Le vrai souvenir, c'est de se souvenir de ceux qui ont participé à cette boucherie et qui ont réussi l'exploit d'écrire ce qu'ils ont vu et vécu.
Pour ce faire, voici à peu près toutes les citations du documentaire Apocalypse.
Bonne lecture.APOCALYPSE 1914-1918
#1 : FurieJean Jaurès, première victime de la guerre.« Votre société, violente et chaotique, même quand elle veut la paix, porte en elle la guerre comme le nuage porte l’orage. »
Agatha Christie, auteure connue de roman policier, elle avait 24 ans.« Dans la lointaine Serbie, un archiduc est assassiné, l’incident parait tellement insignifiant. Dans ces pays, on assassine tous les jours. »
Stefan Sweig, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.« En 1914, après un demi-siècle de paix, que savaient-ils de la guerre? Ils ne la connaissaient pas. Elle était une légende héroïque et romantique. On la voyait comme dans des livres d’école et les grands tableaux des musées; d’éblouissantes attaques de cavaliers en uniformes resplendissants, une foudroyante marche à la victoire sans beaucoup de victimes, une aventure sauvage et virile, une expérience aussi merveilleuse qu’excitante. Et c’est pourquoi ils chantaient et poussaient des cris de joie dans les trains qui les menaient à l’abattoir. »
#2 : PeurAlexandre Soljenitsyne, écrivain et dissident russe.« Le régiment est comme un village, l’officier, une sorte de chapelain, et tant que le repas, la messe, la vodka sont assurés, ils n’ont pas peur des balles.»
Charles Péguy, poète & girouette. Lieutenant mort d’une balle en plein front.« Heureux ceux qui sont morts pour une juste guerre, heureux les épis mûrs et les blés moissonnés, heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles couchés dessus le sol à la face de dieu. »
Le travail des femmes :
Le « 75 », 20 obus par minute, 100 000 par jour, 200 millions…Pierre Bringuier, soldat, greffier de métier.« Je ne doute pas d’être de retour dans le courant de novembre. Il me semble difficile de croire que les nations engagées puissent prolonger le formidable effort qu’elles fournissent actuellement. »
La Croix-Rouge : Dix milliards de lettres et de colis distribués dans le conflit.Un obscur peintre autrichien (25 ans), devinez qui…« Le romantisme du combat fit place à l’épouvante. »
700 kilomètres de tranchées de la Mer du Nord à la Suisse.Benoit XV, pape.« Cette guerre est le suicide de l’Europe. Il ne semble pas y avoir de limites aux destructions et aux massacres, jour après jour, du sang coule sur la terre. En face de ce crime insensée, je vous le répète; Paix sur terre aux hommes de bonne volonté. »
Dépêche génocidaire du ministre de l’Intérieur turque :Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens de Turquie. Il ne faut tenir compte ni de l’âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n’ont pas leur place.
Ellis A. Smith Barclay (?), reporter, au sujet de Gallipoli.« C’est le plus grand fiasco militaire de notre histoire. C’est dû à nos généraux qui n’avaient pas de cartes, aucune idée du terrain et qui n’avaient pas prévu de ravitaillement de troupes. Les australiens n’ont rien à boire sous un soleil de plomb. »
Lettre :« Monsieur le premier ministre, je ne suis pas sûr que vous sachiez la vérité sur la situation et jusqu’à quel point les généraux vous donnes des informations. Ici, à Gallipoli, nous dilapidons une grande partie de la fortune du royaume sans aucun bénéfice stratégique. »
#3 : EnferLes gueules cassées…Maurice Genevoix, sous-lieutenant et Prix Goncourt 1925« Je me retrouve au milieu de la gerbe d’un shrapnel, les balles de plomb criblent la terre autour de moi, crèvent les gamelles et fêlent les têtes. »
Les gaz…Le médecin-major Falor (?) écrit;« Les hommes deviennent violets, ils demandent de l’air, ils se plaignent de brûlures dans la poitrine et dans l’estomac. Nous avions tout vu, les blessures les plus affreuses et les avalanches de fer les plus meurtrières, mais tout cela rien à coté de ce brouillard qui pendant des heures longues comme des siècles ondoyait à l’usure l’éclat du soleil.»
Georges-Éric Francoeur, soldat de Montréal.« J’essaye d’échapper au bœuf en boîte, je ne cherche plus qu’une chose : me réchauffer. Nous sommes trempés, tout est toujours humide, ou il n’y a plus de tabac. Je fume mon livre de prières.»
Le sergent Potard « Moi qui vient du front d’Alsace, rouge encore du sang de nos camarades, j’arrive dans ce qu’on nous a présenté comme une destination inconnue. Je découvre Salonique, c’est un coup d’œil simplement merveilleux. Sous les lumières dorées de l’Orient, la ville s’étale toute blanche avec les minarets de ses mosquées et les coupoles de ses églises. Mais quelle stupéfaction en arrivant à terre, les quais grouillent de tous les peuples et de toutes les langues. On ne voit que des visages ravagés par la jaunisse et la variole.»
Jean Giono, soldat de Verdun en 1916 et écrivain.« Nous sommes neuf dans un trou, rien ne nous fera sortir de là. Mais nous avons mangés, il faut que nous fassions nos besoins. Le premier de nous que ça a pris est sorti, depuis deux jours, il est là à 3 mètres, mort déculotté. Nous faisons dans du papier et le jetons devant. Nous n’avons plus de papier, nous faisons dans nos musettes. La bataille de Verdun continue. Nous faisons dans notre main, la dysenterie nous coule entre les doigts. Nous faisons du sang. Nous faisons sous nous. Nous sommes dévorés par une soif de feu. Nous buvons notre urine. Nous pouvons dire que si nous restons sur ce champ de bataille, c’est qu’on nous empêche de nous échapper. »
300 000 obus par jour…Le caporal Karl Fritz« Nous avons passé 3 jours couchés dans les trous d’obus à voir la mort de près, à l’attendre à chaque instant. Un obus recouvre les cadavres de terre, un autre les exhume à nouveau. »
La chanson de Craonne.Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés#4 : RageVictor Klemperer, soldat, écrivain et philologue« Je n’avais jamais été obsédé par la nourriture, maintenant, je me couche et je me réveille dans la faim, la fatigue, l’appauvrissement de l’imagination et je me répète : si seulement j’avais plus de pomme de terre. »
1000 calories/jour/personne en AllemagneDocteur Sukao de Francfort« Madame X, 45 ans, mariée depuis 11 ans, deux enfants de 10 et 4 ans. En bonne santé. Une femme travailleuse et ordonnée. Toujours joyeuse. Le mari a été tué sur le front il y a 4 semaines. Elle a ouvert le robinet du gaz. Elle ne pouvait plus supporter la douleur. »
Stefan Sweig, viennois, inapte au service, muté au service de la propagande, écrivain« Les marches du temple de la paix sont inondés de sang. »
Charles 1er, empereur d’Autriche-Hongrie« Les vagues de l’action révolutionnaire vont tout balayer. Si les monarques ne font pas la paix, les peuples la feront par-dessus leurs têtes. »
Caporal Louis Barthas, tonnelier de métier« En ce moment éclate la révolution russe, ces soldats slaves asservis à une discipline de fer, allant au massacre comme des esclaves résignés, ont brisés leurs chaines. Gare à celui qui les approuve, un mot subversif et c’est le conseil de guerre. Nos lettres sont ouvertes. »
Soldat Gaston Lavy, il a fait Verdun, démobilisé à 40 ans et de retour du front, il écrit :« On s’en fout de nous, nous sommes bien les sacrifiés. Les PCDF, les pauvres cons du front. Comme on se sent étranger, gênés, déplacés. La guerre enrichit les profiteurs, à l’arrière, c’est le festin. »
Guillaume Apollinaire, brigadier, écrivain et poète« Les canons, membres génitaux, engrossent l’amoureuse terre. Le temps est aux instincts bestiaux, pareil à l’amour est la guerre. »
Passchendaele…Capitaine Elwin Vang (?)« De tous les cotés, les plaintes, les blessés rampent jusqu’aux cratères d’obus pour s’abriter. La pluie continue, l’eau monte dans les trous. Incapables de bouger, les blessés sont noyés. Ah! Ces cris d’hommes mutilés qui meurent dans des conditions atroces. On ne pouvait rien faire. Un officier pleure à mes cotés, mes hommes sont bouleversés. Je dois escalader les corps, une main surgit et s’agrippe à moi, horrifié, je remonte un homme vivant du tas de cadavres. »
#5 : La délivranceErnest Hemingway, ambulancier en Italie et romancier écrit dans « L’adieu aux armes » :« Je n’ai jamais aimé les mots de gloire ou de sacrifice. Le sacrifice ici, ressemblait aux abattoirs de Chicago, à cette différence que la viande ne servait qu’à être enterrée. Il y avait beaucoup de mots qu’on ne pouvait plus tolérer comme gloire, bonheur, courage, devenaient indécents. »
Manfred Albrecht, baron von Richthofen, dit le baron rouge, aviateur (80 victoires)« Le meurtre d’un homme est un meurtre même en temps de guerre. »
Jean Giono, soldat et écrivain, écrit en 1931 dans « Le grand troupeau » :« Le grand troupeau s’est remis en marche. Le grand départ de tous les hommes. C’était une épaisse nuit d’été qui sentait le blé et la sueur de cheval. Cette guerre devait être la der des ders, la dernière des guerres. Elle n’a tué que des hommes, inutilement. Toutes les guerres sont inutiles. »
Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, écrivain et espion britannique écrit dans les « Sept piliers de la sagesse » :« Les arabes respectent un peu la force, davantage l’habilité, qu’ils possèdent à un degré enviable et plus que tout, ils respectent la franchise qui ne mâche pas ses mots. »
John Maynard Keynes, économiste et essayiste britannique« Si on veut traire l’Allemagne, on ne doit pas d’abord la ruiner. Si on cherche à l’appauvrir, sa vengeance sera terrible. »
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