C'est une vidéo paticulièrement stupide. Si par miracle le Québec ''trouvait'' ces 670 millions, les utiliser pour instaurer la gratuité universitaire ne serait vraiment pas la meilleure façon d'utiliser cet argent. Il y a des besoins bien plus urgent ailleurs. C'est aussi niaiseux de dire que ça permettrait à tous ceux qui le veulent d'aller à l'université. Pas mal tous ceux qui veulent y aller vont. Il n'y a pas de légions d'étudiants qui sont font fermer les portes de l'université sous prétexte que ça coute trop cher. Il y a au contraire trop de décrocheurs au secondaire qui n'obtiennent même pas un DES. On dirait que les carrés rouges pensent juste à eux et qu'ils sont les jeunes et les étudiants. Un peu moins de nombrilisme leur ferait du bien.
Il y aussi une limite à dire que les diplômés universitaires enrichissent la société de 360 000 $ dans leur vie. Je veux bien pour les médecins, vétérinaires et autres professions du même genre, mais un historien ? un philosophe ? On ne peut pas tous aller à l'université. On ne le doit pas non plus. Ça prend du monde partout, que ce soit dans la construction, le commerce de détail, etc.
La gratuité ? Peut-être s'il y a un fort contingentement qui réduit l'accès seulement aux meilleurs étudiants et en fonction des débouchés potentiels. Mais sinon, sans aucune barrière à l'entrée, il faut que les étudiants acceptent de payer une partie du coût de leurs études. L'État ne peut pas se payer tous les fantasmes sociaux des carrés rouges.
Bon texte :
Publié le 18 février 2013 à 05h00 | Mis à jour le 18 février 2013 à 05h00 | Commentaires (96)
La lutte des classes à l'envers
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Yves Boisvert
La Presse
Les toits des écoles primaires coulent, les installations sportives font pitié, mais on ne parle que des universités.
Le vrai terrain de bataille pour l'égalité et la justice sociale, ce devrait pourtant être l'éducation primaire et secondaire. C'est là qu'on gagne et qu'on perd ce combat.
Le problème au Québec n'est pas qu'il y a plein de gars avec des cotes R de 35 qui se cognent le nez sur la porte de l'université parce qu'ils n'ont pas assez d'argent pour y entrer. Les programmes d'aide y pourvoient mieux que partout en Amérique du Nord.
Le problème, le drame du Québec en fait, c'est tous ceux qui ne s'y rendent pas. Ceux qui décrochent au secondaire, qui raccrochent péniblement et tardivement.
Alors si, par impossible, on trouvait 1 milliard dans le budget du Québec par une taxe magique ou une hausse d'impôt, la dernière chose à faire serait d'offrir la gratuité à ceux qui ont la chance d'aller à l'université.
Ce qu'il faut faire d'urgence, c'est de reconstruire et de revaloriser l'école. La rendre meilleure, plus belle, plus intéressante. Voilà où devrait aller l'argent qu'on n'a pas.
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Ah, bien sûr, les militants de l'ASSÉ vous diront: il faut faire les deux! Renforcer les écoles publiques ET offrir la gratuité à l'université.
Facile d'être généreux avec l'argent qu'on n'a pas.
Une minorité accède à l'université. Mais de cette minorité, une portion importante d'étudiants ont largement les moyens de payer davantage pour des études qui feront d'eux les mieux payés de la société.
À cause des gels successifs, on le sait, la part des étudiants dans le financement universitaire au Québec n'a cessé de diminuer depuis 40 ans.
On ne refera pas ce matin le Printemps 2012: on a fait d'un rattrapage compensé par des mesures d'aide un drame national. Les associations étudiantes ont gagné provisoirement ce combat-là - pas dans l'opinion publique, mais politiquement, du moins.
Non contente de cette victoire, l'ASSÉ, qui représente 70 000 étudiants, veut aller pomper des centaines de millions, sinon un milliard, pour financer la gratuité. Voilà qui serait un formidable transfert de richesse vers les plus riches d'aujourd'hui et de demain.
L'ancien premier ministre Parizeau s'est dit d'accord avec la gratuité. Ce n'est effectivement pas une idée nouvelle: c'était même inscrit dans les idées de la Révolution tranquille.
Sans doute, mais à l'époque, on croyait qu'en éliminant la barrière financière, on rendrait l'université soudainement accessible. L'épreuve des faits a montré que c'est plus compliqué. Ce qui fait qu'une personne ira ou pas à l'université est conditionné par une série de facteurs, dont le coût d'entrée est un des plus négligeables.
On a raffiné le modèle depuis et le Québec a trouvé un des meilleurs compromis qui soit: une université peu coûteuse où les gens de familles à petit revenu sont aidés par des bourses et des prêts qui dépassent les droits d'entrée.
Voilà qui est un modèle beaucoup plus équitable que la gratuité mur à mur.
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De toute manière, il n'en est évidemment pas question dans l'état actuel des finances publiques, a dit le président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard - sans doute un des plus solides membres de ce gouvernement. Il a raison de rappeler que l'éducation, ce n'est pas que l'université. Et l'argent des taxes et des impôts ne doit pas être entièrement dirigé de ce côté.
L'université n'en est pas moins en crise financière. Ce gouvernement a été élu contre une hausse significative des droits de scolarité; il se privera donc d'une source de revenus disponible. Ce qui ne fera qu'enfoncer les universités dans leurs difficultés financières, malgré les promesses irréalistes de réinvestissement futur. Le Québec est déjà champion du financement public des universités au Canada.
Pendant ce temps, les enfants de Montréal voient les dessins que font les moisissures sur le plafond de leur classe. Tellement de gymnases sont à faire ou à refaire. Des cours d'école aussi. Un regroupement évaluait à plus d'un milliard ce qu'il faut dépenser pour retaper nos écoles, seulement à Montréal.
On n'a pas parlé du manque de personnel pour s'occuper des élèves en difficulté, ni de la taille des classes...
Pas grave, les nostalgiques du rapport Parent rêvent de gratuité universitaire et les gens de l'ASSÉ veulent entreprendre une grande bouderie nationale.
Lutte des classes? Certainement. Un combat qui profitera à la bourgeoisie, pas de doute.