Mention honorable à Daiva et Dalporto.
Le problème que j'ai déjà mentionné ici c'est que le temps joue contre nous.
Plus nous avançons dans la voie dictée par ceux qui nous enfoncent dans le conformisme canadien, qui peuvent à leur guise nommer des juges qui pensent comme eux, influencer le financement des groupes communautaires selon tel ou tel critère, modifier les cours d'histoire pour les dépolitiser, présenter la réalité selon leur point de vue, permettre les écoles-passerelles, judiciariser les conflits politiques, insuffler peu à peu la mentalité libérale, le relativisme moral et le communautarisme, déprécier l'appareil public par la corruption, le copinage et le sabotage, encourager passivement l'anglicisation de Montréal et de sa couronne par la banalisation, et activement par toutes sortes de petits règlements et de petits discours, eh bien, plus ça s'inscrit dans le temps, plus nous perdons les seuls chances d'avoir l'indépendance un jour.
Déjà ils sont nombreux les jeunes qui ne comprennent pas quel serait le problème si le Québec parlait anglais. Qui n'ont jamais entendu parlé de la crise d'octobre ou de la «nuit des longs couteaux», parce que dans leurs cours d'histoire, ils apprenaient des choses sur l'économie et la mode des années 70 ou 80. Plusieurs ont peurs du référendum même s'ils n'étaient pas nés ou pas au Québec en 95 et n'ont aucun souvenir personnel des gouvernements Landry ou Bouchard. Ils croient et amplifient ce qu'ils entendent.
Plusieurs n'ont aucune idée de l'optique comme quoi le Québec n'a pas à fournir l'éducation en anglais, en wolof ou en chinois à tous ses citoyens, mais que la minorité historique anglaise a conservé son système d'éducation et ses institutions (déjà financés en bien plus grande part que sa proportion dans la population); que le Québec n'est pas tenu de financer sa propre-anglicisation. Ils n'ont aucune idée des débats qui ont eu lieu et des compromis qui ont été faits. Ils ont l'optique clientéliste sur la question et pensent que le gouvernement devrait fournir l'éducation dans la langue qui est demandée, point.
Peu à peu se banalise l'idée comme quoi refuser d'engager une personne qui refuse de respecter un code vestimentaire ou un règlement au nom d'une interprétation dogmatique de sa religion c'est de la discrimination monstrueuse et fermée, tandis que refuser d'engager un concierge qui ne parle pas anglais c'est juste normal (au cas où un client ou un patron, etc.).
Que le Québec doit se comparer aux autres provinces, et tenter de les rejoindre sur tous les critères. Que la différence est une forme de tare ou d'erreur.
Dans 30 ou 40 ans sous un régime libéral, le Québec sera massivement assimilé et les indépendantistes québécois seront marginalisés comme le sont les basques ou les bretons.
Il faut comprendre cela. Mon message est long, mais il pourrait être plus long encore tellement les exemples se multiplient à l'infini. La langue française qui est huée dans un show d'humour anglophone, à la surprise de l'artiste lui-même, et dans la plus grande banalité. Le mot «nous» (un des plus beaux du monde) qui est en train de devenir infréquentable en cette ère du Me Myself and I. La sociologie, la démographie, l'histoire, la culture dominante (des dominants), la politique, ça agit tout ça.