D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être un commis. Pour moi, c’était même mieux que de devenir président des États-Unis. Ils faisaient ce qu’ils voulaient, quand ils voulaient, ils étaient libres.
Je suis entré dans l’épicerie en 1998, en bas de l’échelle, comme tous ceux qui n’avait pas la chance d’avoir de lien familial dans la « compagnie ».
Il y avait une multitude de gang regroupé en quatre grands chapitre : Alimentaire, non-alimentaire, caissières et le service. Le chapitre alimentaire était divisé en deux sous-chapitres : les produits frais et le cannage. Les produits frais, c’était l’élite, là où se trouvait tout l’argent. Ils étaient divisés en 5 phalanges, ils étaient le fives points. Il y avait les boulangers, les fruits, le dairy, les mets-préparé et les plus dangereux, les bouchers.
Le cannage n’était pas en reste, fournissant poudre et alcool au five-points.
Puis, on traversait « el barillo ». La barrière. L’allé qui divisait l’alimentaire du non alimentaire. Depuis aussi loin que je me souvienne, les deux clans avaient toujours été en guerre. Les alimentaires parce qu’il ne voulait pas perdre leur place, les non-alimentaire parce qu’il voulait que l’on reconnaisse leur place. Les non-alimentaire était eux aussi séparé en trois chapitre : l’électronique, les vêtements et les saisonniers. Ces derniers se était appelé ainsi car ils ne restaient jamais longtemps. Comme il n’avait rien à perdre et tout à prouver, c’est à eux que l’on donnait les pires tâches. Ils étaient les plus vicieux, issue d’une lignée de moins que rien qui n’accordait aucune valeur à la vie humaine.
On trouvait chez les caissières les plus jolies dames. Voleuse et charmeuses, elles étaient prêtes à tout pour charmer les clients et leurs détrousser tous leurs dollars.
Puis il y avait le service. Le bas de l’échelle. Emballeur, commis de service et technicien de surface. Ceux qui étaient à la solde de tous les autres. Des esclaves dans un système injuste et cruel. C’est avec eux que je me suis retrouvé, comme emballeur. Ce n’était pas ce que je souhaitais, je voulais être dans le five-points. Quand j’ai exprimé mon souhait à mon voisin de caisse, celui m’a répondu d’un air apeuré que ça ne marchait pas ainsi, que je serais mieux de me contenter de ce que j’avais. Ici, disait-il, tu gardes ta place ou tu perds ta vie, mais tu ne montes pas, sauf si tu as des liens.
J’ai compris. Si je ne pouvais changer de place, alors je changerais nos conditions à nous, le service. J’allais entreprendre le plus grand chamboulement qu’allait vivre cet épicerie.
C’est à ce moment qu’a commencé l’aventure qui allait me mener du bas de l’échelle à son sommet, pour me ramener ici, dans cet entrepôt puant la salade décomposée, la tête placée dans le compacteur à carton, tenu par trois autres commis vêtu de tabliers couverts de sang.
Dans le lieu le plus dangereux au monde : l’épicerie.