Oui c'est bien sur xénophobe d'avoir peur d'une immigration qui ne vote pas du bon bord ou qui ne veut pas d'un Québec indépendant, c'est la définition:
xénophobe : Principalement motivée par la peur de l’inconnu et de perdre sa propre identité
Non, les mots qui se terminent en «phobe» ou «phobie» traitent de peur et de haine irrationnelle, motivé par l'ignorance ou une émotivité quasi pathologique. Comme dans arachnophobe ou agoraphobe. Par extension, on l'utilise aussi pour décrire des atteintes aux droits humains et des hostilités motivés par la discrimination (un peu l'équivalent de racisme, sexisme, antisémite).
Ce qui est un abus de langage, c'est justement de considérer que tout discours qui soit contre l'immigration, en faveur de la baisse des seuils, ou même, tout discours qui soupèse des éventuels inconvénients à l'immigration serait xénophobe au sens mentionné. L'immigration est un enjeu politique comme tous les autres, comme la légalisation du pot, la fiscalité, les armes à feu, le salaire minimum. Comme tous les enjeux, il y a des avantages et des inconvénients, des intérêts qui sont favorisés et d'autres qui sont défavorisés, etc. Même la couleur de la margarine est un enjeu où des gens ont trouvé matière à discuter des pours et des contres, et ça affecte beaucoup moins notre société. Il n'y a aucune raison pourquoi l'immigration serait un enjeu à part, qui n'a que des points positifs, et que tout contre-discours relèveraient d'une sorte de phobie. C'est ridicule à sa face même.
Maintenant c'est une bonne occassion de ne pas utiliser le mot comme une insulte ou un outils pour clore le débat, comme si c'était immédiatement mal d'être xénophobe, non seulement c'est naturel, mais vouloir préserver une diversité de mode de vie (ce sentiment va se transformer habituellement en xénophobie), peut-il avoir un désir d'intégration qui va au délà de l'économique sans xénophobie ?
C'est pas nécessairement mal d'être xénophobe, du moins, si c'est pas intentionnel. Mais on ne basera pas nos choix de société sur ce genre de sentiment ok?
Moi je veux préserver la différence des peuples minoritaires du monde y compris le Québec et je ne suis certainement pas xénophobe. Je serais même plutôt xénophile, les cultures du monde me fascinent et j'essaie d'en savoir toujours plus sur leurs histoire et leur situation. J'ai appris une chanson locale d'une 20aine de peuples, y compris en arabe, en portugais brésilien, en sanskrit, en anisnabeg, en créole haïtien, en slave, en yiddish et en mandarin, et c'est toujours un immense plaisir partagé quand je joue une toune de son pays à quelqu'un qui arrive au Saguenay, de passage ou pour s'établir. J'essaie d'en avoir au moins une nouvelle par année.
L'enjeu des seuils d'immigration et de leur intégration n'a rien à voir avec une phobie. J'écoutais Viviane Barbeau (ex-députée bloquiste d'origine haïtienne) aux Grands entretiens tout à l'heure, et elle disait la même chose que bien du monde, au sujet que les coupes dans les organismes et les classes d'intégration, et l'embauche de gens qui viennent à peine d'arriver et qui ne connaissent presque rien du Québec pour intégrer ceux qui viennent juste d'arriver, ça mène à un échec. Boucar Diouf a déjà dit que les seuils d'immigration les plus importants du monde en proportion à la population n'aident pas ceux qui sont déjà arrivé à s'intégrer comme du monde, et à ne pas gaspiller, pour eux et pour le Québec, tout le potentiel qu'ils ont amené. Il n'y a aucune espèce de phobie dans ces discours là.
Dogma joue le jeu des censeurs et moralisateurs à deux cennes, et il insulte gratuitement les autres, rapetisse le débat - à moins de réussir à l'étouffer - et augmente la confusion et la polarisation au lieu de la dissiper, et tout cela en se drapant de vertu. C'est un discours à la mode, mais c'est pas solide ben ben.