J'ai lu A Thousand Brains: A New Theory of Intelligence. En voici un résumé.
Le livre est très bien comme introduction à l'état actuel de la neuroscience. On y parle principalement des nouvelles découvertes de Numenta, la compagnie de l'auteur. C'est très haut niveau, pour les détails plus techniques il faut se référer aux études en références.
La deuxième moitié du livre est inutile et hors-sujet. Clairement un cas d'éditeur qui demande un certain nombre de pages. Je l'ignore dans ce résumé.
ILe néocortex est comme une grosse napkin pliée sur elle-même par-dessus le cerveau primitif.
Les structures neuronales sont identiques partout dans le néocortex. On en conclue que toutes les composantes de l'intelligence humaine comme la vision et le langage utilisent le même algorithme. Lorsqu'on connecte des méthodes de saisie différentes au néocortex il en résulte des sortes différentes d'intelligence.
On ignore en quoi consiste l'algorithme de base du cerveau, on sait seulement où il s'exécute. Cela contraste avec la théorie de l'évolution de Darwin: l'ADN et son rôle ont été confirmé en 1952, mais Darwin a découvert l'algorithme bien avant.
Les cellules du néocortex s'assemblent en milliers de structures ressemblant à des colonnes: les
colonnes corticales. Entre 150,000 et 2 million selon les estimations et la façon de les catégoriser.
IILes neurones sont les cellules du cerveau. Les neurones sont comme un arbre. Les dendrites sont des branches qui recoivent des données. L'axone est la branche produisant des données en sortie, connectée à des dendrites d'autres neurones.
Physiquement, l'échange d'information entre dendrites et axones se fait par un processus appelé potentiel d'action, un pic d'électricité.
Les pensées, les idées, tout est le résultat de l'activité des neurones. Tout est enregistré dans le réseau de connections entre les neurones.
Le cerveau créé un modèle du monde. Il se sert de ce modèle pour faire des prédictions.
IIIL'ancien modèle du cerveau est appelé input/process/output (IPO). Il considère le cerveau comme une machine recevant des données de différents organes, les traite et produit des données en sortie qui font bouger un bras ou whatever. Ce modèle est mauvais.
Le cerveau n'a pas de zone centrale de traitement de données. Tout se passe au niveau des colonnes corticales. Le modèle du monde se trouve dans les neurones de chaque colonnes.
Une prédiction est ce qui se passe lorsqu'un neurone reconnait un motif dans ce qu'il reçoit des entrées sensorielles. Cela crée un pic au niveau du dendrite et le neurone devient alors prêt à réagir plus tôt que les autres neurones. Chaque neurone peut reconnaitre des centaines de motifs dans ses synapses dit distants (loin de son centre).
Si la prédiction s'avère vrai, c'est à dire que les données additionnelles des entrées sensorielles attendues sont reçues, alors seulement la neurone préparée devient active. Les autres neurones ne sont pas activées; nous ne devenons jamais conscient de toutes les prédictions qui échouent continuellement.
Lorsqu'une prédiction échoue, toutes les autres neurones sont activées et le modèle est mis à jour. On en devient alors conscient. Par exemple, lorsqu'on s'apprête à toucher une tasse qu'on sait déjà faite en céramique, les neurones prédisant la sensation de céramique sont préparées. Si la texture reçue est plutôt celle du bois on en devient immédiatement conscient.
Ce processus fonctionne bien pour les séquences et concepts simples, mais que ce passe-t-il lorsque les entrées sensorielles sont en changement à cause de notre propre mouvement? Le cerveau crée un système de références fixé aux objets.
IVLe système de références est utilisé dans le vieux cerveau chez la plupart des mammifères. Il est implémenté sous une structure de
cellules dites de grille pour localiser l'animal dans l'espace.
Un système similaire est présent dans chaque colonne corticale du cerveau humain.
VToutes les connaissances sont enregistrées sous forme de références. La pensée est une forme de mouvement entre les références.
1. Les cellules grilles (système de références) sont présentes dans chaque colonne corticales du néocortex.
2. Le système de référence est utilisé pour modéliser tout ce qu'on sait, pas que les objets physiques.
3. Toute connaissance est enregistrée relativement à des cadres.
4. Penser est une forme de mouvement. Penser se produit lorsque les neurones invoquent l'un après l'autre les indirections des cadres de références.
Le cerveau possède deux systèmes pour la vision: le où et le quoi. Il est possible de couper un système spécifique chez une personne. Elle est alors capable d'identifier un objet mais pas de dire où il est, ou vice-versa.
L'enchevêtrement de neurones pour les systèmes où et quoi sont identiques dans les colonnes corticales. La seule différence est ce qui utilisé comme cadre de référence: le corps ou l'objet/le concept observé. L'utilisation d'un cadre spécifique est déterminée par l'origine des données en entré.
Le système de références est utilisé pour les concepts aussi. Par exemple dans la méthode des loci (palais de la mémoire), on attache des concepts à un modèle interne d'un endroit physique qu'on connait bien. En parcourant mentalement cet endroit, on y trouve les références aux concepts rajoutés.
Les références dans le vieux cerveau modèlisent une carte de l'environnement.
Les références dans les colonnes quoi du néocortex modèlisent les objets physiques.
Les références dans les colonnes où du néocortex modèlisent l'espace autour du corps.
Les références dans les colonnes non reliés aux sens du néocortex modèlisent les concepts.
VILa théorie des mille cerveaux:
La connaissance dans le cerveau est distribuée. Rien n'est enregistré uniquement dans une colonne, ou n'est disponible dans chacune.
Pourquoi avons-nous une perception unique si le cerveau contient des milliers de modèles?
Chaque colonne appropriée atteint un consensus par un système de vote.
Nous ne devenons conscient du consensus que lorsqu'il est stable.
Les illusions d'optique en sont un exemple simple.
Lorsqu'on regarde une image, l'oeil bouge en une série de saccades et l'image stable est produite par consensus de toutes les colonnes corticales qui recoivent des données. Dans le cas de la fameuse image de
la madame qui tourne, il n'y a pas assez d'information pour atteindre un consensus fort sur la direction de la rotation. Juste un changement d'information mineur comme bouger la tête peut suffire pour changer la direction de rotation perçue.
VIILa façon que le cerveau modélise l'information reçue est intimement lié à notre identité et nos croyances: à notre conscience.
L'accessibilité aux pensées et actions antérieures est ce qui nous procure la conscience. La continuité de cette conscience dépend de notre capacité à continuer la formation de mémoire, d'expériences et les rejouer en traversant notre palais de références continuellement.
Au sujet des qualia: puisque toute sensation est le produit de pics électriques identiques, dans un système de références identique, pourquoi la sensation de voir est différente de toucher? Pourquoi certains pics procurent de la douleur et pas d'autres?
Les qualia font partie du modèle du monde du cerveau. Certains sont appris par le mouvement, similaire à comment on apprend les objets.
Ce n'est pas tous les qualia qui sont appris. La douleur est innée, elle fait partie de l'ancien cerveau, hors du néocortex.
La conscience est un phénomène physique. Les machines qui fonctionnent sur les mêmes principes que le cerveau auront le même phénomème. Les systèmes d'IA actuels ne fonctionnent pas comme ça.
Il n'y a aucun problème moral à propos d'une machine intelligente consciente tant qu'on ne lui donne pas non plus des émotions humaines. Les émotions comme la peur ou la joie sont créées par les neurones du vieux cerveau qui produisent des hormones dans le reste du corps. Le néocortex peut aider le vieux cerveau à cette production mais sans le vieux cerveau, les émotions ne peuvent exister.
Avant de découvrir l'ADN, la vie nous semblait aussi mystérieuse que la conscience actuellement. Éventuellement on a été capable de comprendre la vie biologiquement et chimiquement. Les vieux concepts comme l'élan vital sont disparus.
La même chose va se produire avec la conscience. Éventuellement on va comprendre que n'importe quel système qui apprend un modèle du monde, le met à jour continuellement et qui accède aux enregistrements est conscient.