majorité des gens est assez intègre pour ne pas se laisser entraîner là-dedans, mais ça reste que si le voisin se la coule douce, c'est toi qui
pick up the slack et c'est d'autant plus enrageant. Pis c'est faux de dire que comme on n'est pas dans la construction, on ne mangera pas de tape su'a yeule. Si les gestionnaires ont peur des griefs, les employés ont peur des représailles. Je ne peux pas te prendre au sérieux si tu ne crois pas ça.
- Bref (dit-il après avoir écrit l'un de ses plus longs messages à vie), si je voulais résumer mon impression du syndicalisme (basé sur 8 ans en 30 ans sur le marché du travail, rappelons-le) je dirais que tout ce que j'ai entendu de jokes et de commentaires désobligeants sur les fonctionnaires dans ma vie, ça s'applique non pas au simple fonctionnaire, mais au fonctionnaire-syndiqué-qui-connaît-sa-convention-sur-le-bout-de-ses-doigts-ainsi-que-tous-les-antécédents-qui-ont-été-accordés-à-Pierre-Jean-Jacques pour en faire le moins possible. Ces gens-là sont somme toute peu nombreux, mais ils existent, tirent du jus comme t'as pas idée, et je paie de ma poche chaque deux semaines pour les protéger.
Tout le reste, je vais m'en accomoder, ne serait-ce que pour nous sauver du temps à tous les deux ici.
Idem pour le tramway.
On essaiera de se trouver des sujets plus consensuels.