Travailler dans un bar, c'est quand même un contexte différent que de travailler à l'hopital. Mais ça reste selon moi le même principe. On ne devrait pas avoir à recevoir le manque de savoir-vivre d'une tonne de gens.
Puis la fille dans son message dit pas qu'elle était traumatisée ou rien, elle dit juste qu'il y a une certaine logique à combiner études féministes et soins infirmiers. D'ailleurs, elle a raison, si t'es un gars à l'hopital, t'es déjà infiniment plus respecté par certains patients que si t'es une fille.
J'excuse mes patients avec des trauma craniens, y'en a qui ont pu de filtre, c'est quasiment drôle. Mais ceux qui n'ont pas de filtre naturel, et qui font des commentaires plates devant leur famille ou autre, c'est vraiment ordinaire. Et encore, je distingue deux type de commentaires: les commentaires pas drôle mais qui touchent juste ta job ("si ca scanne pas ça doit être gratisss hahahaha") et les commentaires sur ton corps, ta situation de célibat, etc.
Comme gars, c'est ben possible d'avoir eu les premiers commentaires, mais la deuxième sorte est probablement ben plus rare. Bizarre, hein?
Pis c'est pas qu'on est pas capable de répondre. Y'a une certaine réserve de base qu'on doit avoir quand on est le soignant d'un patient d'une part (nos codes de professions nous obligent à en prendre soin, c'est vraiment intense ce que ça prend pour cesser les soins d'un patient, pensez que même la violence physique n'est pas une excuse, mettons les patients en psychiatrie se feraient souvent lâcher si c'était ça notre limite), alors il faut leur donner leurs soins pareils. Fak tu te garde un savoir-vivre de ta part. Fak t'encaisse les commentaires comme quand on te dis "ca doit etre gratis", tu fais un espèce de sourire droit forcé pis tu passes à un autre sujet. Y'a des filles meilleures que d'autres à ces affaires-là, moi j'ai l'air bête naturel pis j'ai appris la répartie en travaillant dans des milieux de vieux mononc (on va dire ça au lieu de dire "cis het"
) fak souvent je suis capable de renvoyer la balle et de lui faire sentir qu'il peut arrêter sa ligne de questionnement sans que j'aille besoin d'y dire directement. Y'a aussi que je donne beaucoup moins de soins directs qu'une infirmière, alors j'ai moins de besoin de retourner souvent voir le patient.
C'est pour ca que bien des femmes sous le message comprennent ce que la fille vit.
- On dit pas qu'on réplique pas
- On dit pas que c'est juste des bonhommes de 60 ans
- On dit pas qu'on est traumatisée.
On dit juste que c'est courant, de se faire poser des questions sur notre orientation, notre situation maritale, de se faire proposer des services sexuels ou de se faire cruiser ALORS QU'ON TRAVAILLE et qu'on a aucune criss de façon de sacrer notre camp.
J'ai une amie qui a ajouté ceux-là sur son profil, en partageant le statut de la dame.
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"Une fille comme toi peut pas être célibataire. Si tu es dispo après ton quart de travail, tu dois connaitre mon # de chambre", me dit un client dans un hôtel. Je travaille à la réception, j'ai un name tag, il m'envoie une demande d'amitié sur Facebook alors qu'il ne m'a même pas demandé mon nom de famille. Il a 45 ans.
"Tu ferais bien pousser ma graine" me dit un homme alors que je suis dans une foire agricole pour donner des semances pour vendre un cours d'horticulture dont les profits vont à une maison pour femmes en difficultés. Il a au maximum une trentaine d'années.
"Est-ce que tu nous ferais une visite privée", suivi d'un clin d'oeil à ses amis et attendant une réponse de ma part, me dit un gars avec ses deux amis dans la vingtaine alors que je travaille comme guide.
"'Ce sont des compliments, c'est juste pour être gentil", "prends le pas comme ça, c'est juste qu'ils te trouvent cute". Je travaillais dans le service à la clientèle. J'avais un name tag, je représentais mon employeur. Pour cette raison, je dois garder mon calme et ne pas te dire que t'es un cave. Je me fais imposer ton sexisme, mais je dois rester fine avec un " beau grand sourire", parce que je suis" tellement plus belle avec un sourire".
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