Été 1997
La fin d’année a été longue, il a fait chaud longtemps. L’école aurait due se terminer un mois plus tôt. Moi et mon ami avons une passion pour les mountains bike mais peu de moyen. On va dans les tabagies pour chercher des magazines et quand je suis chanceux, je tombe sur un site internet avec des gif de flammes qui donne des infos. Comme on avait pas vraiment les moyens de nos passions, on a passé le mois de mai à picossé sur les vélos des enfants plus riche pour se monter notre propre bicycle.
J’ai terminé mon dernier examen facilement, un peu trop facilement et je voulais pas être le premier à me lever, j’ai attendu que la tronche de la classe se lève et je l’ai suivi. Ma mèreva me dire si je passe quand on va recevoir les résultats par la poste. Il reste déjà pas grand-chose dans mon casier a part mon banc de vélo et mon walk-man, je pèse sur play pis rien; le tape est sorti de la cassette. Je sors la cassette, prend un crayon, puis roule lentement, aussi adroitement qu’un chirurgien, remet la cassette et je pars pour chez nous en écoutant Surf Wax america. En passant par le parc, je croise des amis qui fête la fin d’année, je fume avec eux, on reste dans le parc 2-3 heures jusqu’à un char de police arrive et nous dit qu’il a eu des plaintes de flânages. C’est ça la vie, vas dehors, mais pas trop.
L’été part raide, une fille de ma classe fait un open-house au premier vendredi. On se pointe là et il y a du monde partout, plein de monde que l’on connait pas. Des cousins, des amis qui viennent de d’autre école, la pauvre fille a perdu le contrôle. Quelqu’un trouve des bouteilles de fort, on réussis à prendre le Gin et on va le cacher dans le bois d’à côté. Après le monde qui cherche le party arrive le monde qui cherche le trouble. 4-5 gars qui arrive dans un vieux 323. On a pas l’age de conduire, mais eux l’ont. 17 ans dans un party de 15 ans à chercher le trouble. Y a un jeune qui rit plus fort que les autres, c’est une bonne raison, ça se provoque et ça finit avec un gars qui perds ses 2 palettes d’en avant, à moitié sonné dans le gazon dans la cours arrière, avec une fille qui lui tient la tête en lui parlant. C’est pas déjà fini qu’il y en a un autre qui sort à la course pour aller vomir, ça lève le cœur à une fille qui en reçoit sur son linge et elle se met à vomir elle-avec. La police finit par arriver, on se sauve par le bois. La pauvre fille qui cherchait la publicité va finir avec par être la risée.
On se retrouve à côté d’un centre culturel. Mais avant, on appelle nos parents pour leur dire qu’on couche chez un ami tandis que notre ami appelle ses parents pour leur dire qu’il couche chez nous. J’ai jamais vraiment bu de fort mais on m’a dit que de boire à la paille fessait plus. Je mets le gin dans une gourde, on le dilue avec la bouteille d’amaretto qu’on a trouvé et on commence à boire. On décide de changer de parc, on continue à boire en pédalant. On se retrouve à côté dans le parc de l’école primaire ou j’allais en première année. Ils ont fait un train avec des tuyaux de ciments. Je me rappelle comment j’aimais m’y cacher quand j’étais jeune et je retrouve donc mes premières amours : ça commence à tourner, les branches vibrent, je vais me coucher dans le tuyaux le temps que ça passe. Faut croire que beaucoup de monde vont passer dans le parc parce que je vais en croiser longtemps du monde qui vont dire m’avoir parler ce soir là alors que j’en aurai aucun souvenir.
Le lendemain matin, tout va bien. J’ai le bras engourdis et un méchant bleu sur une jambe. L’été vient de commencer.
J’ai deux jobs, je coupe le gazon pour le bâtiment de la SQ et je travaille pour une cours à scrap automobile. À la SQ, un policier rit de mon chandail « UPS »pour United Pot Smoker. À la cour à scrap, je déplace des chars, je fais le ménage, tandis que la radio dans le garage gueule du Metallica. Corey travaille là depuis 6 mois. Il lui manque une couple de dents et une coupe de cellule. Il articule mal et parle comme si il était en fin de souffle constamment. Il me raconte ses trips d’acide, il se plaint que justement, l’acide est pu ce qu’elle était. Il est sexiste, homophobe et raciste. Il me dit qu’il fait du nijintsu et qu’il pourrait me tuer avec n’importe quels objets qui se trouve dans le garage. Desfois, il me parle et il fait des moves de ninja. C’est clairement un tueur. Devant mon étonnement, il me raconte qu’il a peur de personne, qu’il a jamais reculé. Le boss rentre, lui crie d’arrêter de parler et Denis s’excuse. Quand le boss repart, il me regarde et me dit : j’ai pas eu peur, c’est du respect.
Avec mon argent, je m’achète du nouveau linge. C’est important d’avoir une marque : polo, Ralph Lauren, Tommy, West-coast, Nautica, j’en oublie surement. Tu rentre dans un magasin, t’es assailli par un trop plein de parfum, une vendeuse qui est prêt à tout pour faire sa commission et surtout, du dance qui joue fort. J’ai beau être jeune, c’est toujours trop fort.
Il n’y a pas de rivalité entre les styles, c’est beaucoup plus complexe. J’ai grandi dans un quartier qui n’était en fait qu’une rue et cette rue à été séparé par un boulevard de sorte qu’on était un groupe de 12 maisons environs, dont 4 maisons avaient des enfants de notre groupe d’âge. C’est assez simple comme hiérarchie : on se chicane entre nous mais quand quelqu’un de l’autre boulevard nous écoeure, on se tient ensemble. Au primaire, quand ceux du quartier écoeure quelqu’un de notre rue, on n’oublie la barrière du boulevard et on se tient. Au secondaire, ma rue se retrouve jumelé au quartier de mon école primaire : on se tient entre nous. Pis si tu viens de l’autre bord de la track, de l’autre école, pis que tu viens chez nous, le gars avec qui je me suis battu la veille va devenir mon allié. Je sais pas trop pourquoi c’est comme ça. Par contre, tranquillement, une nouvelle barrière s’ajoute. Tu peux voir un punk avec un prep, tant que c’est du linge de marque, il n’y aura pas de guerre. 1997 est l’année ou ça change.
La grande ville est arrivée par une personne en particulier : Marc-Daniel. Un peu voyou,on sait jamais ou la vérité commence et ou elle s’arrête, il arrive de Montréal-Nord avec sa famille. Son grand frère à sa gang, les 45 crews. Marc-Daniel est tout droit sorti d’un clip de Wu-tang, qu’on a pas encore découvert. Du linge qui vaut chère mais des marques qu’on connait pas : il magasine à Montréal, sur Ste-Catherine. Il nous fait peur, c’est un intouchable. Il ne se mêle pas vraiment à nous. Ce sera un catalyseur pour tout les immigrants ou fils d’immigrants de l’école. Ceux-ci qui ne se trouvait pas vraiment dans le punk trouvent leurs voies dans le hip-hop. Durant l’été 1997, c’est encore une bulle, mais en 1998, ce sera une révolution.
On commence à entendre des histoires de gars qui vendaient mais qui se sont fait menacé pour finalement manger une solide volé. On est habitué au bataille 1 contre 1, mais pas à une bataille de 10 contre un. On se battait pour l’honneur (ce qui est stupide) pas pour le contrôle d’un secteur. On raconte qu’il y en a un qui s’est littéralement fait casser les deux jambes. Plein de légende d’été qu’on se raconte quand on se croise. Les poteux/skateux/grungeux qui se pensaent invincible ont trouvé leur limite et elle n’était pas loin. Alors qu’on a passé 2 ans à se faire intimider par eux, on découvre en même temps qu’eux qu’ils ne sont pas grand-chose. C’est un peu l’éclatement des clans existants qui se produit en même temps qu’éclate une rotule de Jean-Emmanuel qui passera la plus grande partie du secondaire à être baveux et à manger les plus terribles volés que j’ai vu.
Le soir, on va au méga-projet. On s’est fait des trails avec des jumps mais il y en a qu’on n’ose pas faire. Maxime dit que ça lui fait pas peur. C’est soit l’adrénaline, soit le buvard, mais il a les deux yeux dilatés ben raide. Et ce sera épique. Il monte en haut de la colline. Nous lache un cri « checkez ça ! » puis il s’élance. Il se contente pas de se laisser descendre, non, il pédale pour aller plus vite encore. Il manque des vitesses à son 18 vitesses. Il prend le jump et il s’élève, tout d’abord bien droit, puis il penche vers la gauche. On croit qu’il veut faire un move, puis ramener le bicyle, mais non, il ramasse le sol sur le côté, sa roue avant frappe une racine, fait lever le vélo, projette maxime dans les airs pour l’envoyer drette sur un arbre, créant à l’impact le son le plus fort que j’ai entendu de ma vie fait avec une tête. On part à la course, il se releve, il a déjà une immense bosse sur la tête, il part à rire. Il sent rien. Une heure plus tard, il décide qu’il va dormir dans le boisée. On fait un feu, Éric va chercher sa guitare et joue ce qu’on connait : Nirvana Unplugged. Il réussit à faire des versions acoustique de Black hole Sun, Glycerine, etc, il y a deux-trois fille qui chante.
On passe nos journée à journée à travailler. Quand on travaille pas, on va dans les carrières pour se faire des trails, on passe nos soirées dans les parcs. On en choisit un, on reste jusqu’à ce que la police nous sorte. On part à un autre parc, on croise du monde, on vérifie quels sont les parcs ou on peut encore aller. Le pot commence à être dur à trouver, il n’y a plus personne qui veut vendre.
Pour faire plus d’argent, on décide de faire le vol du siècle. À notre école, toutes les cannettes du recyclage sont mises dans le jardin centrale de l’école, qui est un petit espace au centre de l’école seulement accessible par une porte toujours barrés. Il y a au moins 50 sacs plein de cannes. Un soir, on part en vélo, avec un rouleau de corde et un crochet qu’on à acheté à la quincaillerie. On monte sur le toit en passant par la marquise de la porte arrière. On trouve notre chemin dans le dédale d’échelle. On sort la corde et le crochet et on commence à pécher. Un à un, on remonte les sacs. On vent pas se faire prendre, on décide de prendre une dizaine de sac sur les 50. On ramène tout ça en bas, on cache ça dans le bois à côté de l’école. On part vendre les canettes mais c’est beaucoup trop long dans les machines et on à peur de se faire reconnaître. On essaie de les vendre au dépanneur qui n’en veut pas vraiment. Puis, deux jours plus tard, tandis qu’on essayait de faire du trial sur les bancs d’école, un vieux monsieur vient nous voir. C’est Antonio, un sans abris que l’on voit marcher constamment sur le boulevard, entre St-Hubebrt et Chambly. Il a regards un peu fou et il fait les poubelles pour trouver des cannes. Il me regarde, je le regarde. Il me demande si j’ai de l’argent. Il fait pitié et il pue, et je veux qu’il parte. Je lui donne une piaste. Erreur, il décolle plus. Mon ami lui donne une piastre en espérant que ce soit assez. Encore une erreur. Il commence à nous poser plein de question. Il me demande si je suis fort, je sais pas trop quoi lui répondre. Il me demande si je peux le lever. Je suis encore plus embêter. Alors il me dit : essaye de me lever. J’hésite, pis je me dit que j’ai rien à perdre. Il s’approche et je le prens en sac de patate. Il est sec, pas de gras, il pèse rien. Mon grand-père dirait qu’il est Nerfé. Pis il me demande de le faire tourner. Quoi ? Il répète sa demande. Et je fais la toupie, il parle à rire. Me v’la dans un stationnement à faire tourner un sans-abris comme une toupie. Finalement, je le repose à terre et dans le but de m’en débarrasser, on décide de l’amener à notre cachette de sac de canne dans le bois. C’est l’Eldorado, il dit qu’il y en a trop, qu’il peut pas tout les amener en même temps. On l’aide à cacher les sacs pis on lui dit qu’on doit partir. Je sais pas comment il s’y est pris mais il n’y avait plus de canne deux jours plus tard.
Antonio, que tout le monde appele Tonio, est une sorte de Huckleberry des temps moderne. Personne ne sait vraiment d’où il vient, depuis combien de temps il habite dans la région. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il se promène sur la 112, de chambly à St-Hubert, en faisant du pouce. Il ne semble ni futé ni malheureux. J’aime m’imaginer qu’à force de se promener ainsi à toutes heures, il a pu avoir accès au secret de la rivière l’Acadie sur laquelle roule la brume aux aurores. C’est bien plus tard que j’ai compris pourquoi Tonio me mystifiait : dans un monde qui devenait moderne, qui voyaient ses mystères disparaitre l’un après l’autre, Tonio était le folklore, le même quêteux que l’on trouvait dans les romans du terroir, celui que tout le village de mes grands-parents connaissaient et accueillaient lors des jours les plus froid. Tonio était le dernier rayon de légende dans un ciel qui devenait nuageux.
Mon père décide que les vacances seront aux États-Unis cette année, à Hampton Beach. C’est la chance de ma vie. Après 6 heures de route qui aurait dû en prendre 5 si ce n’était pas de la Caravan qui peine à passer les côtes du Vermont tant elle est chargée, on n’arrive enfin. Je connais personne et personne ne me connais. J’écoute Heavy petting zoo de NOFX, je marche 15 pieds devant ou derrière mes parents tandis que l’on marche sur la main. Ça sent la friture et le linge cheap, le bruit des arcades tente de percer le bruit des motos. Ici, c’est tellement un cliché, les jeeps écoutent du Dance et il y a des métalleux dans des trans-am des années 80. J’entends une fille parler français et je prends un accent cassé et je lui dit : « je parle un peu la francaise » mais j’ai à peine fini que mon petit-frêre arrive et me dit de me dépêcher parce qu’il y a un gars qui se bat contre Goro aux arcades. Un peu humilié, je vais rejoindre la foule autours de l’arcade. Le soir au camping, alors que je joue de la guitare, un groupe de jeune americain m’invite à leur feu mais mon anglais est tellement mauvais que je repars sans leur dire aurevoir.
Dans les magasins, on se bat pour me vendre des chandails de LooneyTune.
De retour à la maison, l’été s’achève, les soirées sont fraîche. Je raconte les USA à mes amis et on tente de retrouver cette ambiance dans le centre-ville de St-Hubert, à la belle province sur le chemin chambly. Les doubleux commencent à avoir des autos, pas mal de minoune. Les plus vieux viennent flasher avec leur mustang. Avant, il y avait de la drag sur l’autouroute 10 qui n’était pas encore compléter mais c’est fini.
L’été s’achève, les soirées sont fraiche. Avec des amis, on est allés dans un coin un peu plus cassé et on a rencontré Gagnon un de nos amis et on s’est installé dans le parc en face de chez lui pour rien faire pis fumer un peu. Le soleil était couché quand le 45 crew est arrivé pour nous voler nos bicycle. On s’est obstiner un peu, Gagnon à lever le ton et ça a dégéner un peu plus. Puis le père à Gagnon est arrivé. Un cliché sur patte, en camisole, la pornstache, les bras bourré de tattoo bleuis par le temps, indéchiffrable, des hiéroglyphes des temps plus dur passé en dedans, en camisole, une coupe longueuil assumé. En temps normal, j’aurais ris mais pas là, c’était un ange qui arrivait, il s’est plantée entre nous et eux et il est resté silencieux. Les autres riaient de lui, le traitent de redneck et lui disait rien, se contentant de fumer et de les regarder un a un. Quand le plus grand du 45 crew s’est planté devant lui, avec un bon pied plus grand, le père à pas bouger d’un poil. Pis quand le grand à oser mettre la main sur le père, celui à tellement rapide que j’ai pas vraiment compris ce qui s’est passé mais le grand s’est retrouvé sur le cul, le nez en sang et le père à juste dit : c’est qui l’suivant ?
Y a pas eux de suivant. La police est arrivé et été un peu embêté dans ses préjugés, une gang de noir ou un ex-prisionnier ?
Ce petit blanc un peu frippé avait fait son effet sur nous et allait créer des remous sur les jeunes influcencables que l’on était.
Pis l’école à recommencé.