Quinze concerts au FIMAV:
Mon retour sur chaque concert; mes réponses à Bruitiste et finalement mes impressions du FIMAV.
Sur les 19, les quatre que je n'ai pas vu sont:
PHIL MINTON
« Feral Choir »
MAÏKOTRON UNIT / STEPHEN HAYNES
JEAN-PIERRE GAUTHIER
MIRKO SABATINI
VROMB / LUCIEN FRANCOEUR
J'ai assez vite abandonné le projet de tout voir en sautant le show d'ouverture.
Pour Minton, j'avais pas le temps, je devais atterrir chez mes hôtes de couchsurfing, contacté le matin du jeudi. Je me suis ensuite reposé lors de la journée du vendredi et j'ai bien fait en criss, m'ayant permis de manger de l'Haïtien de Victo. Le samedi, j'avais prévu voir Vromb, même si Francoeur me donne de l'urticaire, mais c'était la fête d'un de mes hôte, donc je suis respectueusement allez déguster des hot-dogs avec eux en sirotant un Sigura Viudas et un Chocolate Block, respectivement conseillé par Splatch et Daïva.
Donc, ce que je me suis tapé:
JOHN ZORN
«Nova Express»
Pour ce concert et lui de Mary Halvorson j'avais déjà écrit juste après la performance sur le blogue de Brunet ''Zornitologie à Victoriaville'', je le reproduis ici, scindé en deux parties:
Je voulais me taper les 19 concerts de la fin de semaine mais j’ai finalement manqué l’ouverture de Phil Minton et Feral Choir.
Nova Express a été excellent, tous les musiciens ont offert une excellente performance. C’est ma première expérience de Zorn live. J’ai été un peu déçu quand j’ai su qu’il ne jouerait pas, mais c’est effectivement très intéressant de le voir aller sur scène à diriger.
Je n’avais pas écouté du tout le matériel sur disque, je vais l’écouter maintenant.
Trevor Dunn fut exceptionnel comme à l’habitude(bon ok, c’est mon bassiste préféré), j’ai trouvé Baron un peu ”cheezy” et que Zorn lui laissait un peu trop de place, mais c’est pas grave. Belle découverte pour moi que ce Kenny Wollesen
Je suis peut-être totalement à côté de la plaque, mais j’ai ressenti une pointe de tension entre Zorn et Medeski.
Explication ici: Quand je parle de Baron trop ''cheezy'' et de tension entre Medeski et Zorn, les deux sont lié. Je trouvais que Zorn enterrais beaucoup Medeski en signifiant gestuellement à Baron ou Dunn qu'il pouvait y aller à fond le ponpon quand Medeski partait sur une ''chire''. Ce n'est pas répréhensible en soi, mais j'ai trouvé que chaque fois que Medeski brillait vraiment, Zorn allait donner ensuite un moment de gloire à un autre musicien. (Ce n'est pas tant la faute de Zorn, que celle du public de Victo, j'y reviendrai plus tard, voire annexe 1)
Medeski était solide au piano et Joey Baron toujours incroyable à la batterie.
Medeski solide, oui, Baron incroyable, non. J'adore Baron, crois moi, mais dans ce spectacle, aussi flamboyant fut-il, j'ai été quelque peu irrité par certains artifice. Surtout dans le gros solo que Zorn lui a accordé, j'ai trouvé ça un peu redondant. J'aurai aimé qu'il soit un peu plus parcimonieux dans ses effets.
Et après, ce fut Mary Halvorson, que je voyais en concert pour la troisième fois. Je l’avais vu à Mtl avec Jessica Pavone en 2008 ou 2009, et je l’ai revu en 2010 avec le batteur Weasel Walter et le trompettiste Peter Evans dans une performance incendiaire à l’Envers.
Cette performance fut pour moi une des plus satisfaisante de la dernière année.(((celle du FIMAV ndlr)ahaha)sic) Halvorson a un style très particulier, j’appelle ça ”fluidité statique”. Son phrasé, régulier et parsemé de larges intervalles est à première vue très bancal, mais il y a une réelle subtilité, à la fois rythmique et mélodique. Depuis plusieurs années, cette guitariste me bouge les tripes comme personne. J’ai bien hâte d’écouter Bending Bridges, mais avec ce que j’ai entendu, ça promet. Et elle s’améliore constamment, ses compos évoluent de très belle façon.
Un peu décevant, le groupe n'était pas aussi enlevant et inspiré que sur disque. Même si Halvorson jouait très bien (et ses accompagnateurs aussi), ça manquait de punch. Aussi je détectait un léger grichement dans le son de sa guitare (autrement très clean et sans distorsion 90% du temps) dans certains passages plus forts qui semblait être une faille technique dans la prise de son, un peu distrayant.
J'ai été surtout déçu de l'absence de John Hébert, je croyais qu'il allait jouer avec eux ce soir là, mais je n'ai rien à reprocher à Crump, absolument rien.
Dure pour moi de vraiment juger Halvorson parce que j'adore son jeux et sa composition. Pour ce qui est du grichement de sa guitar, je ne crois pas que ce soit une faille technique dans la prise de son. Je suis pas mal sur de savoir de quoi tu parles quand tu évoques ce grichement. Elle a quand même rajouté une couple de gagdet à son arsenal. Certainement une ''octave down'', elle a plusieurs fois rivalisé avec la contrebasse en terme de son grave dans les débuts de sa prestation(en son clean). Et aussi, la dernière fois que je l'ai vu, elle ajustait le ''gear'' pour avoir un bon crunch en attaque agressive et un son plus clean dans les passages plus smooth. Et pas du crunch de lampe là, du crunch de haut-parleur. Et là, c'est de la pure spéculation, parce que je n'ai vu sa réguine!
Et Ches Smith, j'adore sa non-chalance parcimonieuse, Finlayson a surement manqué un peu de lèvre pendant le rappel(voire annexe 1). Quand elle a dit, ''No.16''(la plus courte de Saturn Sing) en revenant sur scène pour le rappel, c'était vraiment drôle de voir Finlayson pas vouloir trouver sa partition. Il l'a quand même bien poinçonné, mais tu voyais que le gars en arrachait.
Pour moi une des belles prestations de la fin de semaine.
JOE MORRIS / MIKE PRIDE / JAMIE SAFT
« The Spanish Donkey »
Joe, Mike et Jamie arrivent sur scène. Pas un buzz n'est audible. Joe pogne sa guitare, Mike s'installe au drum, Jamie twiste des pitons derrière le B3, NORD, switch multiple.
Et là Joe, il pilasse une stompbox pour voir s'il y a du jus: CACLONK! Le son du bypass de la pédale est vraiment ce que j'ai entendu de plus fou comme son en mettant une pédale à ''ON'' de toute ma vie. La met à OFF, passe à l'autre, la met à ON, CACLONK!. La met à OFF, passe à l'autre, la met à ON.(soit dit en passant, que tu la mette à ON ou à OFF, ça fait CACLONK!.
Le gars derrière moi dit: ''Criss, c'est ben fort''. Joe Morris se tourne vers son rig, et il crank le volume. Et bang!
Ça part, une mer de basse électro et de gros accord gras de guit satanique. Un tsunami sonore, inélégant, gargantuesque. Pur bonheur pendant une heure. J'ai failli m'endormir après 15 minutes parce que le son trop fort, ça me fait dormir. Mais du bonheur, que du bonheur. Atmosphérique, grinçant, planant, agressant. J'en veux encore!!!
Je connaissais Saft sur Tzadik, mais pas les deux autres, j'irai les voir encore.
JOHN ZORN
« The Concealed »
Mon préféré de Zorn du weekend, plus calme, plus fédéré (par Zorn). Un medeski plus libre, un Baron et Wollesen plus parcimonieux et concis, Dunn toujours dans mon coeur, Feldman et Friedlander qui survolent la mêlée, fascinant à chaque intervention.
JEAN RENÉ
« Le Blastographe »
Un de mes gros fun noir de la fin de semaine. Jean René, je ne connaissais absolument pas avant cette prestation. Un mélange éclectique de compos, d'impros, d'histoire. Le gars connait son répertoire et l'exploite à merveille. Josh Zubot, que j'ai vu plusieurs fois, nous a même tiré un rigodon. ZUBOT UN RIGODON!!!
En tout cas, bonne sélection et excellente interprétation.
MILES PERKIN QUARTET
Un de mes gros coup de coeur, c'est en apparence calme et tranquille, mais ces gars là peuvent faire naître une violence inouïe à travers cette tranquillité.
Aucun enregistrement ne peut rendre ce genre de sentiments, c'est comme comparer un film à un livre qui l'aura inspiré. J'espère que le FIMAV rendra publique cette performance.
ENSEMBLE SUPERMUSIQUE
« Bruit court-circuit »
Dans l'ensemble une déception, Derome fut comme d'habitude divertissant et inspiré, mais Joane Hétu, crisse chus pas capable désolé. Zubot qui était aussi du Blastographe a été très correct. Les bizouneux d'électro aussi. Alexandre St-Onge aurait mérité de se faire pendre avec une balle dans tête en bas d'un pont. Et pourtant, il peut faire des trucs génial.
BILL LASWELL / RAOUL BJÖRKENHEIM / MORGAN ÅGREN
« Blixt »
Pour compenser l'absence de Laswell on a eu droit à un court set du contrebassiste Henry Grimes, court heureusement car ça s'éternisait selon moi...
Court? COURT? C'était court et ça s'éternisait? Tabarnak, le gars se fait donner 20 minute et il en prend pas loin de 40, et tu trouves ça ''court heureusement''?
Criss, même la bonne femme qui l'accompagnait faisait des ''time-out'',
pendant la passe de violon, avant qu'il repogne la contrebasse, POUR REPRENDRE LA MÊME CRISS DE LIGNE QUE 20 MINUTES AVANT. Et je l'aime Grimes, je suis aller le voir à l'Envers le mercredi soir pour son atelier.(je suis pas fâché là, le gars a assez manger de marde dans la vie, il peut bien en reprendre un peu quand la chance le rattrape finalement)
Blixt asteure:
Le premier tiers guitare héro assez ordinaire et linéaire. Pour moi ça a vraiment été intéressant quand Björkenheim a mis son ptit capo pour une toune, et la suivante où il a sorti quelques perles assez magique de solo buzzfuck. Le batteur, plus il jouait, plus il s'amusait. Tu voyais vraiment que la pression s'en allait à mesure que le set avançait. J'étais content pour eux car ils ont eu le gros défi du festival. Pas facile de dialoguer à deux quand tu te bâtis une dynamique à trois depuis des mois, voire des années.
WADADA LEO SMITH
Je m'attendais à...beaucoup. Je peux pas vraiment en parler, et ce n'est pas par manque d'intérêt. Ce fut très intéressant, mais l'oeuvre est plus large que ce que j'ai entendu et je n'ai pas été capté par la vague.
COPERNICUS
Fantastique, fascinant de voir le public coincé du FIMAV(voir annexe 1) fuire à toute jambe devant un vieux croûton qui déblatère ses litanies cosmogonique et moléculaire. Je suis resté jusqu'à la fin, parce que c'était absolument merveilleux comment ce gars a instauré un climat de terreur totale sur la salle en quelques minutes. Plusieurs qui l'auront vu vous diront que c'était de la merde, et je les ai tous entendu le lendemain. En français ou en anglais, ''ce n'était pas expérimental du tout'', blablabla, ''la musique d'accompagnement n'était qu'une soundtrack cheap''. Mais la vérité, c'est que ces gens ne pouvaient supporter la voix accusatrice, assassine, théâtrale de copernicus. Il est seul sur scène avec une bande sonore et il parle. Avec pour seul décor une chaise et une bouteille d'eau. Au deuxième acte, personne n'ayant encore quitté la salle, les lumières s'allume dans la salle, et copernicus descend les marches de la scène du colisé B. Silence de mort, c'est une délicieuse déconfiture collective, car tout le monde ne redoute qu'une chose, plus que la mort en cet instant, c'est que le gars porte quelque attention que ce soit à sa personne. Mon dieux que ce fut efficace! À partir de ce moment, quand il eu instauré le fait qu'il avait le droit d'interpeller les gens, ce fut la fuite à tout va. Corpernicus n'a rien à voir avec la musique ou l'effet acoustique, c'est de l'émotion pure. La musique au début est très dissonante, rock mystérieuse, et plus il instaure son climat de terreur, plus ça va vers du classique très bourgeois.
Je pourrais jamais décrire ce gars là, c'est trop bizarre, trop unique. J'aimerais bien entendre Profersson dessus par contre.
ESMERINE
Formation de Rebecca Foon, ancienne violoncelliste de Silver Mt. Zion. Une musicienne que j'adore, même si je sais pertinemment que ma noble pénoistre n'effleurera jamais ses soyeux interstices. Toujours très appliqué et précise dans ses intentions musicale, ce fut un très bon concert, qui nous a redonné en prime une dose de Miles Perkins, qui joignit la troupe à titre de musicien invité. Mention spéciale à la jeune donzelle qui s'occupa de la table lumineuse, projetant des images en direct à l'arrière scène. Très vivant et intéressant comme présentation.
MATANA ROBERTS
« Gens de couleur libres »
Magistral, jamais de la musique ne m'a autant tordu les boyaux. Le spoken-word/chant/sax de Matana Roberts était exactement là où il fallait. Tout les autres musiciens jouèrent très exactement leur rôle. Le croisement des voix, la construction, tout pour moi a fonctionné à merveille. Le genre de connection qui ne s'explique pas avec des mots, seulement en musique. Avec un thème semblable à Leo Smith, elle fut tellement plus marquante. Et c'est en grande partie grâce aux musicien, des jeunes et un peu moins jeune qui ont brillé cet après midi là.
SYLVAIN POHU / PIERRE ALEXANDRE TREMBLAY
« de type inconnu »
Une guitare, une guitare basse, deux laptop et ben des switch. Niveau instrument, Tremblay manie la guitare basse comme un virtuose,(bref c'est un virtuose) y'a pas de doute. Pour ce qui est de la performance, ce fut intéressant par moment, mais souvent très linéaire. La basse pas mal boiteuse à cause des limites imposé par la sono. Quelques moments lumineux, mais pas assez pour en faire une performance marquante.
THEE SILVER MT. ZION MEMORIAL ORCHESTRA
Ah que je les attendais ceux-là! Avant de parler de music, on va parler de public. Une belle cohorte de cloporte hipophage. Pas en majorité, mais en quantité suffisante pour avoir envie de se facepalmer la gueule avec des boules de bowling. Derrière moi, ce grand champion: ''Le monde qui viennent à ce festival là ne sait pas c'est quoi Silver Mt Zion''.(lire ça avec un accent semi-triso, et croyant être privilégié de voir ce band là). En 10 minute, j'ai failli casser une face mais je me suis retenu. Efrim Menuck avait la totalité de sa cour présente.
Ils ont fait un bon set, parti en force en adoucissant la sauce un peu plus le temps avançait.
Pour la dernière toune, ils ont fait monter Matana Robert sur scène pour les accompagner au sax.
Ce fut le plus grand faceplant musical que j'ai vu de toute ma vie. Ils partent leur toune, prévu, répété, rôdé depuis des années et Matana Robert part sur une magistrale dérape free jazz. À partir de là, ce fut un vrai cirque cacophonique malaise totale. T'as le contrebassiste qui regarde le drummer offbeat avec des gros yeux, il essait de faire un contact visuel avec Matana. Peine perdu, elle est dans sa bulle. Le pauvre bougre tient un beat. Les deux violons essaient de faire de quoi, d'enterrer Robert, nan impossible. Le drummer David Payant, essai de démêler la merde qu'il doit suivre avec la merde qu'il entend. Un vrai dialogue de sourd qui dure 10 minutes. Un moment donné ils décident de shooté la toune prévu, Menuck garroche deux trois ligne de chant, et ils essaient de tuer le truc sans en être capable parce que Robert est parti dans son monde, avec la même ligne de sax tout croche en boucle depuis 10 minutes. Un moment donné, en exécutant presque tous un decrescendo simultanément, ils réussissent à faire comprendre à Matana qu'il faut qu'elle ferme sa gueule. Ça meurent là, ils crissent leur camp sans demander leur reste. Mais là ohoho comme c'est drôle, les gens demandent un rappel(voir annexe 1), y comprit la cour de Menuck, qui je m'en suis rendu compte plus tard, n'a absolument rien remarqué de l'humiliation que vient de subir le groupe, pour eux, c'était bon!!!
Ils ne sont jamais revenu sur scène, sauf Jessica Moss qui s'est sacrifié pour venir nous annoncé qu'il y avait ''a voice issue''.
Hilarant!
MUHAL RICHARD ABRAMS / GEORGE LEWIS / ROSCOE MITCHELL
Véritable classe de maîtres en improvisation libre. Mitchell était un peu en retrait sur les sax soprano et sopranino (un peu surpris qu'il n'avait pas son ténor avec lui) et Abrams n'a pas joué une note superflue, mais c'est Lewis qui m'a vraiment impressioné au trombone -- je voulais le voir en concert depuis des années et il a dépassé mes attentes. Ses manipulations sonores (à l'aide de son Macbook) étaient très intéressantes aussi, malgré que j'aurais aimé voir son système Voyager en action (un programme qui écoute les autres musiciens puis réagit et "improvise" en temps réel avec une banque de sons (je crois), très étoffé considérant la période durant laquelle Lewis a écrit le code), mais au moins on peut toujours entendre ça sur disque. Mon concert favori du festival.
J'ai adoré Lewis aussi, il a une palette incroyable, le trombone est le seul instrument que j'ai un peu maitrisé passé le stade zigonage. La seule réserve que j'ai sur tout ça, c'est est-ce que Mitchell aime vraiment la triture électro ou il le fait parce Lewis insiste? Ont-ils besoin de ça réellement?
Ps. Désolé pour les fotes.