Comme vous le saviez peut-être (ou pas) j'ai longuement abusé de la générosité de Berslak pour les lifts en fin de soirée puisqu'on était deux rares forumeux de l'est. Je crois que c'était après la game de cosom à Québec, il était tard puisqu'on revenait à Montréal le jour même. On avait faim et on s'arrêta à un McDo dans le coin de Berthier ou un peu avant. J'étais encore étudiant à l'époque, alors les McDoubles à 1$ étaient un excellent rapport calories/prix.
Lorsque Berslak a demandé son trio Big Mac, la caissière reste figée un long moment puis chuchota:
"Pas maintenant. Ça fait 200 ans."
Ber était confus, il a redemandé un trio Big Mac. Peine perdue, la caissière restait les yeux figés sur Ber.
Le restaurant était vide à part elle et ce que j'assume le gérant qui arriva peu après. Immédiatement le processus de commande continua normalement. Comme si le courant était revenu dans son cerveau. Sauf pendant qu'on mangeait, Ber me confia que la caissière lui avait fait des menaces de partir sans rien dire de plus pendant qu'elle lui donnait son cabaret.
À ce moment j'étais super fatigué. Après le cosom et les bières jusqu'à la presque fermeture des bars. On avait commandé une pizza au jambon (c'était la grosse joke de l'heure) qui était jamais arrivée facque j'avais faim et j'étais fatigué. Trop fatigué pour porter attention à une caissière weird du shift de nuit.
Trop fatigué pour porter attention au couteau, dans le parking quand on est sorti. La caissière avec une lame au cou de Berslak. J'avais pas de cellulaire et il faisait noir à part du spot de lumière de parking. J'ai pensé courir à l'intérieur mais la lame au cou était un bon dissuasif.
Berslak a demandé si elle voulait nos portefeuilles. Le reste est gravé dans ma mémoire. Fight-or-flight oblige.
"Tu me prends-tu pour une conne?"
"Nonon, mais je peux pas t'aider si tu me dis pas ce que tu veux." Ber réussit à répondre.
"Il me reste combien de temps?"
"Hein, avant quoi?"
"Prends moi pas pour une conne, avant qu'ils reviennent finir la job."
Ensuite j'ai plaidé pour qu'elle retire le couteau de sa gorge. Elle ne me regarda même pas.
"Pis c'est qui lui?"
On était aussi tendu qu'incrédule.
Puis la sirène de police au loin. Ce n'était pas pour nous, ça venait de la 40 tout proche. C'était suffisant pour qu'elle déguerpisse.
On était trop sous le choc pour en parler sur le chemin du retour. Je me disais que ça devait être juste un bad-trip?
Les jours ont passé et on est jamais revenu sur le sujet. Mais j'ai commencé à remarquer des choses étranges avec Berslak.
Pourquoi changeait-il d'adresse aussi souvent?
Certaines personnes réagissaient drôlement à ses paroles. Je n'ai jamais été témoin de quelque chose d'aussi étrange que la caissière mais j'avais souvent l'impression que quelque chose était off.
Mon implication accidentelle à l'affaire McDo m'a causé des problèmes par la suite. J'ai jamais tout été capable de tout comprendre.
Maintenant qu'il est banni du forum, je sais ce que ça implique.
C'est pourquoi je peux maintenant partager une partie de cette histoire sans risque.
Je veux simplement que vous sachiez que Berslak va bien.
Il a gagné.