Le fait que la réunion du comité sur les langues officielles du Québec ce passe en bonne partie en Anglais parce que quelqu'un née au Québec, éduqué jusqu'à la maîtrise au Québec, élu dans le système politique au Québec et ne parle pas tellement français dans le contexte est un peu drôle, mais oui ça semble un cas de lire dans les propos et le langage non-verbale la pire interprétation possible, ce qui n'est pas nécessairement la mauvaise interprétation vu l'historique de ses propos.
C'est une question qui se demande bien sur, mais lit les rapports et apporte pourquoi tu as des doutes.
C'est parce que tu comprends mal le mandat de la Loi sur les langues officielles (pas mal tout le monde, ce n'est pas une critique), qui vise à s'assurer que tous les Canadiens puissent avoir des services et de la formation dans la langue officielle de leur choix, même lorsqu'ils ne constituent pas la majorité linguistique d'une communauté. Il y a des critères précis qui déterminent, en fonction du nombre de locuteurs sur un territoire, l'obligation du gouvernement fédéral de fournir un point de service où des employés peuvent s'exprimer dans les deux langues et d'émettre des communications dans les deux langues officielles pour ce territoire donné. La plupart du temps, il suffit de 500 locuteurs qui déclarent utiliser l'autre langue officielle (que celle de la majorité linguistique sur le territoire donné) pour qu'on attribue le statut de CLOSM (communauté de langues officielles en situation minoritaire). Avec ces critères, ceci dit, il y a même des CLOSM dans le Grand Montréal (chez vous, à Vaudreuil, ça en est une, par exemple), et en fait, il y a seulement deux régions au Québec dans lesquelles on ne retrouve pas de CLOSM (Bas-Saint-Laurent et Saguenay-Lac-St-Jean), donc le gouvernement fédéral fournit des services bilingues presque partout dans la province, même si la langue officielle de la province est le français. Pour les francophones hors Québec, c'est une planche de salut, parce que cela permet à de très petites communautés de pouvoir continuer de vivre en français. Pour les anglophones du Québec, c'est un peu différent, parce qu'on ne peut pas considérer que la minorité linguistique du Québec (les anglophones) est menacée, même qu'historiquement, elle a des privilèges que n'ont pas du tout les francophones hors Québec. Mais ce n'est pas le rôle de la Loi sur les langues officielles de favoriser la majorité linguistique d'une province, c'est plutôt à la province de mettre en place les institutions nécessaires pour protéger et promouvoir la langue qu'ils ont choisi comme langue officielle. Et il y a le ministère du Patrimoine canadien qui fait aussi quelques activités de promotion de la langue, mais surtout de la diversité linguistique, puisque c'est ça, le "patrimoine canadien". D'ailleurs, il y a un débat exploratoire en chambre aujourd'hui sur le déclin du français à Montréal, et c'est Patrimoine qui va coordonner les interventions.
Bref, tout ça pour dire que le mandat du comité permanent des parlementaires sur les Langues officielles, c'est de voter les budgets, les politiques et les initiatives qui touchent la LLO, et la majorité du temps, c'est pour appuyer des initiatives qui favorisent les CLOSM, donc les anglophones au Québec. En ce sens, c'est tout à fait cohérent que Lambropoulos ait été choisie comme représentante du Québec dans le comité sur les Langues officielles, parce qu'elle représente exactement les intérêts des CLOSM québécois. Aussi, les discussions ont lieu en anglais dans l'extrait, mais elles ont aussi lieu en français, il y a de l'interprétation disponible pour les parlementaires pour tous les comités.
Comprends-moi bien: qu'une personne née au Québec, vivant au Québec et scolarisée au Québec, puisse ne parler un traître mot de français, et que des gens votent pour elle quand même, et même peut-être expressément pour ça, c'est d'une absurdité totale. Elle fait partie de cette (heureusement) faible proportion d'anglophones québécois qui pleurent les privilèges perdus de la bourgeoisie anglo-montréalaise et qui va défendre bec et ongles son droit à ne PAS parler français. Lambropoulos n'est pas à se première sortie contre les Québécois et leur désir de protéger la langue, c'est une femme qui est notoirement contre la loi 101, c'est une vipère, et sa présence sur le comité des Langues officielles était une erreur, et toute la population (sauf les comme elle) sera mieux servie par un autre représentant. Mais ce n'est pas avec les outils de la Loi sur les langues officielles que l'on va pouvoir protéger le français à Montréal.
C'est d'une absurdité au point où le discours que Mélanie Joly, ministre du Développement économique et des Langues officielles, prononcera en chambre aujourd'hui, lors du débat, ne portera pas sur les initiatives liées aux langues officielles à Montréal, mais plutôt sur la richesse de la diversité linguistique pour le développement et la relance économique du Grand Montréal, parce que je n'avais
aucun contenu pour aborder la promotion du français au Québec.