Simone et moi sommes allés voir Mayhem, Watain et Revenge hier au Club Soda. Du bon bruit, bien bon bruit, malgré les retards sur l'horaire à cause des scénographies élaborées des groupes, mysticisme black metal oblige.
Revenge est un groupe canadien de grindcore avec des touches de death et de black. Un assaut sonore non-stop pendant une demi-heure, assez hermétique, fait pour créer des mosh-pit mortels. La foule semblait un brin indifférente à l'énergie punk du groupe : ils étaient vraisemblablement venus pour une communion avec les forces des ténèbres. On ne déjoue pas les attentes impunément des disciples. Ah oui : c'est là qu'on a appris qu'il ne fallait pas applaudir dans les shows de métal, juste crier son approbation virilement. Simone et moi, on trouvait ça bien drôle. Du ben bon rock d'Uruk-hai (comme l'a si bien dit Simone). Trivia : ils viennent de la province de Stephen Harper.
Watain : Des malades. Leur show s'est présenté comme une messe noire. Sur la scène, des squelettes, des oriflammes mystiques aux couleurs de leur band. La scène s'ouvre, vacante. Un mélodie funèbre s'élève, enveloppe le public, le prépare à la communion. La procession des musiciens entre, sentencieux. Mouvements rituels : ils se signent, se prosternent devant un autel. L'attention de tous est happée. Quel sens du spectacle ! Ensuite, ils garrochent l'intense Legion of the black light. Catharsis ! Le chanteur, comme l'a dit un de nos amis, a bien intégré les codes du rockstar. Il danse, interagit avec la foule. Quel enthousiasme ! Quel magnétisme ! Par contre, petit problème de momentum dans la setlist : ça se calme trop vite avec les tunes poches de leur dernier album, l'attention se relâche. Mais bon : ils finissent par Sworn to the dark et Maelfator, fait qu'on refait le plein de furie satanique. On est pas mal de bonne humeur. On en a eu pour notre argent. Trivia : Que les craintifs se rassurent : ils n'ont pas utilisé, contrairement à ce que la légende raconte, de têtes de porc pourries pour déstabiliser le public. Juste une tête de chèvre morte, mais on ne sait pas si elle était réelle.
Mayhem : Interlude interminable pour le changement de décor et le soundtest. Scénographie minimaliste, mais inégale : le chanteur et un guitariste sont déguisés, les deux autres sont en jeans-t-shirt-noirs. Bizarre. Immenses toiles au logo chargé et tranchant de Mayhem, qui doit être le modèle pour les logos que griffonnent quotidiennement des milliers d'ados dans leurs cahiers d'école. On mise ici sur le dénuement, la pureté, inhérents à l'ethos du métal norvégien dont Mayhem est l'un des pères. Ils lancent d'ailleurs le bal avec Deathcrush, de leur premier album, quand Euronymous et Dead étaient encore parmi nous. Le chanteur est en voix, les musiciens sont en forme. Jeux de lumière intéressants : à la fois scintillantes, soulignantes et aveuglantes, les lumières structurent le regard du public, et conditionnent par conséquent sa réception de la performance du groupe. Le chanteur est étrange : il ponctue l'interprétation de mouvements robotiques, comme s'il était un zombi, ou frankenstein. L'avatar de forces obscures ? Pantin de l'aliénation ? Ce n'est pas clair. Nous sommes partis avant la fin pour éviter la cohue au vestiaire, vu que nous avons pu cocher "voir Mayhem live" sur notre liste de choses à faire avant de mourir.
La question de la soirée, sur le chemin du retour : "Comment tu penses qu'ils sont le dimanche matin quand ils se lèvent ? Penses-tu qu'ils mangent des oeufs bénédictines ? C'est bon, des oeufs bénédictines."