Je me doutais un peu des trois premières raisons, et je comprends les autres.
Est-ce que Cap-Chat était un essai, ou tu avais déjà l'idée de revendre en achetant la maison ?
Si tu veux me conter la suite, je vais lire !
Pour répondre à ta question, je voulais, je souhaitais ardamment m'implanter à long terme, d'une part. L'établissement en Gaspésie était un rêve (que nous avons réalisé, moi et ma blonde !), mais est vite devenu difficile à soutenir. Cap-Chat, à maints égards, est un environnement trop rude, climatiquement et humainement, pour moi et ma blonde. On rêvait de faire mille projets, on en avait pour des siècles ! Un jardin, de l'élevage de chats, des collages, de la couture, du multimedia, du dessin, de la peinture, de l'écriture, de la mécanique vélo, tout, tout, tout pour passer le temps dans un endroit magnifique.
Mais j'ai dû payer mes dettes d'études entre temps, et le pécule issu de l'héritage a fondu... et de toute façon, après le premier hiver, on n'avait plus autant le goût de rester là à long terme. On était trop loin de tout ce qui nous nourrissait quand on vivait en ville. Imagine un peu: la bibliothèque locale (celle de Cap-Chat) est ouverte le mardi et le jeudi soir, et le samedi après-midi. Ça, si et seulement si madame la bénévole est disponible. Il m'est arrivé à plusieurs reprises de monter la côte par un soir "de bibliothèque" et de me heurter à une porte fermée à l'arrivée: la madame était partie avant la fin parce qu'elle n'avait eu personne ce soir-là, et elle s'occupe d'un monsieur atteint de la maladie d'Alzheimer, en plus. J'ai donc dû m'abonner à la bibliothèque Blanche-Lamontagne, à Ste-Anne-Des-Monts, qui a du personnel plus régulier et des heures d'ouverture plus correctes, ce qui me demande l'occasionnel transport pour y aller. En plus, pas de galeries d'art, pas de musées intéressants, peu ou pas de festivals gratuits, une pauvreté culturelle effarante.
Si tu aimes cuisiner, si tu aimes t'approvisionner en nourriture et faire le tour des commerces pour trouver les meilleurs prix, c'est plutôt restreint: j'ai un Métro, et en face un IGA. Ici, à Cap-Chat, l'épicerie locale est un Axep. L'épicerie locale est chère, le IGA est passipire, mais il faut que je travaille pour ramener es courses qui ont du bon sens. Souvent, je reviens avec 40 à 50 livres de paquets dans mes bras et sur mon dos, dans le transport de retour de Ste-Anne. On est loin de pouvoir se décider à dernière minute pour un souper et aller chercher vite vite ce qui manque à l'hypermarché local. À la longue, ça devient lassant...
Tiens encore: à Ste-Anne, il y a deux boutiques de linge pour jeunes et moins jeunes. J'ai dernièrement décidé de me procurer une ou deux paires de jeans pour remplacer celles qui commencent à n'en plus pouvoir dans ma garde-robe. Je suis un inconditionnel des Levi's (à cause de mes petites fesses, désolé du détail, mais c'est ça). Ben, pour avoir des Levi's, il faudrait que j'aille magasiner à Matane, parce que les boutiques en question tiennent des marques qui semblent m'aller moins bien... alors, pour le moment, je passe, en ce qui a trait à remplacer mes jeans...
Enfin, tout ça pour dire qu'il nous a fallu, à moi et ma blonde, tout ce grand détour de la vie en région éloignée pour nous rendre compte que nous avions des racines plus urbaines que nous croyions...