Oldboy est vraiment un excellent film.
Le film est encore meilleur si vous n'avez absolument aucune idée de quoi il traite.
Si vous ne me faites pas confiance, voici un sypnosis:
Un homme est emprisonné dans une pièce pour une raison qu'il ignore. Une télé, un lit, une douche et un plat de dumplings quotidien. Ce sera l'entièreté de son monde, pendant quinze ans. Alors qu'il bascule entre désespoir et repentance, il devient graduellement obsédé par la vengeance.
Maintenant sortez de ce sujet jusqu'au remédiement de cette infortune situation dans laquelle vous êtes. Et ignorez tout du remake américain de Spike Lee qui sort en novembre. Ark.
SPOILERS PLUS BASOldboy est vraiment un bon thriller.
Plus que je le regarde, plus que je l'apprécie.
Si l'intrigue et le pacing initiaux sont incroyablement captivants, il en est pas moins de tous les petits détails qui demandent un peu plus d'attention pour saisir. Les transitions de scènes sont parfaites.
Le film commence sans perdre de temps pour immédiatement mettre en branle le ton: un homme est retenu dans le vide par un autre homme uniquement par sa cravate. L'aggresseur se présente : Oh Dae-su.
Oh Dae-su est la personne autour de laquelle le film est construit. Tout le long on l'entend chuchoter d'un calme platonique alors qu'il raconte son histoire.
Dans la scène avant le kipnapping dans le poste de police, on est en single-cam. On est introduit à un Oh Dae-su qu'on ne reconnait pas : grossier, vieux et bedonnant. Le contraste avec le reste du film est excellent. C'est aussi une des rares scènes où l'histoire n'est pas racontée indirectement par Oh Dae-su.
S'ils m'avaient dit que l'emprisonnement durerait 15 ans, est-ce que ça aurait été plus facile à endurer? Ou pire?C'est ainsi que commence le récit de Oh Dae-su.
L'intrigue débute et on cherche nous aussi à savoir pourquoi Oh Dae-su a été emprisonné. Qu'est-ce qui pourrait justifier de telles représailles?
Les informations sont non numéreuses. Il avait une femme, assassinée, probablement par celui qui l'a kidnappé. Il avait une fille, jeune, vivant maintenant à Stockholm. Il reçoit un cellulaire et beaucoup d'argent d'un inconnu. Le spectateur n'a aucune piste initiale.
Les dumplings. Quinze ans à manger la même chose, du même restaurant. La seule ficelle à tirer. De là part la course frénétique où chaque nouvelle information change la perception des événements complètement. Jusqu'à ce qu'on réalise qu'Oh Dae-su jouait un rôle prédéterminé tout ce temps. Jusqu'à ce qu'on réalise l'inimaginable avant Oh Dae-su.
On pourrait croire que Woo-jin a gagné étant donné l'accomplissement de son plan. Or, est-ce que ce plan n'est pas ignoble que pour lui-même? En ayant aucune façon de savoir qu'on commet de l'inceste, on ne peut pas vraiment avoir une culpabilité solide.
Puis tout indique qu'Oh Dae-su parviendra à vivre heureux malgré tout et qu'il est encore vivant.
Laugh, and the world laughs with you; weep, and you weep alone.Quelques scènes mémorables:
Le build-up avant le combat final: la surperposition prémonitoire des messages d'échecs des tentatives de trouver le mot de passe de l'ascenceur faisant la réplique à Oh Dae-su qui annonce ses intentions :
Je suis prêt à affronter Woo-jin, je sais pourquoi il m'a emprisonné.
Erreur, essayez encore.
Woo-jin va s'agenouiller devant moi et me supplier de le pardonner.
Erreur, essayez encore. La sérénité avec laquelle il dit prier pour que la prochaine fois sa copine/fille rencontre un homme plus jeune. En une phrase on a le cliché départ en pleurs à un amoureux et on comprends qu'il sait qu'il va mourir dans cet imminent combat final.
L'ascension avec Woo-jin, sans dire un mot.
Avec la musique, c'est simplement sublime.
La première scène de combat contre la gang de jeunes est aussi assez incroyable.
Oh Dae-su vient de sortir de sa prison. Il réalise qu'il est un fugitif : il ne peut contacter ses amis puisqu'il est le suspect numéro un du meurtre de sa femme. Il n'a plus rien à faire de sa vie que de trouver et tuer celui qui l'a emprisonné. Il marche vers le chef d'une gang de rue, lui vole sa cigarette et lui souffle dans le visage. Il n'a rien à perdre et il veut savoir si 15 ans à frapper sur un mur de ciment aide à frapper des humains. Apparemment oui.
Évidemment, le film est connu pour LA scène de combat de 9 minutes en un seul plan.
C'est spectaculaire si ce n'est que ça fait changement des films où dans un combat 20 contre 1, les 20 se lancent quand même un à un au lieu de tous ensemble. La musique rend le tout presque routinier, machinal. Oh Dae-su est renforci de 15 ans d'entrainement et de torture mentale et même un poignard dans le dos ne peut arrêter sa quête de vengeance.
Le plan est génial : l'action se passe dans un corridor étroit, donc on ne perd rien à mettre l'image à l'horizontale. Oh Dae-su doit littéralement se rendre de gauche à droite en passant au travers de 20 hommes plus ou moins bien entrainés, armés de bâtons.
Et j'ai même pas parlé de la scène de la
pieuvre, la scène où sa fille ouvre le cadeau avec les ailes d'ange, la scène d'
arrachage de dents ou le
combat/révélation final avec la musique en sourdine interrompue par la réalité fracassante du pistolet.
Dans Norwegian Wood, Nagasawa dit adorer The Great Gatsby parce qu'il peut aborder sa lecture à n'importe quel endroit et c'est toujours excellent; il n'y a aucun mauvais passage. J'affirme la même chose pour Oldboy. C'est toujours bon, n'importe où. Le pacing est parfait. Le film est parfait.