Cinq gars qui se parlent en privé au sujet d'une autre personne peuvent ben penser et dire ce qu'ils veulent, c'est pas des affaires de personne d'autre. Ce n'est pas supposé sortir de l'espace privé. Se servir de ça contre eux n'est pas loyal de la part d'Anne-Marie Roy, car la discussion ne la concernait pas. Ce n'est pas parce que quelqu'un parle de nous que ça nous concerne automatiquement. Ce n'est pas comme si elle avait reçu des lettres anonymes ou subi un quelconque harcèlement public.
Sa réaction par rapport à ça est totalement disproportionnée. Pis oui criss de folle, comme j'aurais dit criss de fou, comme dans virer fou, devenir fou. Il n'y a qu'un seul coupable ici, et c'est la personne qui a rendu la discussion publique. Cinq gars qui niaisent entre eux, aussi cons soient-ils, c'est juste cinq gars qui niaisent entre eux.
Tu choisis volontairement de simplifier l'enjeu en disant qu'il ne s'agit que d'une conversation privée.
Ce n'est pas seulement une conversation privée, c'est une conversation au cours de laquelle cinq personnes décrivent des actes sexuels et emploient une expression qui nie le consentement d'Anne-Marie Roy, le tout
parce qu'elle a eu accès à une position de pouvoir et qu'ils en sont fâchés.
La lecture de la situation ne peut pas s'effectuer à l'extérieur de ce contexte, et tenter, pour minimiser l'enjeu dont il est question, de l'omettre ou pire, de renverser la situation en faisant des victimes des cinq personnes qui ont participé à la discussion, c'est vraiment démontrer à quel point il n'y a pas d'arguments pour soutenir que ce n'est pas grave.
Si c'était seulement cinq personnes qui déconnent entre elles, ce ne serait effectivement pas très grave.
Or, il y a bien plus que ça. Il y a tout un ensemble de facteurs qui font que cette conversation sort du domaine de l'humour, notamment le fait que la conversation émane de personnes déçues ou amères qui convoitaient la position qu'occupe Anne-Marie Roy présentement.
Là Anne-Marie Roy se sert de cet exemple car elle veut nous faire comprendre que c'est inacceptable et qu'il faut enrayer ce phénomène des gars qui parlent comme ça des filles quand ils sont entre eux. Et aussi par ricochet enrayer le même phénomène chez les filles qui parlent comme ça entre elles des autres filles. Elle veut changer les mentalités. Elle veut détruire la culture du viol. Et elle semble déterminée en plus. Mais elle s'y prend bien mal en partant en salissant l'image publique de cinq gars qui ne lui avaient rien fait.
Sauf que c'est faux.
Anne-Marie Roy a seulement voulu dénoncer la misogynie et le machisme des propos de gens qui sont supposés représenter l'ensemble de la population étudiante, dont les femmes.
Les commentateurs ont parlé de culture du viol et dénoncent la culture du viol.
Elle-même n'a jamais employé ces mots, ou elle eu à les commenter après coup, quand ça c'est ramassé dans les médias, mais ce n'est pas son initiative.
Tu ne peux pas inventer des faits qui ne se sont pas passés pour donner du poids à ton opinion, c'est malhonnête (et ridicule).
Par ailleurs, je vois mal comment Anne-Marie Roy peut être accusée de salir l'image publique de gens dont les propos sont rapportés textuellement au moyen de captures d'écran. Si ces messieurs ne peuvent endosser leur propos pour le bien de leur image publique, ils auraient peut-être dû y réfléchir à deux fois avant de les formuler.
C'est bien beau s'abreuver l'esprit avec les études féministes, mais faut aussi être ouverte à autre chose. L'être humain est infiniment trop complexe pour en être réduit à se faire analyser que sous la lorgnette du féminisme.
Tu dis ça juste pour me provoquer, alors jouons le jeu: c'est cave en maudit comme remarque.
1: C'est un enjeu issu des études féministes, c'est normal de l'analyser avec les outils dont on dispose pour le faire, soit les théories féministes.
2: Pour mieux expliquer le terme et l'enjeu qui en découle, j'ai puisé des définitions et des concepts issus de la sociologie (la définition de de culture, notamment) et des études culturelles (la notion de codage des discours dominants). Je pense que ça montre que mon analyse du monde ne se limite pas aux études féministes.
3: Fou comme chaque fois qu'une femme prend position au sujet d'un enjeu féministe, il devient impérieux de lui coller cette étiquette. Je ne t'ai pas entendu t'empresser de me dire que je faisais une lecture du monde déformée par la lorgnette féministe quand je disais que l'augmentation des frais de scolarité allait directement menacer l'accès aux études de plusieurs étudiants au statut précaire, notamment les femmes monoparentales.
Faque, quand je pense comme toi, je peux être féministe, pis le reste du temps, j'suis une criss de folle?
No shit.