Perso, je ne pense pas avoir d'enfants, uniquement parce que Cantabile m'a demandé de ne pas me reproduire. Mais si j'en avais, c'est certain qu'ils ne se feraient pas baptiser. Ce serait une question de cohérence.
Et pourtant je suis sensible au fait religieux. Je trouve désolant de voir les églises détruites ou transformées en quelque chose d'autre. À Québec l'été passé, nous avons assisté à la fin du vieux monastère des Ursulines de Québec qui ont déménagées à Beauport. Cette institution date des débuts de la Nouvelles-France, avec Marie de l'Incarnation, une sainte qui a travaillé à créer des liens avec les Amérindiennes, qui a commencé l'oeuvre d'éducation des jeunes filles s'étant poursuivi jusqu'à notre histoire récente. Son oeuvre et celles des autres sœurs qui l'ont continué a été extraordinaire. Les Ursulines étaient des exemples de raffinement, de patience et de piété. Et puis, à travers leur départ, c'est un peu la dernière partie encore vivante du corps de la Nouvelle-France qui s'éteint dans le vieux Québec, devenu un musée à ciel ouvert.
À travers la destruction des églises, c'est aussi la destruction de note mémoire qui s'opère. C'est la destruction d'une certaine image positive de ce que nos grands-pères nous ont légués. Ça nous permettait de nous réjouir de tout ce qu'ils ont voulu pour leur peuple, de tout ce pourquoi ils ont donné leur sueur et leur travail. Comment encore aujourd'hui ne pas être ému devant le sanctuaire de Saint-Anne de Beaupré ? Un petit peuple comme le nôtre a trouvé ce qu'il fallait pour réaliser cette église, détruite et reconstruite plusieurs fois, pour donner ce que nous avons aujourd'hui: un temple qui n'a rien à envier aux grandes cathédrales d'Europe.
En faisant table rase de tout le passé, on montre que tout ce qui nous intéresse, c'est le présent, aussi volatile soit-il. Tout ce qui est important de nos jours, c'est le développement pour le développement. L'économie. C'est vide de sens. Les gens qui s'accrochent à rien vont arriver à le fin de leurs jours et vont se demander pourquoi ils ont vécu.