Peut-être que je me suis mal exprimée, mais là où je considère que je me suis trompée, c'est quand j'oppose la relative uniformité musicale de Do They Know it's Christmas vs la richesse éclectique de We Are The World. J'ai dit: c'est une chose que tous les solistes soient des hommes, mais en plus, ils sont tous assez proches dans leur style, c'est ça qui m'étonne et qui ne m'avait pas frappé avant. Peut-être que j'y étais moins sensible quand j'ai découvert ces chansons (pas en 1984, tu t'en doutes bien, mais au tournant des années 2000).
Si cette chanson était faite aujourd'hui, je serais outrée qu'on n'ait pas fait l'effort d'y inclure des femmes solistes (tu imagines un Do They Know it's Christmas 2020 sans inclure Adèle mettons?! y'aurait de quoi mettre le feu), mais je ne considère pas que parce que ça n'a pas été fait il y a 35 ans, la chanson est mauvaise. Si tu regardes bien, j'avais mis une petite grimace après mon commentaire sur le fait que tous les solistes étaient des hommes, ce n'est vraiment pas un critère pour juger les chansons entre elles. Par contre, j'aurais aimé qu'on analyse pourquoi l'inclusion (des genres et des ethnicités, disons) semblait si naturelle chez les Américains et complètement absente chez les Anglais. Il y avait pourtant énormément d'activisme au niveau de la valorisation des ethnicités culturelles en Angleterre, avec Birmingham qui s'est dotée très tôt du premier centre universitaire de recherche sur les Cultural studies, dès le début des années 70, alors que c'était inexistant aux États-Unis à la même époque. Pour moi, c'est quand même intéressant de regarder le tout à rebours. Ça ne veut pas dire que je pense que la valeur de l'oeuvre doit être teintée par cette analyse socio-historique du contexte conturel.
Comme je ne propose pas qu'on cesse de donner accès aux films de Woody Allen ou de Roman Polanski avec ce qu'on sait aujourd'hui (en plus, j'ai longtemps été ambivalente dans le dossier Polanski, ce sont les nouvelles accusations qui ont fait surface qui m'ont fait changer d'idée), mais personnellement, je vais m'abstenir de les consommer. Je ne vais pas brûler mon DVD de Ghost Writer parce que c'est un de mes films préférés de la dernière décennie, mais ça se peut que j'arrête de le recommander aux gens même si c'est bien bon. Tu vois ce que je veux dire?
Quand je disais: ce n'est pas une excuse de dire qu'on trouvait ça drôle il y a 20 ans (Homer qui est gavé en enfer ou Fat Monica, ceci importe peu), ce que je veux dire, c'est que maintenant, nos sensibilités culturelles ont changé et je m'attends à ce qu'on fasse mieux. Donc, comme mentionné plus haut, si Do They Know it's Christmas était faite pour la première fois aujourd'hui, je m'attendrais probablement à plus de sensibilités aux enjeux de diversité et d'inclusion.