Habituellement quand tu es rendu aux places et aux moments où tu peux sortir $1000+ net dans une journée, tu en as fait des matins/buffet et des shifts non payant pour longtemps j'ai l'impression.
Non.
T'es dans la vingtaine pis t'as un cul à faire bander une statue.
La compétence et l'expérience ont très peu à voir, c'est une game de séduction de bonhommes avec trop d'argent.
Gisèle avec son gras de bras, ses bourrelets pis sa permanente teindue qui travaille dans un resto familial est crissement plus compétente et efficace et vas sortir son 100$ de tip dans son shift de déjeûner, en servant 80 personnes, pendant que Miss beau cul a juste à apporter 2 entrées pis deux Aperol Spritz dans un resto haut de gamme où elle a été surtout engagée pour son look pour sortir le même 100$.
Mais ça, t'as aucune féminazie qui va dénoncer ça, c'est du bon sexisme, parce que ça va dans le sens que ça fait leur affaire.
Je ne suis pas sûre de comprendre, ce que tu décris ne me semble pas être du sexisme, mais plutôt une des nombreuses manifestations que dans certains contextes, notre organisation sociale tend à favoriser la beauté plutôt que l'effort ou la compétence...
Je ne connais aucune personne féministe qui défendrait des inéquités fondées essentiellement sur l'idée que le corps de la femme existe pour satisfaire le regard masculin (dans une perspective hétérosexuée) et que la valeur d'une femme qui a un corps qui ne satisfait pas ou plus ce regard est considérablement diminuée.
Je ne vais pas faire une analyse interminable de la chose, mais si on essaie d'adopter une perspective transhistorique, on peut relever que, à de nombreuses reprises dans l'histoire de la société occidentale, la femme a été considérée comme un corps au service des besoins d'autrui (pour la reproduction, pour le plaisir sexuel, pour assurer le maintien du logis, etc.), dont la valeur résidait dans sa capacité à exécuter les fonctions qui lui étaient dévolues - capacités révélées par un ensemble de caractéristiques recherchées et considérées comme idéales par qui souhaitait utiliser ce corps. Si les caractères désirables et recherchés du corps féminin ont changé avec les époques, le statut de la femme en tant qu'être de "second ordre" est si important dans l'organisation sociale que des structures sociales et juridiques étaient mises en place pour la maintenir dans cet état et lui retirer sa capacité juridique (et, donc, sa capacité à prendre des décisions pour elle-même, en son propre nom). Jusqu'en 1929 au Canada, la définition légale d'une personne se limitait à l'homme, et si cela a changé à la suite de l'Affaire personne, les femmes mariées ont continué d'être considérée comme des êtres sans capacité jusque dans les années 60! Et si on a finalement octroyé la capacité juridique aux femmes mariées en 1964, la femme demeurait inférieure en statut à son époux pour l'administration des biens qui tombaient sous le régime matrimonial (ex: il pouvait vendre la maison familiale sans obtenir l'autorisation de sa femme). C'est la réforme du code civil de 1980 qui a finalement institué la notion d'égalité entre les époux. On parle donc de plusieurs centaines d'années d'organisation sociale où la femme était considérée comme inférieure en statut à l'homme, qui lui était considéré en droit (au sens juridique, mais aussi dans les convenances et les usages) de disposer du corps de la femme qui était liée à lui, par le sang ou par mariage.
Pour moi, l'industrie du service qui mise sur le corps des femmes pour mousser les ventes et les profits, c'est un héritage de ces structures qui ont façonné les relations entre les hommes et les femmes, et qui perdurent encore dans ces hautes sphères où l'on a l'habitude de décider entre hommes (et pour le profit des hommes, la plupart du temps). Pas étonnant, par ailleurs, que ce soit les mêmes hommes accrochés à leur privilège masculin de décideur qui font aussi vivre ces restaurants où le personnel de service fait partie de l'expérience esthétique offerte au client. Tout ceci participe de la même idée éculée que la femme a cette fonction de satisfaire au besoin d'autrui, d'abord en apaisant et en satisfaisant le regard masculin qui se pose sur elle, puis en répondant à ses autres besoins. Bien sûr que je vais dénoncer ça, mais je ne vois pas concrètement comment nous pouvons effacer les traces (qui, à ce stade-ci, sont probablement des sillons profonds et immuables) de ce qui a été aux fondements de notre société.
Après, demande-moi si je vais dénoncer les femmes qui en "profitent", c'est sûr que je vais te répondre non. Ça va pas dans le sens que ça fait mon affaire, mais je trouve ça important de supporter les femmes qui accèdent à l'autonomie financière, parce que c'est l'un des aspects importants d'une égalité réelle entre les hommes et les femmes. Ça prend de l'argent pour être émancipée et maintenir des conditions de vie qui sont au-delà du minimum. Ça prend de l'argent pour avoir des projets qui permettent de développer des talents, des compétences ou des passe-temps. Ça prend de l'argent pour quitter une relation toxique ou conjoint violent et repartir à zéro. Et tant que l'agentivité de la femme est respectée, je vais supporter le travail du sexe pour les mêmes raisons. Tu y vois peut-être une contradiction, mais pour moi c'est un compromis entre le monde qui existe tel qu'il est et la possibilité de créer une société plus égalitaire. C'est comme ça.