Ceci est un forum public. Les Cowboys Fringants dalporto se dissocient des opinions émises sur ce forum.

 L'Encyclopédie du Peuple

Auteur Sujet: Franchement les Français  (Lu 892 fois)

sharl

  • Roi des -1
  • Membre
  • ******
  • Messages: 8265
  • Respect: -400
Franchement les Français
« le: janvier 20, 2023, 11:38:24 am »
0
Votre régime de retraite non capitalisé (les générations sur le marché du travail payant les retraites de celles qui l'ont quitté) est un château de cartes inversé et Macron a 100% raison.

Non seulement il y aura un clash générationnel, mais pas certains que les immigrants arrivés en grand nombre et par vagues successives vont accepter cette structure qui les défavorise et met en péril leur propre retraite.



 


Snookey

  • Membre
  • ******
  • Messages: 11395
  • Respect: +749
Franchement les Français
« Réponse #1 le: janvier 20, 2023, 11:49:14 am »
0
Rien de mieux que Sharl, le gérant d'estrade professionnel, qui se plaint de ceux qui veulent garder leurs acquis pour lesquels ils se sont battus pour !

MadChuck

  • Mad Chuck Norris
  • Membre
  • *********
  • Messages: 32087
  • Ing. BBQ
  • Respect: +2248
Franchement les Français
« Réponse #2 le: janvier 20, 2023, 11:54:15 am »
0
Je pensais que le sujet allait être a propos que les Français font encore des doublures locales pour des séries Québécoise, même du Xavier Dolan:

https://www.youtube.com/watch?v=0MDyzXFCTCU

Le Jam

  • Membre
  • ******
  • Messages: 12660
  • Homme blanc privilégié
  • Respect: +203
Franchement les Français
« Réponse #3 le: janvier 20, 2023, 01:41:14 pm »
0
les immigrants arrivés en grand nombre et par vagues successives vont accepter cette structure qui les défavorise et met en péril leur propre retraite.

Au contraire si les migrants ont un avantage c'est celui-là ils vont cotisé pour les retraités, c'est l'intérêt des migrants ils continuent à élargir la pyramide de Pnzi des retraites, ils sont essentiels sur ce coup là.
"Va te coucher t'es saoul"

Tam

Le Jam

  • Membre
  • ******
  • Messages: 12660
  • Homme blanc privilégié
  • Respect: +203
Franchement les Français
« Réponse #4 le: janvier 20, 2023, 01:46:38 pm »
0
ceux qui veulent garder leurs acquis pour lesquels ils se sont battus pour !

J'ai toujours du mal avec cette notion d'acquis qui seraient immuable, acquis contre qui comme si il y a avait un camp et un autre, par ailleurs comme dit mon père "rien n'est jamais acquis dans la vie" autrement dit il faut toujours se battre ou évoluer car les choses évoluent.

L'acquis ce sont les retraites et il ne tient qu'à nous de trouver le moyen que cet acquis ne disparaisse pas. J'ai pas d'avis tranché sur la question je n'y connait rien mais il n'est pas absurde si les gens vivent plus longtemps qu'il faille rallonger un peu la durée de cotisation non ?

Maintenant il y a d'autres trucs qui paraissent absurdes pourquoi à une époque où tous est robitisé il faut travailler plus longtemps  pour produire moins, bref c'est de l'économie c'est pas toujours clair. Je pense aussi qu'on est pas tous égaux devant le travail, il est évident que les gens qui bossent dehors ou qui ont des métiers qui impliquent de forte charges physiques ne peuvent pas produire la même chose à 65 ans ou plus.

De toute façon tout ça c'est de la branlette on est tous à la retraite forcée à partir de 60 ans, pas le choix on vous demande de partir donc en gros on va reculer un truc théorique.
"Va te coucher t'es saoul"

Tam

Le Jam

  • Membre
  • ******
  • Messages: 12660
  • Homme blanc privilégié
  • Respect: +203
Franchement les Français
« Réponse #5 le: janvier 20, 2023, 01:48:50 pm »
0
Je pensais que le sujet allait être a propos que les Français font encore des doublures locales pour des séries Québécoise, même du Xavier Dolan:

https://www.youtube.com/watch?v=0MDyzXFCTCU

On arrie pas à vous prendre au sérieux quand vous parlez avec votre accent, c'est impossible.
"Va te coucher t'es saoul"

Tam

MadChuck

  • Mad Chuck Norris
  • Membre
  • *********
  • Messages: 32087
  • Ing. BBQ
  • Respect: +2248
Franchement les Français
« Réponse #6 le: janvier 20, 2023, 01:57:03 pm »
0
Ce sera en 2027 aux États-Unis et j'imagine éventuellement ici aussi les crises de la retraite.

sharl

  • Roi des -1
  • Membre
  • ******
  • Messages: 8265
  • Respect: -400
Franchement les Français
« Réponse #7 le: janvier 20, 2023, 02:25:12 pm »
0
"ils (les migrants) sont essentiels sur ce coup là"

Justement et ils savent qu'eux risquent de ne jamais toucher à cette fameuse retraite,,, Tout au moins ceux des dernières et prochaines vagues migratoires.

Plus est, plus on retarde l'âge du départ à la retraite plus ceux qui suivront devront retarder le leur. 

 



 
« Modifié: janvier 20, 2023, 02:27:13 pm par sharl »

sharl

  • Roi des -1
  • Membre
  • ******
  • Messages: 8265
  • Respect: -400
Franchement les Français
« Réponse #8 le: janvier 20, 2023, 02:44:55 pm »
0
Jam, ici les "retraites" sont multicouches:

- filet de sécurité sociale de base pour tous: Sécurité de la vieillesse, voire bien-être social

- Régie des rentes
- Régimes avec l'employeur
- Avantages fiscaux: impôts différés jusqu'à la retraite, alors que les revenus sont moindres/REER), autorisation de placer annuellement un montant déterminé à l'abri de l'impôt

Autrement dit, les retraites sont capitalisées et chacun peut trouver moyen de les bonifier.

Harper avait eu le courage de reporter l'âge de la retraite à 67 ans, mais Trudeau pour s'acheter des votes l'a laissé à 65.

Ciné

  • Membre
  • ***
  • Messages: 1009
  • Respect: +125
Franchement les Français
« Réponse #9 le: janvier 30, 2023, 08:15:55 am »
0
Je pensais que le sujet allait être a propos que les Français font encore des doublures locales pour des séries Québécoise, même du Xavier Dolan:

https://www.youtube.com/watch?v=0MDyzXFCTCU

On arrie pas à vous prendre au sérieux quand vous parlez avec votre accent, c'est impossible.

On n'arrive pas plus à vous prendre au sérieux quand vous dites "putain de merde" suivi de "bordel de merde" suivi de "pour remuer la merde". Le tout en dix secondes. :smiley24:

Berslak

  • Un titre.
  • Membre
  • *****
  • Messages: 7774
  • Un texte.
  • Respect: +656
Franchement les Français
« Réponse #10 le: janvier 30, 2023, 01:08:25 pm »
+1
C'est rien, ça. Des fois, ils disent "purée" le plus sérieusement du monde.  :smiley2:
Je suis ici seulement pour m'exprimer un peu et non pour discuter activement sur plusieurs messages. Merci de respecter mon désir de m'exprimer à petites doses.

Danycan-de-lEpine

  • Comte de RDS
  • Membre
  • **
  • Messages: 459
  • Comte d'RDS
  • Respect: 0
    • <<Il n'y a plus personne à combattre sire. Oh... Il y a toujours quelqu'un à combattre !>>
Franchement les Français
« Réponse #11 le: février 10, 2023, 12:52:19 pm »
0
Moi je suis jaloux de leur vingt semaines de vacances.

En passant, Le Jam, en tant que descendant de Français, on aurait pas droit à la citoyeneté ? Je sais que ça fontionne par droit de sol en France mais bon.
J'ai fait don de ma vie à JérusalemJ'ai cru d'abord combattre pour DieuJ'ai compris que c'était pour $ et la terre De honte j'ai versé bien des larmes

MadChuck

  • Mad Chuck Norris
  • Membre
  • *********
  • Messages: 32087
  • Ing. BBQ
  • Respect: +2248
Franchement les Français
« Réponse #12 le: février 10, 2023, 12:58:31 pm »
0
En passant, Le Jam, en tant que descendant de Français, on aurait pas droit à la citoyeneté ? Je sais que ça fontionne par droit de sol en France mais bon.

Droit de sol c'est un concept assez Canadien et Américain, je pense, pas mal tout le reste de la planète dont la France, c'est droit de sang:
Par filiation (droit du sang)
Est français l'enfant, dont l'un des parents au moins est français au moment de sa naissance

Plume

  • Sur la Lune
  • Membre
  • ***
  • Messages: 1808
  • Soleil de minuit
  • Respect: +337
« Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur. » (Romain Rolland)

jivre

  • Membre
  • ***
  • Messages: 1746
  • Respect: +753
Franchement les Français
« Réponse #14 le: février 10, 2023, 08:12:16 pm »
0
Moi c'est avec la prononciation des voyelles que j'aurais envie de dire « franchement les français».

Comment prononcez vous « Un brin brun» ? Comment faites vous la différence entre Yvon Leblond et Yvan Leblanc? Et pourquoi les pâtes et les pattes se prononcent à l'identique? Je trouve ça vraiment dommage, tous ces phonèmes qui se perdent en français métropolitain...

Plume

  • Sur la Lune
  • Membre
  • ***
  • Messages: 1808
  • Soleil de minuit
  • Respect: +337
« Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur. » (Romain Rolland)

Plume

  • Sur la Lune
  • Membre
  • ***
  • Messages: 1808
  • Soleil de minuit
  • Respect: +337
Franchement les Français
« Réponse #16 le: février 10, 2023, 10:09:17 pm »
0

P.-S. : Notre « putain de bordel de merde » ou « putain de bordel de merde à la con, fait chier » (et non pas : « putain de merde, bordel de merde, pour remuer la merde ») s’apparente peu ou prou à une expression comme « ostie de câlice de crisse de tabarnak » ou « crisse de câlice d'ostie de tabarnak » … Il me semble que nous avons déjà eu des conversations similaires :

https://forumdupeuple.com/index.php?topic=1788.msg340879#msg340879

https://forumdupeuple.com/index.php?topic=1788.msg340987#msg340987

 https://forumdupeuple.com/index.php?topic=692.msg339021#msg339021




Certains de vos « franchement, les Français… » (tout dépend dans quel sens cette expression est utilisée, pour être plus juste ; le message initial ne semble pas méprisant/moqueur, par exemple) ne me plaisent pas beaucoup, d’autant plus que je sais pertinemment que certains d’entre vous n’aimeraient pas se retrouver dans une telle situation : lire plus ou moins régulièrement de telles choses à votre sujet sur un forum composé majoritairement de Français. Moi aussi, je pourrais dire « franchement, les Québécois… » à propos de plusieurs points, mais je ne le fais pas. L’on m’a déjà répondu : « oui, mais Le Jam… » Déjà, Le Jam n’hésite pas à tenir des propos du type « de toute façon, la France, c’est de la merde », par exemple. En outre, comme je le disais ici, « cela ne justifie pas le fait de procéder de la même manière, d’autant plus si les « généralités » du Jam (je ne suis pas lui, moi) vous ont déplu ». Aucun Français avec qui j’ai eu l’occasion de discuter ne s’est moqué des Québécois. Beaucoup les trouvent d’ailleurs sympathiques. Certains membres de ce forum pensent que les Français sont méprisants, mais j’ai vu/lu plus de mépris/moqueries envers « les Français » ici que de mépris/moqueries envers les Québécois dans ma « vie réelle ». Du reste, les quelques Québécois que je connais dans la « vraie vie » et ceux que j’ai pu lire ailleurs ne se comportent pas ainsi.

« Modifié: février 10, 2023, 10:12:18 pm par Plume »
« Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur. » (Romain Rolland)

dalporto

  • Expert en tout et en rien, mais surtout en rien.
  • Membre
  • ******
  • Messages: 14234
  • Admin capo di tutti i capi
  • Respect: +1817
Franchement les Français
« Réponse #17 le: février 10, 2023, 10:28:59 pm »
+1
LAISSE-TOI PAS FAIRE!!!!

Je te donne la permission de te moquer de Jivre qui tire sur la clutch de sa souffleuse et qui lui taponne la trompe.

Tu peux te foutres de ma gueule aussi, je suis pas trop susceptible.

jivre

  • Membre
  • ***
  • Messages: 1746
  • Respect: +753
Franchement les Français
« Réponse #18 le: février 10, 2023, 10:32:27 pm »
0
Je ne pensais pas me moquer des gens et encore moins avec mépris. Pour dire vrai, je ne vois pas souvent le mépris, même quand il est là.

Je connais bien et j'aime beaucoup le site françaisdenosregions et j'ai d'ailleurs contribué à leur base de données dans la dernière décennie. J'adore les accents et les sons, les couleurs et les expressions variées.

Si je déplore la disparition de plusieurs phonèmes en "français de France", ce n'est pas contre les français eux-mêmes, que j'adore. C'est contre les institutions historiques qui visaient d'abord l'hégémonie du français parisien sur les patois, ensuite de l'accent parisien sur les accents régionaux, et contre les réflexes que ces institutions ont instaurés chez les gens.

Comme nous partageons une langue commune, c'est avec bienveillance que je défend l'ouverture aux sons et aux accents différents, et même à certaines innovations et assouplissements de l'orthographe, contre une sorte de sclérose qui guette.

C'est quelque chose qui m'intéresse bizarrement quand même pas mal, même si je ne donnerais pas à cet enjeu 1/10 en terme de niveau d'importance. Donc, si c'est tout ce que j'ai trouvé pour dire "franchement les français", je pense que ça veut dire que je vous aime bien.  (D'ailleurs j'en convainc chaque année de rester au Saguenay.)

Plume

  • Sur la Lune
  • Membre
  • ***
  • Messages: 1808
  • Soleil de minuit
  • Respect: +337
Franchement les Français
« Réponse #19 le: février 10, 2023, 10:45:01 pm »
0

Je ne pensais pas vraiment à toi, Jivre. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai séparé les messages. Simplement, certains propos (pas uniquement ceux tenus sur ce fil) me paraissent vraiment méprisants/moqueurs/irrespectueux. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, c'est pour cela que j'ai écrit cela. À force, cela a tendance à m'agacer (me "gosser").
« Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur. » (Romain Rolland)

Plume

  • Sur la Lune
  • Membre
  • ***
  • Messages: 1808
  • Soleil de minuit
  • Respect: +337
Franchement les Français
« Réponse #20 le: février 10, 2023, 11:04:06 pm »
0

Personnellement, je suis née en région parisienne, puis j'ai déménagé dans une région où certaines personnes emploient encore pas mal de mots issus du patois X.

D'aucuns parlent de "glottophobie", etc. En 2021, il y a d'ailleurs eu une loi "relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion" : https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000041575354/ ; https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043524722.

« Modifié: février 10, 2023, 11:49:08 pm par Plume »
« Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur. » (Romain Rolland)

Plume

  • Sur la Lune
  • Membre
  • ***
  • Messages: 1808
  • Soleil de minuit
  • Respect: +337
Franchement les Français
« Réponse #21 le: février 11, 2023, 01:16:34 am »
+2

Cela me fait penser à ceci :



Dans les prisons de Nantes...



« L’argot, c’est la langue des ténébreux.

La pensée est émue dans ses plus sombres profondeurs, la philosophie sociale est sollicitée à ses méditations les plus poignantes, en présence de cet énigmatique dialecte à la fois flétri et révolté. C’est là qu’il y a du châtiment visible. Chaque syllabe y a l’air marquée. Les mots de la langue vulgaire y apparaissent comme froncés et racornis sous le fer rouge du bourreau. Quelques-uns semblent fumer encore. Telle phrase vous fait l’effet de l’épaule fleurdelysée d’un voleur brusquement mise à nu. L’idée refuse presque de se laisser exprimer par ces substantifs repris de justice. La métaphore y est parfois si effrontée qu’on sent qu’elle a été au carcan.

Du reste, malgré tout cela et à cause de tout cela, ce patois étrange a de droit son compartiment dans ce grand casier impartial où il y a place pour le liard oxydé comme pour la médaille d’or, et qu’on nomme la littérature. L’argot, qu’on y consente ou non, a sa syntaxe et sa poésie. C’est une langue. Si, à la difformité de certains vocables, on reconnaît qu’elle a été mâchée par Mandrin, à la splendeur de certaines métonymies, on sent que Villon l’a parlée.

Ce vers si exquis et si célèbre :

Mais où sont les neiges d’antan ?

est un vers d’argot. Antan — ante annum — est un mot de l’argot de Thunes qui signifiait l’an passé et par extension autrefois. […]

Au point de vue purement littéraire, peu d’études seraient plus curieuses et plus fécondes que celle de l’argot. C’est toute une langue dans la langue, une sorte d’excroissance maladive, une greffe malsaine qui a produit une végétation, un parasite qui a ses racines dans le vieux tronc gaulois et dont le feuillage sinistre rampe sur tout un côté de la langue. Ceci est ce qu’on pourrait appeler le premier aspect, l’aspect vulgaire de l’argot. Mais, pour ceux qui étudient la langue ainsi qu’il faut l’étudier, c’est-à-dire comme les géologues étudient la terre, l’argot apparaît comme une véritable alluvion. Selon qu’on y creuse plus ou moins avant, on trouve dans l’argot, au-dessous du vieux français populaire, le provençal, l’espagnol, de l’italien, du levantin, cette langue des ports de la Méditerranée, de l’anglais et de l’allemand, du roman dans ses trois variétés, roman français, roman italien, roman roman, du latin, enfin du basque et du celte. Formation profonde et bizarre. Édifice souterrain bâti en commun par tous les misérables. Chaque race maudite a déposé sa couche, chaque souffrance a laissé tomber sa pierre, chaque cœur a donné son caillou. Une foule d’âmes mauvaises, basses ou irritées, qui ont traversé la vie et sont allées s’évanouir dans l’éternité, sont là presque entières et en quelque sorte visibles encore sous la forme d’un mot monstrueux. […]

Outre les origines philologiques qui viennent d’être indiquées, l’argot a d’autres racines plus naturelles encore et qui sortent pour ainsi dire de l’esprit même de l’homme.

Premièrement, la création directe des mots. Là est le mystère des langues. Peindre par des mots qui ont, on ne sait comment ni pourquoi, des figures. Ceci est le fond primitif de tout langage humain, ce qu’on en pourrait nommer le granit. L’argot pullule de mots de ce genre, mots immédiats, créés de toute pièce on ne sait où ni par qui, sans étymologies, sans analogies, sans dérivés, mots solitaires, barbares, quelquefois hideux, qui ont une singulière puissance d’expression et qui vivent. — Le bourreau, le taule ; — la forêt, le sabri ; — la peur, la fuite, taf ; — le laquais, le larbin ; — le général, le préfet, le ministre, pharos ; — le diable, le rabouin. Rien n’est plus étrange que ces mots qui masquent et qui montrent. Quelques-uns, le rabouin par exemple, sont en même temps grotesques et terribles, et vous font l’effet d’une grimace cyclopéenne.

Deuxièmement, la métaphore. Le propre d’une langue qui veut tout dire et tout cacher, c’est d’abonder en figures. La métaphore est une énigme où se réfugie le voleur qui complote un coup, le prisonnier qui combine une évasion. Aucun idiome n’est plus métaphorique que l’argot. — Dévisser le coco, tordre le cou ; — tortiller, manger ; — être gerbé, être jugé ; — un rat, un voleur de pain ; — il lansquine, il pleut, vieille figure frappante, qui porte en quelque sorte sa date avec elle, qui assimile les longues lignes obliques de la pluie aux piques épaisses et penchées des lansquenets, et qui fait tenir dans un seul mot la métonymie populaire : il pleut des hallebardes. Quelquefois, à mesure que l’argot va de la première époque à la seconde, des mots passent de l’état sauvage et primitif au sens métaphorique. Le diable cesse d’être le rabouin et devient le boulanger, celui qui enfourne. C’est plus spirituel, mais moins grand ; quelque chose comme Racine après Corneille, comme Euripide après Eschyle. Certaines phrases d’argot, qui participent des deux époques et ont à la fois le caractère barbare et le caractère métaphorique, ressemblent à des fantasmagories. — Les sorgueurs vont sollicer des gails à la lune (les rôdeurs vont voler des chevaux la nuit). — Cela passe devant l’esprit comme un groupe de spectres. On ne sait ce qu’on voit.

Troisièmement, l’expédient. L’argot vit sur la langue. Il en use à sa fantaisie, il y puise au hasard, et il se borne souvent, quand le besoin surgit, à la dénaturer sommairement et grossièrement. Parfois, avec les mots usuels ainsi déformés, et compliqués de mots d’argot pur, il compose des locutions pittoresques où l’on sent le mélange des deux éléments précédents, la création directe et la métaphore : — Le cab jaspine, je marronne que la roulotte de Pantin trime dans le sabri ; le chien aboie, je soupçonne que la diligence de Paris passe dans le bois. — Le dab est sinve, la dabuge est merloussière, la fée est bative ; le bourgeois est bête, la bourgeoise est rusée, la fille est jolie. — Le plus souvent, afin de dérouter les écouteurs, l’argot se borne à ajouter indistinctement à tous les mots de la langue une sorte de queue ignoble, une terminaison en aille, en orgue, en iergue, ou en uche. Ainsi : Vouziergue trouvaille bonorgue ce gigotmuche ? Trouvez-vous ce gigot bon ? Phrase adressée par Cartouche à un guichetier, afin de savoir si la somme offerte pour l’évasion lui convenait. — La terminaison en mar a été ajoutée assez récemment.

L’argot, étant l’idiome de la corruption, se corrompt vite. En outre, comme il cherche toujours à se dérober, sitôt qu’il se sent compris, il se transforme. Au rebours de toute autre végétation, tout rayon de jour y tue ce qu’il touche. Aussi l’argot va-t-il se décomposant et se recomposant sans cesse ; travail obscur et rapide qui ne s’arrête jamais. Il fait plus de chemin en dix ans que la langue en dix siècles. Ainsi le larton devient le lartif ; le gail devient le gaye ; la fertanche, la fertille ; le momignard, le momacque ; les siques, les frusques ; la chique, l’égrugeoir ; le colabre, le colas. Le diable est d’abord gahisto, puis le rabouin, puis le boulanger ; le prêtre est le ratichon, puis le sanglier ; le poignard est le vingt-deux, puis le surin, puis le lingre ; les gens de police sont des railles, puis des roussins, puis des rousses, puis des marchands de lacets, puis des coqueurs, puis des cognes ; le bourreau est le taule, puis Charlot, puis l’atigeur, puis le becquillard. Au dix-septième siècle, se battre, c’était se donner du tabac ; au dix-neuvième, c’est se chiquer la gueule. Vingt locutions différentes ont passé entre ces deux extrêmes. Cartouche parlerait hébreu pour Lacenaire. Tous les mots de cette langue sont perpétuellement en fuite comme les hommes qui les prononcent.

Cependant, de temps en temps, et à cause de ce mouvement même, l’ancien argot reparaît et redevient nouveau. Il a ses chefs-lieux où il se maintient. Le Temple conservait l’argot du dix-septième siècle ; Bicêtre, lorsqu’il était prison, conservait l’argot de Thunes. On y entendait la terminaison en anche des vieux thuneurs. Boyanches-tu (bois-tu ?) ? Il croyanche (il croit). Mais le mouvement perpétuel n’en reste pas moins la loi.

Si le philosophe parvient à fixer un moment, pour l’observer, cette langue qui s’évapore sans cesse, il tombe dans de douloureuses et utiles méditations. Aucune étude n’est plus efficace et plus féconde en enseignements. Pas une métaphore, pas une étymologie de l’argot qui ne contienne une leçon. — Parmi ces hommes, battre veut dire feindre ; on bat une maladie ; la ruse est leur force.

Pour eux, l’idée de l’homme ne se sépare pas de l’idée de l’ombre. La nuit se dit la sorgue ; l’homme, l’orgue. L’homme est un dérivé de la nuit.

Ils ont pris l’habitude de considérer la société comme une atmosphère qui les tue, comme une force fatale, et ils parlent de leur liberté comme on parlerait de sa santé. Un homme arrêté est un malade ; un homme condamné est un mort.

Ce qu’il y a de plus terrible pour le prisonnier dans les quatre murs de pierre qui l’ensevelissent, c’est une sorte de chasteté glaciale ; il appelle le cachot, le castus. — Dans ce lieu funèbre, c’est toujours sous son aspect le plus riant que la vie extérieure apparaît. Le prisonnier a des fers aux pieds ; vous croyez peut-être qu’il songe que c’est avec les pieds qu’on marche ? Non, il songe que c’est avec les pieds qu’on danse ; aussi, qu’il parvienne à scier ses fers, sa première idée est que maintenant il peut danser, et il appelle la scie un bastringue. — Un nom est un centre ; profonde assimilation. — Le bandit a deux têtes, l’une qui raisonne ses actions et le mène pendant toute sa vie, l’autre qu’il a sur ses épaules le jour de sa mort ; il appelle la tête qui lui conseille le crime, la sorbonne, et la tête qui l’expie, la tronche. — Quand un homme n’a plus que des guenilles sur le corps et des vices dans le cœur, quand il est arrivé à cette double dégradation matérielle et morale que caractérise dans ses deux acceptions le mot gueux, il est à point pour le crime, il est comme un couteau bien affilé, il a deux tranchants, sa détresse et sa méchanceté ; aussi l’argot ne dit pas « un gueux » ; il dit un réguisé. — Qu’est-ce que le bagne ? Un brasier de damnation, un enfer. Le forçat s’appelle un fagot. — Enfin, quel nom les malfaiteurs donnent-ils à la prison ? Le collège. Tout un système pénitentiaire peut sortir de ce mot.

Le voleur a lui aussi sa chair à canon, la matière volable, vous, moi, quiconque passe ; le pantre. (Pan, tout le monde.)

Veut-on savoir où sont écloses la plupart des chansons de bagne, ces refrains appelés dans le vocabulaire spécial les lirlonfa ? Qu’on écoute ceci.

Il y avait au Châtelet de Paris une grande cave longue. Cette cave était à huit pieds en contre-bas au-dessous du niveau de la Seine. Elle n’avait ni fenêtres ni soupiraux, l’unique ouverture était la porte ; les hommes pouvaient y entrer, l’air non. Cette cave avait pour plafond une voûte de pierre et pour plancher dix pouces de boue. Elle avait été dallée ; mais, sous le suintement des eaux, le dallage s’était pourri et crevassé. À huit pieds au-dessus du sol, une longue poutre massive traversait ce souterrain de part en part ; de cette poutre tombaient, de distance en distance, des chaînes de trois pieds de long, et à l’extrémité de ces chaînes il y avait des carcans. On mettait dans cette cave les hommes condamnés aux galères jusqu’au jour du départ pour Toulon. On les poussait sous cette poutre où chacun avait son ferrement oscillant dans les ténèbres, qui l’attendait. Les chaînes, ces bras pendants, et les carcans, ces mains ouvertes, prenaient ces misérables par le cou. On les rivait, et on les laissait là. La chaîne étant trop courte, ils ne pouvaient se coucher. Ils restaient immobiles dans cette cave, dans cette nuit, sous cette poutre, presque pendus, obligés à des efforts inouïs pour atteindre au pain ou à la cruche, la voûte sur la tête, la boue jusqu’à mi-jambe, leurs excréments coulant sur leurs jarrets, écartelés de fatigue, ployant aux hanches et aux genoux, s’accrochant par les mains à la chaîne pour se reposer, ne pouvant dormir que debout, et réveillés à chaque instant par l’étranglement du carcan ; quelques-uns ne se réveillaient pas. Pour manger, ils faisaient monter avec leur talon le long de leur tibia jusqu’à leur main leur pain qu’on leur jetait dans la boue. Combien de temps demeuraient-ils ainsi ? Un mois, deux mois, six mois quelquefois ; un resta une année. C’était l’antichambre des galères. On était mis là pour un lièvre volé au roi. Dans ce sépulcre enfer, que faisaient-ils ? Ce qu’on peut faire dans un sépulcre, ils agonisaient, et ce qu’on peut faire dans un enfer, ils chantaient. Car où il n’y a plus l’espérance, le chant reste. Dans les eaux de Malte, quand une galère approchait, on entendait le chant avant d’entendre les rames. Le pauvre braconnier Survincent qui avait traversé la prison-cave du Châtelet disait : Ce sont les rimes qui m’ont soutenu. Inutilité de la poésie. À quoi bon la rime ? C’est dans cette cave que sont nées presque toutes les chansons d’argot. C’est du cachot du Grand-Châtelet de Paris que vient le mélancolique refrain de la galère de Montgomery : Timaloumisaine, timoulamison. La plupart de ces chansons sont lugubres ; quelques-unes sont gaies ; une est tendre :

Icicaille est le théâtre
Du petit dardant

Vous aurez beau faire, vous n’anéantirez pas cet éternel reste du cœur de l’homme, l’amour. »



Victor Hugo, Les misérables, Tome IV - L’idylle rue Plumet et l’épopée rue Saint-Denis, Livre VII - L’argot, Chapitre II - Racines

« Modifié: février 11, 2023, 02:37:10 am par Plume »
« Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur. » (Romain Rolland)