Bon, je vais essayer d'expliquer ce que j'essaie de dire ici.
Premièrement, je pars du fait que Steve Proulx se plaigne de la sous-représentation des intellectuels dans le monde politique.
À partir de là, il n'y a rien de moins clair que la définition de "intellectuel".
Pour moi, un intellectuel est quelqu'un qui lit beaucoup et qui se renseigne sur un paquet de sujet. Ce n'est pas un métier, une occupation, ni un gage d'autorité en aucune matière. C'est un être humain au même titre qu'un autre, avec des valeurs bien à lui
À partir de là, à peu près personne n'est d'accord avec ma définition. De plus, pas grand monde ici ne semble prêt à s'entendre sur une définition "globale".
Je vais alors utiliser ma définition pour essayer d'expliquer pourquoi je trouve que Steve Proulx panique pour absolument rien.
Premier point, l'association péjorative du mot intellectuel. Selon ma définition, on pourrait simplifier ça à "qui connait tout mais qui ne connait rien". L'intellectualisme n'est pas associée à un champs de compétence, mais plutôt à un mode de vie. L'intellectuel connait un paquet de sujets, mais de manière théorique ou abstraite, et ne les a pas nécessairement mis en application. En 2010 on veut des spécialistes et des gens compétents, et ils sont disponibles. On ne veut pas d'une personne qui se targue d'être un intellectuel, parce que ça ne veut pas dire grand chose.
Pour l'exemple, je vais parler d'un barrage hydro-électrique que l'on voudrait construire. À qui va-t-on demander d'être le maitre d'œuvre de ce futur chantier?
-L'intellectuel: Il a tout lu sur les barrages. Tout. Il a écouté les bâtisseurs d'eau sans s'endormir. Mais il n'en a jamais fait, et n'a encore moins étudié dans ce champs précis de compétence. En théorie, il connait ça. Mais on ne sait pas s'il a les outils qu'il faut juste pour organiser et "leader" ce genre de projet.
-L'ingénieur chargé de projet: Il sait construire un barrage. Il en a déjà construit, il a de l'expérience, il connait les contraintes, avantages et inconvénients physiques reliés au paquet de facteurs qui entre en ligne de compte dans ce projet précis et qui se présentent lors de la réalisation du projet. Il sait organiser les différentes équipes et s'entourer de gens responsables, compétent et réactifs. Le gars a été choisi parce qu'il a les compétences pour le faire, et il a de la drive.
Pour faire un parallèle avec la politique, on va choisir le gars (qui semble) compétent avec du charisme, avant le gars qui connait un paquet d'affaires (supposément) et qui passe moins bien à la TV/radio, et qui est incapable de communiquer ses idées. Ça, c'est un truc très présent parmi ceux qui ont hérité du qualificatif "intellectuel". Soit ils citent des sources inutiles, soit ils se perdent dans leur discours trop technique, soit ils tombent dans l'abstrait absolu, etc. Bref, ils perdent l'attention de l'auditeur. Je ne dirai pas de l'auditeur moyen, je veux juste dire que l'électeur, il n'a pas juste ça à faire de sa journée écouter quelqu'un qui se masturbe mentalement se faire plaisir devant une foule. Ce qu'il se dit, c'est "dude, viens-en aux faits". D'un autre côté, on a déjà utilisé les intellos en masse de manière éhonté pour endormir des populations entières avec des faussetés et du charabia.
C'est pour cela qu'en politique, ceux qu'on nous présente, ça va plutôt être des communicateurs. L'intello n'a pas sa place là s'il est incapable de communiquer son message convenablement. Il n'aura tout simplement pas de vote, et je trouve Steve Proulx culotté en crisse d'écrire que les électeurs soient des caves de ne pas voter pour un gars qui a autant de charisme qu'un vendeur de balayeuses.
À date j'ai parlé des politiciens que l'on voit à l'avant-plan, ceux qui représentent l'image d'un parti politique. Ce dont Steve Proulx fait totalement abstraction dans son discours, c'est les immenses équipes de politiciens qui sont dans les bureaux, à Québec ou à Ottawa, et dont on entend jamais parler. La-dessus, un paquet de conseillers politique.
Pour faire un rapprochement avec mon exemple plus haut, mon ingénieur qui construit son barrage, il s'entoure d'une équipe solide. La-dedans, des spécialistes, des communicateurs, des intellectuels. C'est là qu'ils sont, parce que c'est là qu'ils vont. Ils n'ont pas plus affaire à l'avant-plan que Stéphane Dion aurait rapport comme frontman des Rolling Stones.
L'intellectuel conseille, il réfléchit, et comme ils sont souvent difficiles à comprendre car ils ont poussé très(souvent trop) loin leur réflexion, on n'a pas nécessairement besoin de voir ça "live", parce que c'est souvent ennuyant pour mourir, et il ne peut survivre seul car il a souvent besoin de quelqu'un pour le ramener au concret de la réalité et des contraintes physiques, qui souvent lui échappent. (ok, ça c'est ma vision "péjorative", mais ça arrive souvent les intellos déconnectés)
Dans un cabinet ministériel, l'intellectuel est présent, mais on ne le voit pas. Ça Steve Proulx n'en parle pas, il ne parle que des frontmen des partis, mais il n'y a absolument rien qui dit la représentation des "intellectuels" au gouvernement. En partie parce que ce n'est pas une job, une autre partie de ces intellectuels ont une profession et préfèrent être associés à avocat plutôt qu'à intellectuel (quoique), et en partie parce qu'on est en 2010 et que comme disait je en sais plus qui, l'intellectuel a été remplacé par le spécialiste, qui en quelque part est une autre dénomination du terme intellectuel qui a été scrappé depuis lors. Il n'en parle pas non plus parqu'il n'en a aucune idée, et aussi, parce que tout le monde s'en crisse de combien il y a d'intellectuels dans les partis politique.
L'intellectuel peut être n'importe quoi, mais aussi n'importe quoi peut être intellectuel.
Tu peux avoir l'éboueur intellectuel, voulez-vous vraiment le voir à l'assnat.?
Dire que les intellectuels sont sous-représentés, c'est pareil comme dire que les végétariens ou les simplicistes volontaires sont sous-représentés, c'est du gros n'importe quoi. Steve Proulx a juste essayé de dire qu'il était plus intelligent que les autres dans un exercice littéraire biaisé et pitoyable.
J'ai oublié la moitié de ce que je voulais écrire, mais bon.