Un des problèmes avec la culture du viol, c'est sa dénomination, qui a été conçue expressément pour choquer et non pas pour susciter l'adhésion.
C'est un peu ce que je reproche aussi au terme "décroissance" dans le milieu de l'environnement, alors qu'on parle surtout d'une dématérialisation de la croissance. Je pense que si on veut susciter l'adhésion du plus grand nombre, il faut sortir de la marginalité, cesser de vouloir choquer en créant des réactions forcément polarisante.
Dans mes commentaires sous les articles de Quebecor, vraiment remplis de propos machistes et sexistes, j'utilise des synonymes de mon cru, par exemple, "bullying sexuel couvert par le silence", "bullying sexuel ordinaire", etc. Et je me rend compte que le concept passe mieux. Une grande partie de l'opposition vient du rejet du terme lui-même, mais ce n'est pas toujours clairement distingué, ce qui cause des malentendus et on perd beaucoup de monde comme ça.
En ce qui concerne la présomption d'innocence, ça concerne la procédure juridique, pas les discussions de cuisine ou de blogue. Le droit criminel est fait pour éviter à tout prix de condamner un innocent, et préfère donc prendre le risque de libérer un coupable. La preuve hors de tout doute raisonnable est l'élément clé de cette approche, mais cette exigence n'existe pas en droit civil, par exemple (prépondérance de preuve, fardeau de la preuve, etc.) ni en recherche scientifique (tests de probabilité, significativité statistique, etc.). Donc, l'exigence de preuve sans le moindre doute raisonnable n'est pas un outil utilisé pour maximiser la découverte de la vérité, mais bien pour éviter de condamner un innocent.
C'est particulièrement important dans les cas d'agression sexuelle, parce que d'habitude, il n'y a pas de témoins, pas de preuve matérielle, et que la preuve se résume souvent à "parole contre parole". Les prédateurs sexuels de type grand bourgeois, vedette populaire, etc. le savent, et peuvent choisir leur proies en fonction de leur vulnérabilité, de leur peu d'expériences de la vie, de leur instabilité émotive ou mentale, de manière à ce que leur témoignage soit difficile à démêler. C'est un effet pervers que la justice ne veut pas encourager mais qui est pris avec. Ça serait un signal que c'est bar open sur les filles mal outillées, manipulables, avec des problèmes de santé mentale, ou simplement qui ont toujours menti à leur mère ou leurs profs pour obtenir ce qu'elles voulaient ou pour s'en sortir.
C'est déjà grosso modo la réalité.
De ce que je connais de ce député libéral, et de la réalité de la vie, il est très probable que les agressions aient véritablement eu lieu. C'est d'ailleurs ce qu'ont jugé le PLQ, la plupart des journalistes parlementaires et le personnel et l'entourage politique à Québec, en considérant les allégations comme assez crédibles. Si c'était complètement loufoque, si ce n'était qu'une folle qui veut se venger, l'histoire n'aurait n'aurait pas passé les filtres. Mais je ne pense pas que le doute raisonnable pourra être dissipé.