Les autochtones se combattaient les uns les autres. Se volaient des territoires, des zones de chasse, des zones d'influence et de marchandising. C'est certainement une forme de colonisation. Ils n'arrivaient pas souvent là ou il n'y avait personne d'autre. Les phénomènes de déplacements se sont produits sur des milliers d'années. Ça s'est produit avec une grande complexité (pré)historique, et non pas simplement comme tu le penses, avec des peuples qui ont pris des territoires vides et qui ont vécu en harmonie avec leurs voisins et avec la nature.
La plupart du temps, il y avait déjà quelqu'un et il ont souvent envahi le territoire. Donc ils étaient aussi des colonisateurs à leur façon. Par ailleurs, ils appréciaient souvent l'alliance de leur "méchant" colonisateur européen, pour les aider contre d'autres Amérindiens. Ils se séparaient des zones d'influence et, dans le territoire ennemi, tu étais dans le pays ennemi. Aller y chasser pouvait mettre ta vie en danger. Il n'y avait pas d'arpenteur dans ce temps là, c'est peut-être ce que tu veux dire. La notion de frontière ou de territoire n'était pas définie par des papiers notariés, mais plutôt par des éléments naturels comme un arbre, une rivière, une colline. Le territoire était quand même séparé grossièrement. Par contre dans les villages, la notion de propriété n'était pas la même. Des peuples vivaient à la manière socialiste, se partageant tout et ne possédant rien.
Les Européens colonisateurs, sont plusieurs peuples qui ont eu des approches différentes. Les Français, par exemple, fondaient leur force sur leurs alliances avec les Amérindiens. Leurs alliances étaient extrêmement dynamiques du point de vue des explorations, du commerce, et de la guerre. C'est ce qui leur a permis de tenir le continent pendant un temps. Au contraire des Anglais, ils apprenaient les langues autochtones. Maisonneuve a reçu la permission de s'installer à Montréal par ses alliés, ce qui ne faisait pas l'affaire des Iroquois. Personne n'était à Montréal au moment de sa fondation, et c'est la même chose pour Québec. Tout comme les Espagnols, les Français envoyaient des missionnaires apprendre les langues et tenter de répandre la religion, ce qui a contribué à répandre des maladies. Les maladies européennes ont dévasté des peuples amérindiens, tandis que les Amérindiens n'ont pas apporté de maladie mortelle aux Européens. Les Anglais n'ont pas propagé ces maladies parce qu'ils ne s'intéressaient pas de près aux Amérindiens.
Les Français avaient effectivement l'intention de prendre possession du territoire au bénéfice du roi de France. Ils l'ont fait d'ailleurs, mais dans le respect de leurs alliances. Plusieurs peuples amérindiens ont profité des rivalités européennes entre Hollandais, Anglais, Espagnols, Français. Ce n'est qu'après la guerre de sept ans que les Amérindiens subissent un assaut civilisationnel en Amérique du Nord (au nord du Rio Grande). Les Anglais, possédant l'hégémonie du territoire, ne leur ont rien laissé, autant au Canada qu'aux États-Unis. Est-ce que les Français auraient été aussi durs advenant leur victoire ? Dur à dire, c'est possible. Mais le fait est que les Français, et ensuite les Canadiens (français), ont une responsabilité marginale dans ce qui leur est arrivé. Les Français espéraient la victoire de Pontiak ; ils ont formé le peuple métis au Manitoba ; c'est le gouvernement de John A. MacDonald (un gouvernement anti WASP) qui a instauré le système des pensionnats et des réserves, qui a détruit l'alliance de Louis Riel ; c'est Amherst qui a mené une des premières guerres bactériologiques contre les Amérindiens.
Bref, me semble qu'il serait temps d'arrêter de sursimplifier les choses. Si tu dis que je suis un immigrant, tu dois dire que les Amérindiens sont des immigrants. Les Québécois ont pleinement le droit d'être ici et d'exister autant que les Premières Nations, et dire le contraire c'est céder aux niaiseries d'une certaine gauche qui ne comprend pas le sens de l'histoire.