Mais en quoi est-ce la "culture du viol" at large ? La tendance à avoir de la difficulté à dénoncer les gens de pouvoir en situation de travail serait un autre aspect de l'hydre à 28 têtes que nous appelons, "Culture du viol" ?
Évidemment, s’en prendre à un boss pour une quelconque raison, et tu n’es pas certain du tout d’avoir le soutien de tes collègues, à moins bien sûr d’être dans le public, syndiqué.
L’aspect « sexuel » au harcèlement en situation de pouvoir rajoute effectivement une couche à la difficulté de dénoncer. Je pense que c’est simplement parce que tout ce qui concerne les relations intimes est privé et ça demande plus de courage d’en parler. Les docteurs le savent d’ailleurs. Je pense que bien des femmes n’osent pas dénoncer leur vaginite à leur docteur. Même affaire pour les hommes qui ont des problèmes aux testicules, par exemple. Il y a un aspect de gêne qui est accentué s’il est question de la vie sexuelle. C’est évident. Mais alors, s’agit-il de culture du viol, ou simplement de « culture de notre gêne à parler de ce qui se passe avec note pénis ou avec notre vagin » ?
Je suis d'accord pour les deux aspects que tu traites dans cette partie de ton message, les relations de pouvoir nuisent à la dénonciation de crimes ou de comportements inappropriés, quels qu'ils soient, et bien sûr, le caractère tabou de tout ce qui est lié à la sexualité ajoute à la difficulté de dénoncer.
Ce n'est pas "en soi" la culture du viol, mais ce sont certainement des caractéristiques sociales et culturelles qui y participent. Ce qui est compris dans cette expression "culture du viol" c'est précisément tout ce qui fait en sorte que les violences sexuelles sont banalisées... chaque trait pris séparément ne serait probablement pas suffisant à lui seul pour créer un climat de banalisation, c'est la construction sociale qui est le produit de toutes ces caractéristiques qui est le problème.... Je pensais que c'était clair ça, au moins.
Cela dit, beaucoup d’autres pressions et types de harcèlement peuvent avoir lieu en milieu de travail. Ces personnes qui sont des victimes n’auront jamais l’appui des féministes, ni des médias ou de personne. Qui va les défendre eux-autres ?
En dessous de ma question, il y a la question de l’objectivité. Pourquoi être sensible à un type de de souffrance en particulier, et négliger, minimiser, d’autres types de souffrances ?
On dirait que je ne comprends pas comment tu en arrives à présumer ça. Le sujet ici s'intitule culture du viol, on y parle de culture du viol. En quoi ça te permet de penser que les victimes d'autres formes de harcèlement n'auraient pas l'appui des féministes, ni des médias ou de personne? Cet argument, pour moi, c'est plus ou moins l'équivalent de dire: "bien là, tu t'intéresses à la pauvreté au Québec, il y a des gens bien plus pauvres ailleurs!". C'est fallacieux. C'est un forum du discussion, on se concentre sur un sujet dans le fil qui lui est consacré et on parle d'autres choses ailleurs.
Je n'ai personnellement pas une échelle d'empathie au sommet de laquelle trône les victimes de viol et où toutes les autres victimes comptent pour du beurre. La souffrance humaine, en général, c'est très triste, je n'aime pas l'idée que des gens qui vivent des difficultés (quelles qu'elles soient) soient incapables d'agir pour s'en délester.
Par ailleurs, mais en rapport avec ce que je viens de dire, il y a un aspect que nous te t'avons pas vu commenter. C'est l'histoire des fausses dénonciations pour viol. Objectivement, être faussement accusé de viol est un préjudice très grave. Le mouvement « On te crois » pourrait très bien avoir causé des fausses dénonciations. Un étudiant étranger faussement accusé a été suspendu de l’Université Laval et a perdu une session et des milliers de dollars à cause d’une folle jalouse qui voulait lui faire du tort. À cette fille, les épaisses ont répondu : « on te croit ! ». Ceci est une partie de l’ensemble de la forêt dont je parlais dans l’autre message. C’est une partie de tout le phénomène qui vient avec la branche contemporaine du féminisme. Est-ce que vous pensez que ce sont de simples dommages collatéraux, que la fin justifie les moyens, que ces « dommages collatéraux » ne sont pas graves ?
J'en ai parlé au début de ce fil, ça se peut que tu ne l'aies pas lu à l'époque.
C'est bien sûr une chose terrible qu'une personne victime de fausse dénonciation.
Mais concrètement, ça arrive dans combien de cas? Le sais-tu? Combien de personnes victimes d'allégations se révèlent finalement entièrement blanchies parce qu'il est démontré que la personne qui a porté plainte avait menti? Je ne le sais pas, personnellement. J'ai l'impression que c'est rare. Je ne connais pas les chiffres.
Ce que je sais, c'est que les statistiques les plus conservatrices disent qu'entre 2 et 8% des plaintes pour agressions sexuelles sont considérées comme non-fondées (c'est-à-dire que les enquêteurs ont une bonne raison de croire que l'agression n'a pas eu lieu, ce qui est quand même différent de "non-retenues", qui concerne plutôt le manque de preuves). Je pense que d'autres types de crimes peuvent donner lieu à ce genre de plaintes non-fondées, mais je n'ai pas de données comparatives à ce sujet.
Selon les données recensées lors de la plus récente enquête générale sur la victimisation de Statistiques Canada (2015), il y aurait eu 20 735 plaintes d'agressions sexuelles formulées à la police. Donc, entre 2 et 8% de ces 20 735 plaintes sont non-fondées. De ce nombre, il y a 12 663 plaintes qui sont enregistrées comme plaintes recevables et 9088 qui sont finalement transmises au DPCP. Le DPCP porte des accusations dans 40% des cas (environ 3750 plaintes en 2015). Un peu moins de 50% des accusations résultent en une condamnation.
Tu peux voir tous les chiffres ici.La vérité, c'est qu'il est excessivement difficile pour une plainte justifiée et recevable de cheminer dans le système judiciaire et de résulter en une condamnation. Imagine donc ce qu'il en est pour une fausse déclaration qui ne repose sur aucune preuve. Ces fausses accusations doivent compter pour une infime proportion des cas.
Par ailleurs, la même enquête disait que 633 000 Canadiens de 15 ans et plus avaient subi une agression sexuelle en 2015.
633 000 agressions. Pour 1 814 condamnations au final.
C'est pour ça que je parle peu de fausses dénonciations. Je considère bien sûr que c'est terrible pour les personnes qui sont victimes de telles accusations à tort. Mais c'est un autre enjeu. Qui touche moins de personnes, qui fait moins de victimes. Qui me préoccupe moins. C'est comme ça.
Quant à l'agresseur présumé de l'Université Laval, il a récemment été arrêté pour bris de condition et il est sous enquête pour un autre délit qu'il aurait commis, donc, je ne sais pas, ce n'est peut-être pas le meilleur exemple que tu pouvais trouver pour illustrer cette situation.
C’est ce qui vient avec le fait de croire à la culture du viol. On encourage à dénoncer, tellement que ça s’en vient à ressembler dès fois à la Révolution culturelle en Chine ou des voisins détestables et jaloux accusaient leurs voisins de ne pas être assez maoïstes. Ces dénonciations avaient des conséquences graves, menaient les pères de famille à se faire « rééduquer » dans des camps de travail, parfois pendant des années. À un problème jugé important, ne pas être assez maoïste, on a créé un problème encore plus grave : l’emprisonnement dans les camps de travail.
Évidemment la comparaison a ses limites, mais je me pose tout de même la question : est-ce que ce mouvement de la culture du viol, qui veut par exemple mener les femmes à dénoncer plus facilement, n’est pas en train de créer des problèmes plus graves que ce qu’il souhaite résoudre ?
Je ne vois pas en quoi dénoncer un agresseur pourrait être plus grave que d'être victime d'agression sexuelle. Personne n'a jusqu'ici été capable de démontrer qu'il y avait une épidémie de fausses dénonciations ou d'accusation à tort, alors que la prévalence des situations de violence sexuelle est bien réelle. Démontre-moi que le mouvement de dénonciation est en train de déraper, je vais m'inquiéter avec toi, mais pour l'heure, ce n'est pas le cas.
Je me demande bien aussi pourquoi êtes-vous incapables d’adopter une certaine mesure dans votre argumentaire, pourquoi être incapable de reconnaître les torts du féminisme contemporain, et pourquoi avoir de la compassion seulement pour ces cas qui font votre affaire idéologiquement parlant ?
Encore une fois, je ne sais pas comment tu en arrives à penser qu'avoir de la compassion pour les victimes d'agression sexuelle = ne pas avoir de compassion pour les autres.