J'allais dire comme Plume, c'est une question de principe.
Je constate qu'il y a une différence importante à ce sujet.
Pour moi, un principe qui a besoin d'exceptions, c'est pas encore tout à fait prêt. Il a besoin d'être mieux ajusté, peut-être déplacé, mais il doit forcément pouvoir nous guider dans toutes les circonstances.
Ce qui n'est pas la même chose que d'obéir en tout temps au principe. Par exemple, si on a le principe de ne pas crier sur les enfants, on peut déroger au principe, parce qu'on a moins le temps, moins la patience, qu'il y a d'autres enjeux à ce moment là, mais si on le fait, on le sait qu'on déroge. Il ne s'agit pas d'une «exception au principe» comme si le principe était beeeen élastique, il s'agit d'une dérogation ponctuelle, qui peut être plus ou moins justifiée selon les circonstances.
Si notre principe c'est que les mots ne sont jamais blasphématoires ni interdit en eux-mêmes (et que, selon le mot de Confusius, le mot «chien» ne mord pas), et qu'on doit tenir compte du contexte et de l'intention pour voir s'il y a eu un dommage réel, ça ne veut pas dire qu'on peut déroger parfois, par compassion. Si on sait qu'une personne est particulièrement affectée par un mot, on peut fort bien faire une dérogation ponctuelle, tout en sachant que ce n'est pas idéal, que ça déroge au principe.
Rien à voir avec ce dont parle MadChuck, avec des mots que certains citoyens peuvent dire et d'autres non en fonction de leur couleur de peau. Il n'y a aucune place pour ce genre de choses dans ma réalité parce que ce n'est pas le rôle des mots de faire ça. Pas de place non plus pour se créer des règles sans principes cardinaux, au cas par cas, selon le sens du vent. C'est peut-être un peu la différence entre le système common law anglais et le système code civil français.
Parce que sans principes, (ou avec des principes élastiques) on entre dans l'arbitraire, et que l'arbitraire par compassion se transforme vite en arbitraire de la loi du plus fort.