Dans la même logique, tu ne t'attendais pas ou ne trouvais pas plus important que ça que le PLQ déclenche une commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction? Ce n'était pas « sa job » de faire ça?
Euh... Non. Je pense que la commission Charbonneau entre tout à fait dans la catégorie "assurer la meilleure gestion possible du territoire, des infrastructures, des programmes sociaux et des institutions démocratiques", surtout dans le cadre de l'octroi de contrats PUBLICS. (Ça me semble tellement évident, je ne comprends même pas pourquoi tu me sors ça comme exemple. Vraiment ?!).
Pour moi, le problème de la disparition des femmes autochtones est très complexe et découle de plusieurs facteurs sociaux qui sont ancrés très profondément dans notre société, notamment:
- Le fait que les autochtones sont considérés comme des citoyens de seconde catégorie (merci à la loi sur les Indiens)
- Le fait que les femmes autochtones sont inconsidérées au sein de leurs communautés et par la société en général
- La pauvreté et les différents problèmes sociaux qui affectent les réserves, nommément les problèmes de dépendance (drogues, alcool, jeux, etc.) et de violence conjugale
- Le manque de ressources pour aider les femmes à effectuer des dénonciations
- Le manque de confiance de la communauté autochtone envers les Blancs et les institutions blanches
- Le manque de ressources pour assurer la sécurité des les réserves et le manque de communication entre les policiers affectés aux réserves et les officiers de sécurité locaux (les Peace Keeper)
- La souveraineté des communautés sur leur territoire qui empêchent parfois les forces de l'ordre de faire leur travail
- Les budgets de fonctionnement des services d'enquête qui sont sans cesse amputés et qui fait en sorte que la résolution de certains crimes soit retardée
Et je pourrais continuer encore longtemps.
Pour moi, une grande partie du problème n'est pas un problème politique, mais un problème de société, et c'est l'ensemble des relations avec les autochtones qui devraient être réformées, et ce ne serait que le début puisque ça n'endiguerait pas automatiquement tous les problèmes découlant de la pauvreté au sein des réserves. Je l'ai dit, je trouve qu'il serait tant mieux si le gouvernement pousse dans le bon sens pour faire progresser les enquêtes qui sont en cours actuellement, mais ça ne préviendra pas de nouveaux drames ni de nouveaux crimes. En ce sens, le projet politique qui devrait être mis en place serait la réforme de la loi sur les Indiens et une vision repensée du ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord. Je ne pense pas que les enquêtes sur les femmes disparues soit un enjeu politique en soi, même s'il est symptomatique du dysfonctionnement de notre rapport avec les communautés autochtones, et en ce sens, je considère que c'est un problème plus social que politique.
Ça ne veut pas dire que je m'en criss, ça veut juste dire que je ne pense pas que c'est au gouvernement d'agir spécifiquement au niveau des crimes (bien, dans une certaine mesure oui puisque ce serait au moins du devoir de la police), puisque le problème est bien plus large et bien plus complexe.
De toute façon, c'est vraiment un débat stérile parce que le fait que je souhaite fortement que Justin Trudeau agisse pour la réforme du scrutin et que ce soit la seule promesse que je souhaite voir respectée pour qu'il gagne mon respect ne l'empêche pas d'agir pour l'enquête sur la disparition des femmes autochtones (et ne veut pas dire que je le respecterai moins s'il le fait ?!).
Au pire, j'ai le droit d'avoir une préoccupation marquée pour la réforme des institutions démocratiques sans que le monde arrête de tourner.