J’ai vu la pleine lune samedi dernier, ça veut dire qu’il reste un mois avant pâque. Ça veut aussi dire que cette année, les sucres vont se finir à Pâques. On est en pleins dedans. Les nuits sont parfaites, ça gèle et le jour, on atteint 5 dégrée.
Peut être pas aujourd’hui j’en convient, aujourd’hui on lave les machines, on lave les pannes, surtout quand on a pas de lave-panne. On les a laissé trempé toutes la nuit avec un mélange d’acide et de filtrat et on se croise les doigts que le mélange soit bon: trop faible, ça décolle pas, trop fort, les soudures s’en vont.
C’est le temps de faire les fuîtes mais seulememt si c’est bien degelé. On parts du bout du maître ligne, on mesure la pression, ou plutôt le vacuum et on descend en regardant les 5-16 si des bulles d’air passent. Si c’est le cas, un part pincer chaque entaille tandis que l’autre surveille que les bulles arrètent. 8 heures de raquettes dans le bois à marcher, et t’es payer pour le faire. La neige est gorgé d’eau, ca cale pas trop. Sans compter que les chemins sont déjà fait. C’est moins pire que l’entaillage ou tu fais ton chemin dans de la poudreuse, ou même en raquette 35 pouces, tu cale jusqu’au genoux et quand le diable s’en mème, à mi-cuisse. Et les malheureux comme moi qui doivent entailler dans les côtés gagnent leurs ciels à chaque pas de monté. Parfois, il faut s’accrocher au 5/16 et monter pareil à Batman dans les années 60 qui escaladait une façade.
La magie des sucres n’est pas devant la bouilleuse mais dans la forêt. Par contre, si tu as la chance de d’avoir un bouilleur, rien de mieux en revenant que de se chauffer devant les portes rougit et de tester le sirop d’érable dans la sirotière.
En 2018, nous avons défait la vieille cabane et il y avait un énorme crucifix au dessus d’un poêle des snnés 50 et d’un lavabo de porcelaine, aussi des années 50. Ça avait été une année froide et nous avions eu des températures de -20 jusqu’au 18 avril. On aurait dû avoir 22 barils, on en avait 5. Mes associés ont dit que ça servait à rien, qu’on était mieux de décrocher. J’essayais de comprendre la logique de décrocher quand ça coûte rien de faire marcher les pompe et que le travail est de toutes façon déjà toutes fait. Mais rien à faire, il y a des gens qui ont tellement peur du travail qu’ils ont mal pour toi quand tu travailles.
Ça fait que je suis resté avec ma famille à me promener en skidoo et en 4-roue et decouragé, jlai décidé de prendre le crucifix et de l’accrocher sur le mur à côté de la bouilleuse. Donnez-moi un miracle.
Il s’est mis à pleuvoir, c’est pas ce que je cherchais, c’est Le Soleil qui excite les érables. La pluie les as dégelé tranquillement, ils ont suinté. On s’es couché et les arbres ont continué de couler. Le lendemain, on avait 600 gallons d’eau, un demi barils. A midi, 1200, le soir 2000 gallons. Du suintage sans fin. On a osmoser le soir tandis que ça coulait encore. 400 gallons a 8 brix dans le bulk tank refrigeré. Le lendemain matin 1200 gallons encore et Le Soleil est sorti, rageux. Ça s’est mis à couler à plein débit, on a parti l’osmose, un autre 400 gallons de concentrer, donc deux barils a bouillir et le relâcher en bas ne fournissait pas. La pompe de transfert roulait dans arrêt, tout comme l’osmose. On a partie la bouilleuse, on a bouillie jusqu’à 3:00 du matin, rincer l’osmose pendant que je faisait la sieste devant les braises et le lendemain, encore 2000 galllons, il avait mouillé la nuit et les arbres avaient suinté. Le matin, retour du Soleil, 600 gallons d’eau à l’heure, la pauvre pompe de transfert nous en donnait à peine 300.
Au final, j’ai eu plus de barils de sirop que d’heure de sommeil. 6 barils en deux jours. On a brûlé une panne et défoncé la membrane de l’osmose. Mais on a retrouvé le moral.
Toutes la journée de Pâques, j’ai fait de la tire sous le crucifix pour mes enfants qui n’ont cette journée là manger que de la tire et quand c’était trop sucré, passer ça dans des chips.
Le crucifix est resté la, en honneur du miracle de Pâque. Parfois, devant le crucifix, quand je frottait les instruments ou que je regardais les caméras qui pointait sur le bassin, je pensais à mon grand père cultivateur qui devait prier son crucifix que ça gèle pas trop tôt, que la pluie soit bonne, etc. Sa maison était pleine de crucifix, au dessus des portes, dans le salon, etc. Et on entendait l’horloge entre les craquements de la chaise berçantes. Je pense parfois à mettre un crucifix au dessus de ma porte d’entrée, comme une vieille photo en l’honneur des temps perdus.
Le nouveau propriétaire a enlevé le crucifix mais à quand même eu une bonne saison, c’est à n’y rien comprendre.
Je n’ai pas été manger dans une sucrerie depuis que j’ai vendu la mienne, ça vaut la peine ou clest trop cher ?