Si on était dans une société difficile où des gens pètent les vitres à la moindre occasion, et qu'il y a beaucoup de panneaux de bois aux fenêtres, que diriez-vous à la personne qui pose des vitres à sa fenêtre? Qu'elle est responsable du bris qui surviendra dans la nuit?
Tu poses la question sérieusement ? si c'était systématique, bien sûr que ce serait de courir après le trouble que de poser des vitres cassables. Et c'est là que tout le monde voudrait avoir quelque chose de transparent et d'incassable dans leur fenêtre.
Et les boîtes aux lettres pillées? Et l'eau potable contaminée? Et si, dès qu'il y avait une brique à quelque part, des gens les lançaient sur les autos, les maisons et les enfants?
Il faudrait donc des boîtes aux lettres barrées, de l'eau uniquement achetée en bouteilles et filtrée soi-même et je jamais laisser ses autos, ses maisons et ses enfants sans surveillance.
Plus on culpabilise la victime, moins on culpabilise les vrais coupables, et qu'on accepte leurs agissements comme des «phénomènes naturels».
Et c'est pas seulement ça. Tout le monde est perdant lorsqu'il faut se checker sans arrêt, mettre des systèmes d'alarme et des barreaux à nos fenêtres, des caméras et des chiens partout, avoir peur de l'autre, etc. Au bout du compte, avec cette mentalité, on finit par se retrouver avec des policiers à tous les coins de rue, avec des quartiers pour riches surveillés comme des prisons et des quartiers pour pauvres décâlissées avec pas une vitre qui tient debout.
...Et des femmes qui doivent absolument se voiler les cheveux et le visage, et être accompagnées d'un homme de sa famille pour pouvoir marcher sans se faire intimider ou agresser. «Elle marchait seule, à quoi pouvait-elle s'attendre?».
Et je n'ai jamais parlé de prendre la totalité de la responsabilité, on dirait que tu penses que c'est ce que j'insinue.
La responsabilité est une notion de droit très claire et très précise.
C'est aussi un mot du langage courant qu'on utilise pour dire toutes sortes de choses genre «prudence», «sagesse», «éthique», «culpabilité», «direction (d'une entreprise, d'un projet)», «poste», «devoir», etc.
Moi je prend la responsabilité au sens juridique, et je parle plutôt de prudence et d'imprudence pour le reste; je trouve ça plus précis.
Je parle de responsabilité partielle, ce qui est le minimum et le maximum tout à la fois que tout le monde devrait être en mesure de comprendre et d'admettre.
La responsabilité partielle, au sens juridique, c'est comme la co-responsabilité. Il y a théoriquement une part à chacun dont la somme fait 100%.
Mais comme dit Bonheur je crois (ou MadChuck), est-ce que le voleur qui vole une personne qui a un mot de passe nono, genre 12345, est moins responsable du vol que le voleur de la personne qui a un mot de passe sophistiqué? Il faudrait punir plus durement un voleur ingénieux qu'un voleur paresseux? Le voleur qui s'attaque à un gros beef plus durement que celui qui s'attaque à plus faible que lui...
C'est absurde.
La seule issue, selon moi, c'est d'admettre que la prise d'un niveau de risque
n'est pas une responsabilité, sauf dans le cas où ça brise un contrat d'assurance ou une obligation légale, ect.
Pis encore là, c'est une question qui n'est pas encore réglée : en quoi les actions humaines ne répondent-elles pas de la même façon que les éclairs à des lois de la nature ?
C'est pas moi qui va te contredire là-dessus, mais dans ce cas, les paroles humaines et la culpabilisation du voleur ou de la victime font aussi partie des déterminants «naturels» qui font évoluer les comportements et la société, et je ne vais pas me priver d'y participer et d'en discutter.