J'viens juste de passer des mois pour mon père. Y'a branlé des mois de temps dans une chambre du CHRDL en attente de deux pontages, une valve mécanique et d'un problème a la aorte. J'ai même porté plainte. Y'ont fait passé rapidement un cas moins urgent devant lui. Pourquoi? Parce-que le bonhomme était pointé du doigt pour des agressions sexuelles sur l'étage la nuit, faque ils l'ont shippé straight a l'Institut.
Y'a pas juste du méga-pognage de cul dans les hôpitaux, y'a aussi de la corruption et des passe-droits a des amis/connaissances. Je connais du monde qui passent devant tout l'monde, directement a l'urgence. Des gens tres tres proches de moi. Moi je m'y refuse, je trouve ca écoeurant. Eux aussi, mais comme ils me disent, pourquoi je laisserais souffrir mes enfants pendant 12 heures en ayant ca dans ma poche? Fuck les principes quand on est malade.
Peu importe ce que tu dis la A, le peuple sait que ca se pogne le cul a l'hôpital. En privé ca se dit plus qu'en masse. Vas jaser avec le monde en dehors des portes de l'hôpital. On le sait qu'en public ca ne passe pas, on le sait aussi qu'aucun politicien ne va s'y risquer. Le personnel hospitalier est blindé et ils en profitent.
Bon, alors tu te bases sur un centre hospitalier. Sur une unité de soins, sur une équipe d'employés que tu as vu travailler sporadiquement, sur une période de quelques mois. Et sur des affaires anecdotiques que des gens t'ont raconté.
Les employés des hôpitaux se font sacrer, cracher, crier, chier, pisser, vomir, saigner dessus. Ils torchent, ils nettoient, ils frottent, ils pansent, ils calment, ils écoutent, ils voient mourir, souffrir, agoniser. T'as AUCUNE idée de ce que c'est, vivre ce genre de choses au quotidien pendant des années. Tu peux pas te fier sur quelques gens que t'as vu, à partir de la chambre de ton père, pendant une courte période de temps.
Évidemment, y'a des gens qui se pognent le beigne, y'en a partout. Mais en bout de ligne, le travail doit se faire et se fait, alors c'est soit parce que les travaillants compensent pour leurs collègues paresseux, ou bien parce qu'il n'y en a pas tant que ça, des pommes 'pourrites'.
En plus, tu penses vraiment qu'une pause de 5 minutes à parler de hockey ou de n'importe quoi fait en sorte que ce sont des paresseux? Faut pas confondre paresse et pause légitime (des fois t'as simplement pas le temps d'en prendre, alors au lieu d'exploser, il faut s'en imposer), comme il faut pas non plus confondre insensibilité avec stratégie d'adaptation. Faire des blagues, parler de futilités, ça devient essentiel dans un environnement comme celui-là.
« Le peuple » sait que ça se pogne le cul à l'hôpital? Es-tu le représentant nommé du « peuple », ô Pontiak? Peut-être que t'as vécu une mauvaise expérience, mais en ayant passé presque 3 ans dans le milieu hospitalier, le nombre de témoignages de gratitude que j'ai vu dépasse grandement le nombre de plaintes comme quoi les employés se « pognent le cul ». Les gens ont besoin de seulement quelques heures aux côtés de leurs proches pour réaliser dans quel bordel on doit travailler et sont reconnaissants des services qui leurs sont apportés malgré tout.
Le problème se situe pas au niveau des employés, il se situe au niveau des cadres; c'est eux qui, du haut de leur gros bureau loin des odeurs, des cris et de la réalité des hôpitaux, avec pratiquement aucune connaissance médicale, prennent toutes les décisions.