Je copie-colle un texte que j'ai écrit sur le sujet il y a deux semaine, dans un autre forum.
«On appelle ça «l'appropriation culturelle», c'est un canular, une théorie paranoïaque importée des campus étasuniens de la nouvelle-angleterre, de l'Ohio et de la côte ouest.
Ça fait partie de la même école de pensée que ceux qui s'offusquent du «blackface», des déguisements d'halloween et qui veulent introduire une censure en fonction des caractéristiques des citoyens (par exemple, un prénommé Mohamed ou une Fatima aurait le droit d'exprimer des critiques sur l'islam ou l'intégrisme, des critiques qu'un Gérard ou une Ginette n'auraient pas le droit d'exprimer, même si les premiers peuvent n'avoir jamais connu l'islam de l'intérieur et qu'ils s'en font une idée mystifiée, et même si les seconds peuvent être des spécialistes universitaires, du simple fait de leur caractéristiques ethniques. Ou encore que les noirs peuvent dire le mot «négro» mais pas les blancs. On est loin d'un humanisme à la Ghandi, Mandela ou Lennon qui prônaient de ne pas juger les gens sur ce qu'ils SONT mais sur ce qu'ils FONT, ce qui disent, etc.).
Il y a même eu un groupe d'extrémistes dans un campus ontarien qui a fait interdire un cours de yoga pour des handicapés, parce que le mot yoga est originaire de l'Inde et qu'il s'agirait d'«appropriation culturelle».
Avec leur mentalité, les Beatles n'auraient jamais pu utiliser un sitar dans leurs tounes et chanter Jay Guru Deva. C'est comme le niveau extrême du politically correct.
On aurait tort de sous-estimer cette culture, parce que dans les universités, ça devient franchement un discours quasi-dominant. Et il commence à produire une génération de jeune travailleurs dont certains avec une tribune, notamment à Radio-Canada et à la Commission des Droits de la Personne.
Au lieu de chercher à ce que chaque être humain soit égal en droit et en dignité, peu importe leur origine ethnique, culturelle, religieuse, leur sexe ou leur orientation sexuelle, ce qui était la position traditionnelle de la gauche humaniste, ils collent au contraire des étiquettes énormes sur les citoyens selon ces caractéristiques, les constituent en groupes distincts et distribuent censure ou droit de parole en fonction de cela.
Ils ne se battent pas pour davantage de justice sociale, mais pour protéger la grande susceptibilité des gens, pour peu qu'ils soient dans une minorité «protégée» (les laids, par exemple, ne sont pas protégés par ses groupes) contre des «micro-offenses» (ce sont leurs propres mots!) cachés dans les gestes banals du quotidien. Ils vont attaquer par exemple, l'expression «s'assir en indien».
Ils cherchent à importer ici une culture de l'extrème-culpabilité héréditaire. Au lieu de chercher à aplanir les inégalités sociales et complètement injustes qui persistent souvent entre descendants d'esclavagistes et descendants d'esclaves, par exemple, ils cherchent à purger le langage et distribuer le droit de parole de manière à augmenter le ressentiment des uns contre les autres et la culpabilité des uns envers les autres. Le contraire exact de tout ce qui est préconisé après une guerre. Le Rwanda se relève, justement parce que les survivants ont décidés de passer l'éponge, renoncer à la vengeance et bâtir ensemble quelque chose de mieux, sans oublier le passé, mais en essayent de s'en affranchir. C'est aussi ce que prônait Mandela entre les noirs et les blancs d'Afrique du Sud, ce que prônait Ghandi entre les indous, anglais et musulmans, ce que prônait Martin Luther-King, avec son rêve que ses enfants ne soient pas jugés pour leur couleur de peau. Au siècle suivant ces grands hommes de paix, une supposée gauche complètement détraquée veut que des gens se sentent coupables de ce qui s'est passé il y a 200 ou 300 ans.
En outre, ils oublient que le Québec français n'a pas de passé esclavagiste et impérialiste raciste, qu'il a été colonisé lui-même au même titre que l'Inde ou l'Algérie. S'assir en indien, provient de nos grand-mères autochtones, de la grande famille algonquienne, c'est un leg culturel puissant qui veut dire, s'asseoir au sol, en cercle, sans pôle dominant dans le groupe. C'est pratiqué dans les garderies et les familles canadiennes, puis québécoises, depuis des siècles et ça n'a rien d'une «appropriation culturelle», c'est dans notre génétique culturelle. Les cultures ne sont pas là pour s'opposer les unes aux autres, ni pour enfermer des gens dans des rôles prédéfinis, mais elles sont là pour se transmettre et s'échanger lentement, par appropriation lente. Ce qui appartient au patrimoine traditionnel n'a aucun copyright dessus, et le sang des gens, leur couleur de peau ou leur religion ne doit en aucun cas octroyer des privilèges de «droit de paroles», de «droit de censure» ou des «protection contre l'offense». C'est un faux-pansement, un pansement toxique, contre des inégalités réelles qui perdurent, telles que racisme, sexisme, xénophobies.
Je pourrais en parler longtemps, mais l'essentiel de ma pensée est là. »