J'avoue avoir longuement hésité avant de choisir l'album qui allait partir le bal de cette expérience forumale.
Peu importe le choix fait, il viendra modifier les attentes et la perception envers cet événement de partage. Est-ce que j'ai envie de présenter mon album préféré? Ma récente découverte préférée? En fait, ce qui m'a fait le plus réfléchir est de présenter quelquechose de trop difficile d'écoute et de diminuer l'intérêt envers l'album heddomadaire. Mais n'est-ce pas justement un des buts d'un tel exercice?
L'album que j'ai choisi est une recommendation 2011 de Pitchfork, alors d'la marde.
Disclaimer : j'ai écrit ce ramassis de phrases en écoutant du John Maus en loop donc la rigueur peut être très arbitraire. Si ça va un peu partout et qu'il y a plus de name dropping que dans un texte de Tim Rogers je suis désolé.
La texture est mon frenulum musical.
C'est l'aspect du langage musical que j'apprécie le mieux, le seul dont je suis incapable de reproduire les conséquences de l'expression sous une autre forme. Donc par conséquent celui qui me touche le plus.
Je vois les ostinatos, la mélodie, les paroles comme simplement des éléments de contribution à l'ensemble d'une pièce définie par sa texture. Du moins, c'est comment j'essaie de justifier mon attirance envers l'ambiant. En réalité c'est probablement juste un vieux réflexe cérébral dû à la toune de
Dune 2 qui m'a lavé le cerveau pendant la formation de celui-ci.
En fait ça n'a rien à voir avec l'ambiant, autant la tapisserie pop électro de Streelight qui joue actuellement que les patterns de Ryoji Ikeda me fascine. Je n'ai pas assez de connaissances en théorie musicale pour bien exprimer ce que je veux dire, j'en ai juste suffisamment pour savoir ce que j'aime avec une précision remarquable.
J'ai toujours été conscient de l'importance de la qualité d'un fichier et de son transducteur électromécanique pour l'appréciation d'une oeuvre. Il est facile de noter une différence entre un transcode cheap et un lossy de qualité acceptable sur n'importe quoi qui n'est pas un haut-parleur de laptop ou écouteurs cheaps du Radio-Shack. Mais je n'avais jamais encore remarqué une amélioration aussi grande sur un format de déjà bonne qualité avant Ravedeath. Au point où t'as l'impression d'écouter une toute nouvelle pièce. Il n'est aucunement nécessaire d'avoir setup d'hardcore audiophile pour pleinement apprécier cet album, mais si vous pouvez faire un effort pour votre première écoute et de ne pas la faire dans un métro bondé d'heure de pointe avec les écouteurs qui venaient avec votre lecteur portatif, vous apprécierez bien d'avantage.
Ici je commence à parler de l'album.Ravedeath c'est une exploration.
Tim Hecker est un artiste que j'aime depuis ses débuts mais que j'aime progressivement d'avantage à chaque nouvelle sortie. Il est mon artiste le plus écouté depuis que Ravedeath est sorti. Il se perfectionne à créer des univers de sons riches et ennivrants. Distorsion, drone électronique, son son est difficile à décrire en mot. Parfois très ambiant, la dimension spatiale de son son nous donne l'impression de visionner un film pour aveugle.
Ravedeath c'est une exploration de la décrépitude.
La track list indique 12. Trois pistes sont séparés en plusieurs parties. Il y a en fait 7 morceaux distincts qui se suivent. Ne pas écouter sur random.
L'album est basé sur une journée entière d'enregistrement sur un orgue dans une église islandaise.
Le tout est une dichotomie entre la musique électronique et le monde réel. Un combat incessante entre de la distorsion violente et des sons qui ne veulent qu'être harmonique.
Ravedeath c'est une exploration de la décrépitude du son dans les vieux tuyaux d'orgues d'une chapelle en ruine.
Ce n'est pas mélancolique. Ni lourd. Ni dépressif. C'est d'une beauté pure. C'est comme regarder au ralenti une catastrophe naturelle qui ne fait pas de victime, l'érosion d'une montagne en accéléré, un orage électrique sur Montréal en été.
Ravedeath c'est de la musique de cathédrale sacrée sans intervention divine.
L'album commence en nous bombardant d'un rideau sonore qui colimace vers un infini de distorsion électronique. Les drones créent une dissonance dont on ne peut arrêter les autres processus de notre cerveau pour analyser dans son entièreté. C'est une ouverture parfaite.
Ravedeath c'est une masse musicale arrêtée violemment par le sol qui projete ses débris au ralenti dans un chaos structuré.Tim Hecker
Ravedeath, 1972
sur Kranky, février 2011
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Anecdote: J'étais en voiture sur la partie surélevée de l'autoroute 40 en juillet dernier lors de l'orage électrique qui fournissait un spectacle incroyable aux montréalais. La partie III de In The Fog a embarqué. Je mis le son assez fort pour que mon frame tremble à chaque frappe de guitare. C'est probablement le meilleur combo contexte visuel + musique que j'ai vécu de ma vie. Symbiose entre tous les sens de mon corps. (ok sauf peut-être l'odorat et le goûter)
Anecdote 2: Quelqu'un a fait un montage vidéo d'exactement le même orage sur une autre track de Ravedeath :
http://vimeo.com/26748371