Alors je me reprend. Tu désapprouverais ça au point de dire à ton enfant que t'aimerais mieux qu'il reste sur le BS toute sa vie, et soit malheureux.
Je n'ai pas non plus employé le mot "désapprouver". Relis ce que j'ai écrit, les seules choses dont je parle sont la déception et la gêne. Déception et gêne que je peux garder pour moi, en passant. Ça ne rentre pas du tout en contradiction avec un autre sentiment, celui d'être content pour lui qu'il fasse ce qu'il aime et qu'il soit heureux.
Et tu sembles mal comprendre la comparaison avec le BS si tu penses qu'on imagine notre enfant se mettre sur le BS pour être malheureux. La comparaison est la suivante :
-- mon fils m'annonce qu'il veut devenir prêtre car ça le rendrait plus heureux : je serais déçu de le voir se perdre ainsi dans des croyances après avoir tenté de lui transmettre un esprit ouvert, critique et scientifique et des "valeurs" comme le doute et l'humilité et je serais gêné de le dire aux autres.
-- mon fils m'annonce qu'il se met sur le BS car ça le rendrait plus heureux : je n'aurais aucun sentiment relié à la déception et je serais moins gêné de le dire aux autres que s'il avait été prêtre.
Oui mais bien sûr, tu saurais qu'il n'y a pas de bonheur dans le fait d'être sur le BS. Tandis que si ton enfant te dis avoir trouvé sa voie dans la prêtrise, et que ça le rende heureux visiblement, tu serais qui pour critiquer son choix ?
Pardon tu ne critiquerais pas, mais ça te causerait une gêne et une déception telle que tu aurais préféré qu'il te dise être heureux de rester sur le BS pour le restant de ses jours. Tu ne lui exprimerais pas cette déception. Alors j'en reviens à mon argument de base, ce qui est important finalement, c'est son bonheur. Que tu en ressentes une gêne de l'expliquer aux autres, ça m'apparait normal, mais que tu sois déçu au point que t'aurais aimé qu'il soit sur le BS toute sa vie, ça veut dire que pour toi, ce n'est pas le bonheur de ton enfant qui est le plus important. Tu préfèrerais qu'il ait adopté ta vision des choses à propos des religions, parce que tu crois que c'est la meilleure approche, alors que t'en sais rien (tu le dis toi même).
Donc, je comprend que ça te causerait une gêne, en fait imagine pour ton enfant la gêne qu'il aurait à te l'annoncer alors. Ça lui demanderait probablement beaucoup de courage sachant ce que tu penses des religions.
ça n'empêche pas que ton point de vue d'agnostique, si tu crois que c'est le meilleur et le seul qui soit valide, tu développes de l'orgueil par rapport à cette façon de voir et méprise les autres approches. Malgré les apparences, il n'y a pas vraiment d'humilité là dedans. Ça dépend bien sûr de la personne qui est agnostique, il y en a qui sont plus humbles que d'autres.
Je ne perçois pas l'agnosticisme au même niveau que les croyances, car on parle de deux choses différentes, qui sont mêmes à l'opposé l'une de l'autre. Le croyant, peu importe sa croyance, sait. Alors que l'agnostique, lui, ne sait pas.
Oui intellectuellement ça se tient ce que tu dis, c'est l'approche socratique. Par contre, ceux qui développent la foi en une religion découvrent une autre facette de leur existence, et ils sont heureux de cette découverte, comme moi avec le Bouddhisme. Est-ce que le fait de se dire : "Je ne sais pas, et je ne peux pas savoir" devrait nous empêcher de regarder s'il se peut que des religions aient compris quelque chose que nous n'ayons pas compris ? Ta position se tient dans la théorie, mais dans la pratique, des personnes croient et ça leur apporte du bonheur.
Alors qu'est-ce qui est le plus important, d'avoir une approche de la vie qui se tient intellectuellement, ou est-ce que la meilleure approche est celle qui t'apporte le bonheur ? Si ton enfant croit que c'est la seconde approche, c'est correct non ?
L'agnosticisme, beaucoup plus qu'un point de vue, c'est un état. Je ne pense pas en agnostique, je SUIS un agnostique. Je suis celui qui ne sait pas et qui sait qu'il ne sait pas. Alors que le croyant est celui qui ne sait pas mais qui croit savoir. Le croyant s'illusionne donc sur ce qu'il croit être : un être qui sait qu'il est une créature divine;
alors que l'agnostique, lui, est vraiment ce qu'il est : un être qui ne sait pas. On ne parlera donc pas en terme de "meilleur" ou de "valide", mais simplement d'honnêteté et de lucidité. L'agnosticisme est la seule manière d'aborder les mystères de l'Univers et de la Vie qui soit honnête et lucide. Et surtout, qui soit humble.
Quand on cherche à se positionner dans l'Univers et à donner un sens à son existence, se prendre pour une créature divine à qui un dieu créateur a donné une mission sur Terre, c'est tout le contraire de l'humilité, non ?
Ton argument tient la route. Tu sais, on entend parfois, et même souvent, que les religions devraient toutes disparaître, parce qu'elles sont sources de conflits depuis des siècles et des siècles, amen. Ce qui n'est pas complètement faux. Il y a des personnes croyantes qui se croient meilleures que les autres, qui croient que leur religion est meilleure que les autres, et qui croient par conséquent que de faire avancer la cause de leur religion vaut bien quelques millions de morts de personnes qui ne sont pas des leurs: c'est effectivement un manque d'humilité (!). Mais si on se questionne, est-ce que ça a vraiment à voir avec la religion, ou est-ce que ça a plutôt à voit avec l'habitude ou la familiarité de l'humain à se considérer plus important que tout le monde (moi, ma famille, mon pays, ma religion, etc.). Il y a des humains qui croient aussi que tuer quelque millions d'étrangers pour élargir les frontières de son pays, ce n'est pas grave si ça permet à son pays d'augmenter sa puissance. Il y a aussi des humains, s'il n'y avait pas de lois, qui iraient tapocher le voisin pour une question de feuilles d'arbres qui tombent dans la piscine, parce qu'ils croient qu'eux sont plus importants que leur voisin.
Alors on se retrouve finalement avec un humain imparfait, qui pratique une religion. La religion elle-même na pas de pouvoir de changer positivement la personne. Mais il se trouve que des personnes s'en servent, des religions, pour augmenter leurs qualités. Il y en a qui y trouvent une manière de mener leur vie qui les rend heureux, et même, certains deviennent humbles. Ils cessent de se considérer comme le centre de l'univers, et décident que les autres sont également, sinon plus, important qu'eux mêmes. Alors ça c'est selon moi très humble. Bien plus que toute définition intellectuelle de l'humilité qui vient avec un doute socratique. Cette humilité devient pratique, concrète, et pas juste intellectuelle.
Alors donc, je me demande bien comment tu fais pour considérer ta version de l'humilité et ta vision du monde comme supérieure aux autres. C'est ce que j'ai perçu chez toi et je pense toujours que cette humilité que tu prétends avoir n'est que du vent. Des mots.