Simone
N'étant pas le plus grand amateur des sujets de voyages, je suis complètement passé à côté de cet épisode. Je me lance...
Vous faites comment pour passer à l'acte de prendre des vacances?
Mon truc, c'est de me placer dans des situations où je suis constamment surmenée et à bout de nerfs au point où prendre des vacances devient le moins pire des choix entre "vivre comme ça pour toujours" ou "prendre une pause avant de péter au frette". Je ne recommande pas nécessairement cette technique.
Il y a en effet beaucoup de surmenage/pétage au frette depuis la pandémie. Et bien souvent, de simples vacances ne suffisent pas. Les gens reviennent au travail pas entièrement reposés/guéris et ça recommence très vite. Aussi le fait qu'il peut y avoir de l'abus dans le lot, une minorité des cas certes, mais qui devient un irritant majeur pour le reste des gens en place, lesquels doivent mettre les bouchées doubles afin de compenser ces absences (un peu comme l'histoire de ton subalterne que tu racontes plus bas).
Then again, dans mon état actuel d'épuisement "post" burnout (ahah.), voyager est hors de question, je rejoins 100% dalporto sur le concept que voyager c'est aussi une série de stress - avec lesquels je compose bien quand je suis dans mon état normal, mais il y a quand même quelques années que je n'ai pas fréquenté mon état normal, c'est possible que ce soit parti pour toujours aussi, who knows - pour lesquels je n'ai juste pas la résilience en ce moment.
Eh cibole, j'en ai manqué tout un bout. Je compatis, Simone. Je t'ai mis des +1 un peu partout. Ils ne changeront rien à ta vie, mais bon... Pour en revenir à ce que tu dis, oui, sans vouloir jouer les défaitistes, y a comme un concept assez clair de batterie que si on décharge totalement, on n'arrive plus à recharger au complet. Un peu comme quelqu'un qui fait de l'asthme et n'a pas accès à sa peine capacité pulmonaire. Ces gens demeurent constamment épuisé à 10%, par exemple, et ne peuvent remonter au-dessus de 90%. J'ai vu ça souvent. Et je parle des 30 dernières années dans différents contextes. Des gens qui essaient parfois de mettre ça sur le compte de la vieillesse, mais demeurent pourtant en pleine santé physique même s'ils sont épuisés mentalement.
Je rejoins aussi dalporto à 100% sur le fait que des fois, t'as juste besoin d'avoir le cul dans le sable à te faire nourrir par des gens qui vont gérer eux-mêmes leur propre vaisselle sale, et c'est un excellent projet de vacances si ça correspond à tes besoins - et c'est la raison pour laquelle je vais (essayer) de guérir en Jamaïque cet hiver.
Ça peut parfois marcher. Mais parfois, ça prend aussi un examen de conscience. Est-ce qu'après ces vacances je vais revenir comme avant ou si je vais m'effondrer dans six autres mois? Un de nos gestionnaires a récemment eu le guts de demander une démotion. Il lui reste moins de 10 ans, sa retraite est déjà planifiée, et voyant plein de monde péter au frette autour de lui, il s'est dit qu'il allait ralentir avant de les rejoindre. Chapeau, vraiment.
De mon côté, y'a clairement une composante pandémie qui a eu un impact important... je pense que je suis encore en adaptation à nos nouveaux modes de vie. Contrairement à beaucoup de mes collègues, j'ai trouvé ça vraiment difficile de me retrouver en télétravail du jour au lendemain, et l'aspect "routine de bureau" me manque encore énormément. Je pourrais bien sûr aller au bureau plus de 2-3 jours par semaine comme je le fais maintenant, mais il y a des journées où je n'ai AUCUN collègue de proximité
Je te rejoins en partie là-dessus. Je vais parfois au bureau trois ou quatre jours par semaine, voire cinq. Même si je pouvais demeurer en télétravail tout le temps, je ne le ferais pas. Ceci dit, oui, je me suis merveilleusement adapté à ça dans le sens où une partie de ma job se fait mieux en présentiel en interragissant avec mes collègues et l'autre chez moi où je peux avoir la paix et me concentrer. Je suis rentré une seule fois où je n'avais pas de collègue à proximité et, oui c'est aussi long qu'inutile.
(d'ailleurs, on a finalement engagé quelqu'un pour combler le poste de mon subalterne qui était vacant depuis février et que j'ai occupé en plus du mien jusqu'à ce que je parte en arrêt de travail
Tu peux ben être brûlée...
et ce collègue est basé à Québec, faque... je n'ai que des collaborateurs au bureau, jamais d'équipier), donc ça devient difficile de justifier les coûts que ça implique pour finalement prendre des meetings sur Teams toute la journée, et on dirait que les gens se sont habitués à ce que le travail soit maintenant une longue suite de réunions virtuelles avec jamais 5 minutes pour faire pipi ou aller se prendre un verre d'eau.
Faut mettre son pied à terre contre des meetings Teams toute la journée. Oui, parfois il arrive qu'on ne peut y échapper, mais la plupart du temps, nous on s'évite ça. Bien sûr on pourrait passer nos journées là-dessus si on le voulait, mais juste moi après deux heures, je suis pu capable. Au-delà de ça, je pousse fort pour qu'on fasse ça au bureau dans une salle et je ne suis pas le seul.
Et parce que le trois-quart des personnes est toujours à distance, on ne peut plus juste "poper" dans une salle de réunion avec un cahier et un crayon pour prendre des notes et se concentrer sur ce qui se passe, il faut toujours être un peu loggé sur Teams en train de répondre aux infos qui s'échangent dans le chat en plus de ce qui est dit et ce qui est projeté à l'écran... plus personne ne semble être attentif, toujours en train de répondre aux courriels au moment où ils arrivent, répondre aux messages sur Teams dès qu'on est interpellés, en train de faire 3-4 affaires en même temps comme si c'était une façon normale de travailler, personne ne prépare ses réunions non plus, on ne reçoit plus de minutes de meeting de rien, c'est comme si plus personne ne prend le temps de réfléchir avant d'exécuter une tâche, puis moi, j'ai un travail de stratège et j'ai BESOIN de penser à mes affaires pour avancer. Bref. Je suis vraiment inconfortable dans ce nouveau paradigme du travail, et ça ne semble pas près de s'améliorer.
Oui, cette maudite manie d'organiser des réunions pour 1001 raisons, et sans ordre du jour. J'ai appris il y a environ un an que dans une organisation, les réunions ils appelaient ça des "interruptions de travail" pour conscientiser les gens au fait que si toi ça t'arrange de convoquer des gens, eux ça les dérangent. Sans que ce soit une formule magique, depuis qu'on pense en ces termes, le monde est un peu plus respectueux de l'horaire d'autrui.
L'autre aspect, c'est d'avoir deux enfants neuroatypiques avec des esties de cerveaux de formule 1 et de ne juste pas être capable de répondre à leurs besoins incessant de stimulations, ce qui devrait s'améliorer au fur et à mesure qu'elles prennent en autonomie et deviennent meilleures pour s'auto-réguler (juste voir la différence entre la grande et la petite me redonne un peu de courage par rapport à ça).
J'imagine que ça va finir par se placer, mais c'est pas exclu que je crisse toute ça là puis que je m'en aille vivre dans le bois (avec les enfants, aussi insupportables soient-ils).
Ou peut-être crisser toute ça là pour autre chose avant de t'endommager davantage? S'il y a quelqu'un qui a du potentiel ici c'est bien toi. Je suis convaincu que tu peux te trouver autre chose en claquant des doigts même si c'est déstabilisant. Si tout se passe bien, je vais moi-même faire le move en début d'année, et ce, malgré que j'aime ma job, que j'ai la meilleure boss de ma vie et plusieurs super collègues auxquels je suis attaché. Je préfèrerais garder ces derniers plutôt que d'aller "me faire de nouveaux amis", mais le poste est trop beau et me permettra d'accéder à une meilleure retraite. Tes raisons de changer seraient différentes des miennes, mais je te le souhaite si c'est la solution.