Violence dans le Christianisme[/b]
1. Le Christianisme qu'on apprend à l'école
Certains d'entre nous ont appris dans leur enfance l'histoire d'un gentil petit Jésus, aux cheveux souvent longs et blonds, qui prêchait la non-violence et l'amour du prochain envers ses amis et ses ennemis. Il venait libérer les pauvres, les esclaves, les opprimés, et pourquoi pas les femmes.
2. Violence dans le "Nouveau Testament"
2.1 Qu'on les égorge sous mes yeux
Qui a bien pu prononcer cette phrase "Ceux qui n'ont pas voulu m'obéir, qu'on les apporte et qu'on les égorge sous mes yeux ? Un dictateur cruel et jaloux de son pouvoir ? C'est Jésus lui-même, cet ange de douceur. On trouve cette phrase dans l'évangile de Luc (19.11). Jésus parle ici à travers la parabole des mines et fait parler le personnage d'un noble, mais personne ne s'y trompe : c'est bien Jésus qui est représenté et qui veut que l'on massacre ceux qui n'ont pas cru en lui. L'Église y verra un sens métaphorique. Un peu facile. Si métaphore il y a, elle est en tous cas très violente et peut servir à légitimer les répressions les plus féroces. En réalité la lecture de la Bible nous montre que le Nouveau Testament légitime constamment les pouvoirs en place, appelle à l'obéissance et encourage la répression contre les rebelles (cf. § 3.4.2). Il n'y a aucune raison d'interpréter cette phrase métaphoriquement.
2.2 Insultes et sang chaud
Qui s'exprime ainsi contre ses adversaires préférés : "Serpents, engeance de vipère, comment pourriez-vous échapper au châtiment de la géhenne[1]" ? Jésus lui-même encore une fois (Matthieu, 23.33). Il a le sang chaud, notre non-violent, et l'insulte facile. Il accuse ici ses opposants les pharisiens d'avoir tué les prophètes. Pas magnanime pour un sou, il veut les voir souffrir et maudit la génération toute entière : "En vérité, je vous le déclare, tout cela va retomber sur cette génération" (Matthieu, 23.36).
2.3 Destruction de Jérusalem
Après s'être emporté contre les pharisiens de Jérusalem, il prédit la destruction du temple de la ville, suivie des pires catastrophes : guerres, famines, tremblements de terre, haine des uns contre les autres. Mais réjouissons-nous : c'est une bonne nouvelle, car alors viendront le Royaume et la fin des temps (Matthieu, 24.1-14). Certes il ne dit pas qu'il souhaite cette destruction, mais il ajoute "il faut que cela arrive". En fait, cette destruction arrive à point nommé pour se venger des pharisiens. Rien de tel qu'une grosse guerre pour punir ses ennemis, avec des effets collatéraux : "On se dressera nation contre nation et royaume contre royaume ; il y aura en divers endroits des famines et des tremblements de terre." (Matthieu, 24.7).
2.4 Qu'on noie ceux qui maltraitent mes petits
Jésus aime son ennemi ? Pas toujours. Il lui arrive de se venger férocement contre ceux qui font du mal à ses protégés : "Quiconque entraine la chute d'un seul de ces petits qui croient, il vaut mieux pour lui qu'on lui attache au cou une grosse meule, et qu'on le jette à la mer" (Marc 9.42). Mort par noyade avec une pierre au cou : efficace.
2.5 Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive
Au moins, on sera prévenu. Jésus est présenté par l'Église comme celui qui apporte l'amour, la paix et le pardon. Il le dit parfois. Mais pas toujours, voir même assez rarement. Que peut signifier cette phrase curieuse ? "N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. Oui, je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemi les gens de sa maison. Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi " (Matthieu, 10.34-37). L'Église nous expliquera qu'il ne faut pas prendre le texte à la lettre. Que le glaive de Dieu, c'est l'amour du prochain. Que ce sont nos vices qu'il faut combattre. C'est un peu facile. Mais même si on veut y voir des métaphores, les symboles sont violents. Pourquoi ne pas dire les choses simplement ? La Bible sait très bien dire les choses clairement quand elle le veut. On peut au contraire penser que le texte dit ce qu'il dit. Les théologiens ont donc développé un art de l'exégèse très raffiné : la guerre, c'est la paix ; le glaive, c'est l'amour ; la discorde, c'est la concorde. Bel exemple de novlangue. La propagande soviétique, décrite par George Orwell, ferait finalement pâle figure devant les artifices de nos théologiens.
2.6 Jésus et José Bové, même combat ?
Si José Bové est bien connu pour avoir dévasté un fast-food, Jésus est connu pour avoir chassé les marchands du temple. C'est d'ailleurs l'un des seuls épisodes "violent" repris et cité volontiers par l'Église. En réalité celui-ci est beaucoup moins violent que les autres et permet de faire croire que Jésus était en rébellion contre l'ordre social et économique de la société marchande. Jésus ne souhaite la mort de personne ici ; il se met juste un peu en colère (en sortant tout de même le fouet dans la version de Jean, 2.15). Mais c'est pour la bonne cause. En réalité Jésus n'était pas contre le commerce ou contre le salariat, ni contre l'esclavage, comme le montre la lecture des textes (cf § 3.3). Dans ce passage il fulmine contre la pratique des sacrifices religieux, et c'est pourquoi il se met en colère contre les marchands qui vendent les viandes à sacrifier. Il s'agit d'un conflit avec les pharisiens à propos des rites religieux.
2.7 Apocalypse : la guerre totale
Enfin le clou de cette liste, c'est quand même l'Apocalypse. Il est vrai que l'Église a hésité à l'admettre dans le canon de la Bible. Mais il en fait partie et a été conservé par les orthodoxes ainsi que par les protestants. L'Apocalypse annonce les bestiaires magiques du moyen-âge et est un véritable précurseur pour le roman gothique. Il a inspiré de nombreux scénaristes d'Hollywood : les chevaliers de l'apocalypse, les sept sceaux, les trompettes de la mort, Armaguedon, les dragons, le ciel de feu, les inondations, la mer changée en sang, les météores, les tremblements de terre, les sauterelles ressemblant à des scorpions. Quel spectacle ! L'Apocalypse ressemble à une grande bande dessinée d'héroic fantasy. Si on aime cette littérature, il faut absolument lire ce texte, c'est une oeuvre de référence : " Les têtes des chevaux étaient comme des têtes de lion, et leurs bouches vomissaient le feu, la fumée et le souffre. Par ces trois fléaux, le feu, la fumée et le souffre, que vomissaient leurs bouches, le tiers des hommes périt " (Apocalypse, 9.17,18)
: "Il leur fut permis [aux sauterelles] non de les faire mourir, mais d'être leur tourment cinq mois durant. Et le tourment qu'elles causent est comme celui de l'homme que blesse un scorpion. En ces jours-là, les hommes chercheront la mort et ne la trouveront pas" (Apocalypse, 9.5,6). Cinq mois de torture avant d'être mis à mort.
Ne croyons pas que cette violence soit d'abord destinée à ceux qui auront été injustes et cruels envers leurs prochains. Elle est destinée à ceux qui n'adorent pas le Dieu chrétien. À ceux qui "continuèrent à adorer les démons, les idoles d'or ou d'argent" (Apocalypse, 9.20). À ceux qui mangent de la viande sacrifiée. À ceux qui ne sont pas chastes[2]. Les autres seront épargnés : "Gardez-vous de nuire à la terre (...) avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu" (Apocalypse, 7.3). Ainsi le commandement de la Bible n'est pas une éthique d'amour mais un ordre de soumission : adore ton Dieu qui est le seul Dieu, obéis à sa loi, et tu seras sauvé. Tu assisteras alors au spectacle de la souffrance et de la mort de tous les autres. Et tu te réjouiras de ce spectacle ! "Des peuples, des tribus, des langues et des nations, on viendra pour regarder leurs corps pendant trois jours et demi [les égyptiens], et sans leur accorder de sépulture. Les habitants de la terre se réjouiront à leur sujet, ils seront dans la joie" (Apocalypse, 11.9,10). Les bons fidèles viendront contempler les corps en décomposition de leurs ennemis. Amour et paix. Il faut lire le texte : tout y est dit avec la plus grande clarté.
Il a pour l'occasion enlevé sa longue chevelure blonde et sa belle robe blanche, celle qu'il a souvent dans les Bibles pour enfants. "Ses yeux sont une flamme ardente (...) ; il est revêtu d'un manteau trempé de sang (...) ; de sa bouche sort un glaive acéré pour en frapper les nations. Il les mènera avec une verge de fer" (Apocalypse, 19.12-15)
3. Une religion moderne, progressiste, proche des pauvres et des opprimés ?
La deuxième partie du XXe siècle a vu la normalisation de la démocratie, des droits de l'homme et de la laïcité, ainsi que l'affirmation de l'émancipation des femmes. Au point que ces thèmes sont maintenant défendus avec plus ou moins d'enthousiasme même par les éléments conservateurs de la société (extrêmes exclus). L'État providence est devenu également une norme. Il se trouve que l'Église s'est adaptée. Elle a réussi à faire croire qu'elle a toujours été pour une doctrine sociale, pour l'égalité des femmes, pour la démocratie et pour les droits de l'homme. C'est ce que le catéchisme raconte aux enfants. De petites Bibles illustrées, vendues dans les canaux officiels, montrent par exemple un Dieu créant l'homme et la femme en même temps, et leur disent de s'aimer tendrement. Jamais, évidemment, la moindre violence n'est montrée (à part Jésus et les marchands du temple). Ces Bibles destinées à l'édification de la jeunesse s'apparentent en réalité à des contrefaçons.
3.1 Les femmes, tu commanderas.
On présente souvent le christianisme comme une religion favorable aux femmes, par opposition à l'Islam par exemple. Pourtant Paul de Tarse, que certains considèrent comme le fondateur du christianisme, est loin d'être un féministe :
"Le chef de tout homme, c'est le christ ; le chef de la femme, c'est l'homme, le chef du christ, c'est Dieu" (1 Corinthiens, 10.3). "Épouses, soyez soumises à vos maris"(Colossiens, 3.18). Il ajoute : "L'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme" (1 Corinthiens, 11.2-). On ne peut être plus clair.
Les femmes doivent porter un voile à l'église pour rendre gloire à l'homme qui est leur chef : "Toute femme qui prie ou qui prophétise tête nue fait affront à son chef ; car c'est exactement comme si elle était rasée. Si la femme ne porte pas de voile, qu'elle se fasse tondre ! Mais si c'est une honte pour elle d'être tondue ou rasée, qu'elle porte un voile. L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l'image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l'homme ". (1 Corinthiens,11.6-).
Ceci dit l'homme doit respecter la femme parce qu'elle met au monde les bébés : "Toutefois, la femme est inséparable de l'homme et l'homme de la femme, devant le seigneur. Car si la femme a été tirée de l'homme, l'homme naît de la femme et tout vient de Dieu" (1 Corinthiens, 11.11). Il doit se comporter en maître attentionné selon Pierre : "Vous les maris, de même, menez la vie commune en tenant compte de la nature plus délicate de vos femmes ; montrez-leur du respect, puisqu'elles doivent hériter avec vous la grâce de la vie " (1 Pierre, 3.7). " Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Église (...) Le mari doit aimer sa femme, comme son propre corps" (Ephésiens, 5.21-31). La logique est respectée : l'homme est à Jésus ce que la femme est à l'homme. Soumis, en échange de son amour et de sa protection.
3.2 Les conventions de genre tu respecteras...
Paul de Tarse est assez tatillon sur les convenances. Il n'aurait sans doute pas trop aimé les études de genre : "La nature ne vous enseigne-t-elle pas qu'il est déshonorant pour l'homme de porter les cheveux longs ? Tandis que c'est une gloire pour la femme, car la chevelure lui a été donnée en guise de voile" (1 Corinthiens, 11.14,15).
3.3 Esclave, tu resteras
3.4 Obéit à tous les pouvoirs (sauf s'ils s'attaquent à Dieu)
http://atheisme.free.fr/Contributions/Violence_christianisme.htm