Je vous lis et la moitié des intervenants reproche à l’autre moitié de s’attarder sur l’expression "culture du viol" et d’ainsi détourner le débat, mais cette expression là on l’a dans la face chaque fois qu’on se logue sur le forum depuis une semaine; non seulement dans le top de des messages le plus récents, mais également à trois reprises dans les messages de la semaine. Peut-on prendre deux secondes pour parler du sens des mots?
- Le viol est un acte méprisable et condamnable, tout le monde s’entend là-dessus.
- La culture du viol, pour reprendre la définition de Simone, c’est "une culture qui, dans ses discours dominants, normalise, tolère, banalise ou trivialise le viol ou la violence de nature sexuelle".
Deux questions à se poser :
1) La banalisation du viol fait-elle réellement partie du discours dominant de notre société?
La banalisation de la sexualité (et dans une certaine mesure de la femme objet), sans aucun doute. Pas besoin d’aller chercher plus loin que sur ce forum où Bonheur plogue le mot pénis vingt fois par jour, où Mlle A est assise sur le visage des forumeux depuis septembre 2010, où Wolfkiller énonce souvent le désir de prendre son bain avec telle ou telle forumeuse, où les souhaits de bonne année de Dalporto c’est un plus gros pénis à qui de droit pis un vagin qui sent moins fort aux autres, où Cinéphile s’amuse à faire un top candidates à chaque élection et où à peu près tout le monde a contribué au fil des fantasmes de célébrités. C’est tout aussi valide sur le reste du Net qu’IRL : oui, la banalisation de la sexualité fait bien partie du discours dominant.
La banalisation du viol? Pas du tout. Une publicité dans GQ, aussi choquante soit-elle, sert avant tout à attirer l’attention. Ce n’est rien de plus que ce que fait Benetton avec une publicité comme celle ci-dessous. Et quand bien même la planète entière serait abonnée à GQ, ça demeurerait une goutte dans l’océan des 3 000 publicités à laquelle chacun de nous est exposé chaque jour. Bref, y a rien de dominant là-dedans. Même chose pour les commentaires des universitaires. On ne va pas aller jusqu'à dire qu’il s’agit d’un incident isolé, loin de là, mais si ça faisait partie du discours dominant, on y serait habitué. Or, c’est précisément parce que ce n’est ni "normal", ni "banal" ni "toléré" que les propos de ces jeunes-là ont été dénoncé.
2) Est-ce qu’en banalisant le viol en parole on banalise l’acte lui-même?
Pour moi, ça reviendrait à dire qu’à force de lire des jokes de bébés mort on devient insensible à la mort subite des nourrissons ou qu’à force de participer à des pools nécrologiques on peut commencer à souhaiter la mort de nos grands-parents dans l’espoir de toucher un héritage.
Ça ne veut pas dire que je ne comprenne pas qu’une fille puisse être choquée par les publicités dans GQ de la même manière qu’un catholique pratiquant peut être choqué par cette publicité de Benetton. Reste qu’il y a tout un monde entre la "culture du viol" et le fait de passer à l’acte.
Mes deux cennes